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Croissance : Pour une politique économique moins conservatrice

Croissance : Pour une politique économique moins conservatrice

"Accélérer la croissance, nouvel enjeu central de l’économie marocaine ?» : c’est l’intitulé de l’étude que vient de publier le département Recherche d’Attijariwafa bank.

Selon les analystes d’Attijari Global Research (AGR), la Loi de Finances 2019 intervient dans un contexte compliqué. Les indicateurs économiques attendus en fin d’année sont plutôt mitigés.

«En effet, la croissance économique 2018E devrait s’établir à un niveau de 3,5% contre 4,1% en 2017. D’autre part, nous assistons à une rupture de la tendance baissière du déficit budgétaire qui devrait se creuser à 3,8% en 2018 contre une estimation initiale de la LF 2018 de 3,0%», soulignent-ils.

Au-delà du contexte de réalisation, la LF 2019 devrait faire face à de nouvelles contraintes d’ordre économique, budgétaire et social, ajoutent-ils.

Ils citent principalement, sur le plan économique, un ralentissement de la demande étrangère adressée au Maroc à 4,0% contre 4,8% en 2018, une pression haussière sur les dépenses pour des raisons sociales, associée à une incertitude autour de la réalisation de certains revenus.

Autant de contraintes qui appellent à de «l’audace économique», estiment-ils, relevant cependant que cette LF 2019 fixe principalement comme priorité la préservation des acquis, et écarte toute action de rupture.

 

Croissance en décélération

Selon le HCP, l’année 2018 devrait clôturer sur une croissance économique de 3,0%. Cette dernière est en retrait de 0,2 pt par rapport aux projections initiales de la LF 2018.

Ce niveau est surtout en décélération par rapport au seuil de 4,1% de 2017.

Globalement, souligne AGR, le Maroc connaît une décélération de sa croissance. «La progression moyenne du PIB, durant la période 2014-2018E, devrait être à peine au niveau de 3,1%», note la même source.
Et le consensus des prévisions 2019E-2020E n’augure pas d’un redressement notoire.

De même, la croissance économique au Maroc est inférieure à la croissance mondiale (3,5%), puis en deçà du rythme de croissance observé chez les pays émergents dont le niveau s’inscrit dans un intervalle de [4,5%-5,0%], font remarquer les analystes.

Selon eux, intrinsèquement, le Maroc pourrait aspirer à une croissance plus forte. Ils rappellent qu’une étude de BAM a fait état d’une croissance potentielle d’environ [4,0%-4,6%] durant la période 2000-2016 contre une réalisation moyenne de 3,9%.

AGR explique la récente décélération de la croissance économique au Maroc par plusieurs facteurs, notamment :

 

1/Le facteur capital 

  D’un côté, le taux d’investissement brut exprimé en % du PIB se situe sur une trajectoire baissière. Il ne représente plus que 32,6% du PIB durant la période 2013-2018 contre 35,5% durant le quinquennat 2007-2012.

Dans ce contexte, l’investissement privé, qui représentait durant les années 2000 près de la moitié de l’investissement global, ne draine plus que le tiers actuellement selon des approximations de la Banque mondiale.

Globalement, selon le HCP, le stock de capital physique cumulé constitué est estimé dans un intervalle de [3,0x-3,4x] le PIB en moyenne annuelle contre un niveau cible de 4,5x pour aboutir à un retour optimal de l’investissement sur la croissance.

 

2/Le facteur travail 

La nature des investissements réalisés n’a pas favorisé une forte création d’emplois. A titre d’exemple, les avancées dans le domaine agricole ont plutôt porté sur la productivité qui n’a que peu associé l’emploi dans le domaine.

En effet, le taux d’activité a reculé de 53,1% durant l’année 2000 contre 46,9% en 2015. Au T3-18, il n’est que de 45,0%. 


«Nous pensons que le Maroc ne se suffirait pas de ce nouveau pallier de progression économique. Une croissance atone signifie sur le plan social une pression sur la courbe de chômage et une persistance des disparités qui pourraient peser sur le climat social», estiment les analystes d’AGR.

Qui ajoutent que «sur le plan financier, une dynamique plus forte de croissance est requise pour accompagner les efforts réalisés en matière de l’amélioration de l’environnement des affaires pour l’attrait des IDE. De même, sur le registre de l’endettement public, une dilution de l’encours de la dette passe forcément par une croissance économique plus vigoureuse».

Les analystes restent ainsi «convaincus que la dynamique de la croissance économique au Maroc appelle à une politique économique moins conservatrice.

Il faudrait rappeler dans ce sens que le Maroc a déjà expérimenté des stratégies proactives, notamment au sujet de la libéralisation progressive de son taux de change et qui se traduisent, à date d’aujourd’hui, par une satisfaction et une reconnaissance nationale et internationale».

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