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Vaccin anti-Covid-19: La course aux gros chèques

Vaccin anti-Covid-19: La course aux gros chèques

 

La surenchère mondiale pénalise les pays les moins riches comme le Maroc, qui a pourtant bien ficelé sa campagne de vaccination.

Le calendrier de vaccination initialement arrêté risque d’être perturbé.

Sinopharm n’a livré qu’1,5 million de doses sur les 40 millions commandées.

 

Par D. William

 

Le Maroc figure parmi les 10 premiers pays qui ont réussi le défi de la vaccination contre la Covid-19. C’est l’Organisation mondiale de la santé qui le dit. Et c’est une réalité constatée sur le terrain. Effectivement, depuis son lancement le 29 janvier dernier, la campagne de vaccination se déroule de façon impeccable, tant du point de vue des moyens humains et logistiques mobilisés que de l’organisation mise en place.

Si les observateurs, et la presse en particulier, sont prompts à tirer sur les autorités en mettant sur la place publique leurs défaillances, reconnaître que ces dernières ont tout mis en œuvre pour réussir cette campagne de vaccin relève de l’objectivité. Au 9 mars, 4.017.087 de personnes ont reçu la première dose de vaccin au Maroc, tandis que 717.113 ont reçu la seconde dose. S’il faut se féliciter du déroulé de cette campagne, il y a néanmoins lieu de rester sceptique pour la suite.

Car, rappelons-le, l’objectif du Royaume, décliné mi-février dernier par le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, est, dans les 3 à 5 prochains mois, de vacciner environ 30 millions de citoyens marocains, soit 80% de la population. L’ambition étant de parvenir à une immunité collective pour réduire ainsi les effets négatifs induits par la propagation de la pandémie et assurer un retour à la vie normale.

Le grand bémol

Cette ambition du Maroc se heurte néanmoins à un rempart de taille : la disponibilité des vaccins. Sur les 65 millions de doses commandées par le Royaume, seules 8,5 millions ont été réceptionnées au moment où nous écrivions ces lignes. Il s’agit de 7 millions de doses du vaccin AstraZeneca et de 1,5 million de doses de celui de Sinopharm, groupe pharmaceutique chinois auprès duquel le Maroc a acquis 40 millions de doses.

La faiblesse des livraisons de Sinopharm laisse perplexe à plus d’un titre. Et ce, d’autant que le Maroc a, a priori, des relations privilégiées avec ce groupe, au nom de l’accord de coopération qui les lie depuis août 2020.

Un accord qui ouvre «la voie à une présence stratégique de Sinopharm au Maroc», se félicitait le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et qui prévoit une coopération en trois volets : «la coopération en matière d’essais cliniques de Phase III du vaccin anti-Covid-19, une coopération globale et une volonté de transcender nos deux seuls pays, pour s’ouvrir au Sud et au Nord».

Autrement dit, rendre accessible ce vaccin aux autre pays du continent africain. Il faut néanmoins croire qu’entre août et maintenant, de l’eau a coulé sous les ponts. En effet, le marché mondial des vaccins fait actuellement face à une demande largement supérieure à l’offre.

L’industrie pharmaceutique pense produire 10 milliards de doses de vaccins anti-Covid-19 pour cette année, pour des besoins mondiaux estimés à 15-20 milliards de doses. Forcément, les laboratoires comme Sinopharm sont tentés de céder aux sirènes de la monnaie sonnante et trébuchante, et beaucoup de pays qui n’ont pas les moyens resteront sur le carreau et ne pourront pas mener à bien leur campagne de vaccination.

Le chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, n’a d’ailleurs pas dit autre chose lors de l’une de ses allocutions :«les pays qui ont les moyens proposent d’acheter les vaccins à des prix dépassant parfois 5 à 9 fois le prix normal. Et bien sûr, ceux qui surenchérissent et qui ont les moyens financiers sont les premiers à recevoir les vaccins». Dans le même sens, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déploré, le 7 mars courant, que «la grande majorité des 225 millions de doses de vaccin administrées jusqu’à présent l’ont été dans une poignée de pays riches et producteurs de vaccins, tandis que la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire attendent encore».

Les Etats puissants sortent le chéquier. Les laboratoires se font des sous. Et les autres pays sont dans l’expectative. «Cette semaine, des vaccins fabriqués en Inde dans le cadre du Mécanisme Covax, un programme mondial d’accès aux vaccins, sont arrivés dans plusieurs pays, dont le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Colombie. Il faut sans nul doute se réjouir que le miracle de la science soit partagé, mais aussi avoir honte que de nombreux pays durement frappés pendant la pandémie n’aient toujours pas reçu de vaccins», peste le patron de l’OMS.

Cette surenchère mondiale pénalise les pays les moins riches comme le Maroc, qui risque de voir son calendrier de vaccination compromis. Les autorités étant dans l’obligation non pas de vacciner à tour de bras, mais de procéder à une gestion tactique des doses de vaccin disponibles. Assurer la première et seconde dose aux citoyens, tout en gardant un stock de sécurité, c’est actuellement le principal défi du Maroc afin de ne pas être confronté à une rupture de stock.

Et ce, en espérant une arrivée progressive des vaccins. D’où la nécessité de multiplier les sources d’approvisionnement. En attendant, le Maroc pourra compter sur l’arrivée de 1,8 million de doses dans le cadre du Mécanisme Covax. Elles devraient normalement être réceptionnées à partir de la fin de ce premier trimestre.

 

 

 

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