Par Abdelhak Najib.
Depuis le début de l’été, plusieurs informations véhiculées sur les réseaux sociaux et sur certaines colonnes de la presse nationale font état d’apparitions de requins sur les plages de baignade tout près des baigneurs. Un vent de panique a même été observé face à ces approches inhabituelles pour les vacanciers au Maroc. Craintes justifiées d’attaques voire de cas de mort suite à des morsures fatales, toujours est-il que les interrogations sont nombreuses face à un tel phénomène. Comme toujours lorsque des requins sont observés près de points de baignade à plusieurs reprises, les questions sont presque identiques : va-t-on voir de plus en plus de requins sur les plages ? Faut-il avoir peur ? Faut-il éviter la mer ? Ces requins sont-ils des prédateurs qui s’attaquent à l’homme ? Et surtout la question principale : pourquoi on voit de plus en plus de requins là où on ne les voyait presque jamais sur nos côtes ?
Pour la communauté scientifique, les raisons sont multiples, mais la plus récurrente est celle liée aux dérèglements climatiques. Dans ce sens, il faut savoir que réchauffement climatique et apparitions de requins sont parfois liés, car l’idée la plus répandue chez les océanographes c’est qu’une mer ou un océan plus chaud pourrait changer les chemins de plusieurs espèces de squales. «Globalement, le réchauffement de l’eau n’est pas bon pour le requin car l’oxygénation de l’eau va baisser», comme l’explique Éric Clua, un scientifique français, vétérinaire et directeur de recherches au CRIOBE (Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement). Celui-ci ajoute que «Cela peut jouer sur l’habitat du requin, mais c’est secondaire». Pour d’autres chercheurs, les requins sont actuellement en période de reproduction et les femelles se déplacent en ces moments davantage vers le littoral, où l’eau est plus chaude. Sans oublier un autre facteur qui considère le fait qu’il y ait davantage de poissons au bord des côtes, est un facteur qui attire les requins à la recherche de nourriture. Pour d’autres spécialistes, il y a une autre raison, liée à l’état de santé du spécimen. Un requin, qui vient rôder près des côtes en risquant de s’y échouer, est soit malade, soit blessé ou désorienté. D’autres scientifiques lient ces apparitions à l’activité humaine dans certaines zones, ce qui peut avoir un impact sur l’habitat du requin, comme la surpêche. A ceci, on peut ajouter d’autres facteurs comme la surpopulation des zones côtières et l’extension du tourisme sur l’eau.
Deux changements majeurs dans les écosystèmes qui peuvent également expliquer pourquoi il est possible d’observer davantage de requins qu’auparavant. Pour le directeur du CRIOBE : «Le requin n’a pas changé d’attitude. Ce qui a changé en revanche, ce sont les hommes qui vont de plus en plus vers lui».
Par ailleurs, il faut ici préciser que les spécialistes interrogés rappellent que cet animal est particulièrement menacé d’extinction. 90% des grands requins ont par exemple disparu en Méditerranée.
Les scientifiques ajoutent que le risque d’attaques de requins sur l’homme est très faible, de l’ordre d’une chance sur quatre millions. Éric Clua insiste sur le fait qu’une bonne partie des attaques sont dues à une volonté d’interaction de l’homme avec le requin. «Il ne faut pas s’approcher, pas chercher à interagir».
Pour rappel, il faut savoir que le requin teinturier ou requin bleu est une espèce assez fréquente en Méditerranée. Il évolue près des côtes, surtout les juvéniles, entre la surface et 350 mètres de profondeur.
Il est caractérisé par sa forme très effilée et par la teinte bleutée de la partie supérieure de son corps. Sa taille maximale est de l'ordre de 4 mètres.
Le requin bleu attaquant très rarement l'homme, on ne le considère pas comme dangereux. Mais il faut garder ses distances loin de ces squales.
