L’hebdomadaire international Jeune Afrique a dénoncé les méthodes indignes employées par les autorités algériennes lors de l’expulsion de migrants subsahariens.
"Ce qui pose problème n'est pas tant l'empressement avec lequel les autorités algériennes refoulent les Subsahariens, mais la manière", relève la publication dans sa dernière livraison.
Parmi ces méthodes indignes, l’hebdomadaire cite, entre autres, les rafles et arrestations au faciès, le profilage ethnique, les brimades et les traitements humiliants ou dégradants, rappelant que ces expulsions ont suscité la colère au Mali.
L’auteur de l’article indique dans ce cadre que des Maliens ont protesté récemment devant l’ambassade algérienne contre les conditions de reconduite à la frontière de leurs compatriotes et de réfugiés africains, dont la présence illégale est jugée indésirable en Algérie.
Dans une tribune intitulée "Oust of Algeria", la publication rapporte que les récits recueillis auprès de réfugiés de différentes nationalités sont trop précis, trop nombreux pour n'être que des cas isolés, notant que certains évoquent des camps de fortune à Tamanrasset, où les migrants seraient parqués dans des conditions insalubres avant leur refoulement. "Ils nous ont mis dans une sorte de prison dès notre arrivée à Tamanrasset", raconte un SierraLéonais, citée par Jeune Afrique.
"Le pire est que cette prison était gérée par d'autres Africains contre rémunération. J'y suis resté quinze jours. Nous étions plus de 70 dans une même pièce. Ils nous ont ensuite fait monter dans un camion et nous ont abandonnés au milieu de nulle part. Nous avons erré dans le désert pendant quarante-cinq jours", a-t-il expliqué.
Selon des ONG, ces clandestins, une fois livrés à eux-mêmes dans ce vaste no man's land, sont souvent rançonnés par des trafiquants ou par des groupes armés, poursuit Jeune Afrique, faisant savoir que des témoignages font même état de traite d'êtres humains.
Ces récits, qui font écho aux multiples déclarations de hauts responsables algériens stigmatisant les réfugiés, ne font pas honneur à l'Algérie et ternissent gravement l'image du pays, ajoute l’hebdomadaire.
Ce grave manquement à l'éthique élémentaire est d'autant moins acceptable qu'il n'est pas conforme aux valeurs et aux traditions de solidarité et d'entraide dont ont fait et font encore preuve la grande majorité des Algériens à l'égard des peuples d'Afrique, soutient la publication, appelant l'Algérie officielle à faire preuve d'un minimum de souplesse, de considération et d'humanité lorsque des clandestins viennent à être reconduits à la frontière.