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Diplomatie algérienne : La spirale de l’échec

Diplomatie algérienne : La spirale de l’échec

Face à un Maroc multipliant les succès diplomatiques et à des tensions persistantes avec la France et le Mali, le régime algérien s'enferme dans une posture agressive qui ne fait qu'accentuer son isolement sur la scène internationale.

 

Par D. William

Le pouvoir algérien, incarné par un régime à la fois rigide et paranoïaque, multiplie les faux pas, se décrédibilisant de plus en plus sur la scène internationale.

Impossible d’évoquer ses errements sans commencer par l’antagonisme persistant avec le Maroc.

La relation entre Alger et Rabat est depuis longtemps marquée par des tensions extrêmes, mais celles-ci ont pris une ampleur inédite ces dernières années, atteignant des niveaux d’hostilité presque jamais vus.

L’Algérie, dans son obsession anti-marocaine maladive et dans une posture de défiance systématique, a rompu unilatéralement ses relations diplomatiques avec le Maroc en 2021, accusant le Royaume de prétendues «actions hostiles».

Derrière ces accusations se cache surtout l’épineuse question du Sahara marocain. Le soutien algérien au front séparatiste du Polisario est depuis des décennies l’élément central de cette crise.

Le Maroc, de son côté, a multiplié les succès diplomatiques.

De la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara sous l'administration Trump à l’appui de puissances européennes comme la France, l’Espagne, l'Allemagne ou encore la Hongrie, Rabat a su imposer sa vision d’une solution politique basée sur l’autonomie sous souveraineté marocaine.

Cette offensive diplomatique a laissé Alger sur la défensive, réduite à des discours agressifs et des postures rigides qui n’ont fait qu’aggraver son isolement.

Pourtant, la main tendue par le Roi Mohammed VI, à plusieurs reprises, aurait pu être l'occasion d'apaiser les tensions et d'engager une coopération bénéfique pour l'ensemble de la région du Maghreb.

Au lieu de cela, le régime algérien a choisi de cultiver la haine et l’hostilité, quitte à s’engager dans des campagnes de désinformation et d’intimidation.

Des médias à la botte du pouvoir, financés en sous-main, sont constamment mobilisés pour ternir l’image du Maroc, notamment à travers des accusations fallacieuses.

Le régime algérien utilise ainsi le Royaume comme bouc-émissaire pour détourner l’attention de ses propres échecs économiques et sociaux.

Néanmoins, ces manœuvres n’ont fait qu’accentuer son discrédit, d’autant qu’il est de plus en plus perçu comme un acteur désespéré, réactionnaire et surtout un élément déstabilisateur de la région.

 

France, l'éternel ressentiment

Les relations entre Alger et Paris ont également toujours été tumultueuses, quand bien même elles peuvent parfois paraître apaisées.

Toutefois, ces dernières années, le régime algérien a multiplié les crises ouvertes avec la France, symbolisées par des tensions diplomatiques et des déclarations enflammées, sur fond de victimisation.

En 2021, Emmanuel Macron avait déclenché l’ire d’Alger en déclarant que le régime s’appuyait sur une «rente mémorielle» pour justifier son autoritarisme interne.

La réaction algérienne avait été immédiate : rappel de l’ambassadeur et suspension temporaire des relations diplomatiques.

Par la suite, la crise s’est intensifiée avec l’affaire Amira Bouraoui, militante des droits humains exfiltrée vers la France, ce qui a conduit une nouvelle fois à un rappel d’ambassadeur et à des accusations véhémentes contre Paris, illustrant cette incapacité à gérer les différends de manière diplomatique.

De même, le rapprochement des vues entre le Maroc et la France dans le dossier du Sahara marocain, notamment le soutien croissant de Paris à l'initiative marocaine d'autonomie, a considérablement tendu les relations entre Paris et Alger.

Cette position a été perçue comme une prise de distance avec la posture traditionnelle d'équilibre et a alimenté la rhétorique hostile du régime algérien à l'égard de la France, amplifiant les tensions bilatérales.

En parallèle, des campagnes de déstabilisation orchestrées par le régime, qui utilise des influenceurs algériens basés en France, ont renforcé l’image d’une diplomatie erratique.

Depuis début janvier, trois influenceurs algériens ont été interpellés pour avoir appelé à la violence et à des actes terroristes sur le territoire français.

Alger doit pourtant savoir que l'usage de relais médiatiques peu crédibles ne compense pas l'absence de résultats concrets dans la gestion des relations internationales.

 

Le Mali ou quand l’arrière-cour se rebiffe

Si l’Algérie a toujours cherché à s’imposer comme un acteur clé au Sahel, notamment via les Accords d’Alger de 2015, elle a récemment subi un camouflet retentissant de la part du Mali, dernier théâtre de l'amateurisme diplomatique algérien.

Ce pays, autrefois dans l’orbite d’influence algérienne, a décidé de mettre fin à ces accords, dénonçant une ingérence persistante d’Alger dans ses affaires internes.

Le communiqué publié le 1er janvier courant par le ministère malien des Affaires étrangères est sans appel : «le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale exprime sa vive préoccupation suite à la persistance de certaines autorités algériennes à poursuivre les actes d’ingérence dans les affaires intérieures de la République du Mali, empreints de paternalisme, de condescendance et de mépris».

Les accusations sont graves : soutien logistique à des groupes armés, instrumentalisation du conflit pour maintenir une présence dans la région, et même complicité passive dans la propagation du terrorisme sahélien.

Cette rupture marque la fin d’une ère pour Alger, qui a longtemps voulu se positionner comme le médiateur privilégié de la région.

La réaction algérienne, plutôt que de reconnaître ses erreurs, a été marquée par l’arrogance.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a multiplié les déclarations condescendantes, affirmant que seule la médiation algérienne était légitime pour résoudre la crise au Sahel.

Une posture immédiatement rejetée par Bamako, qui voit désormais Alger comme un acteur déstabilisateur.

«Le Mali n’est ni demandeur ni preneur de leçons de la part de l’Algérie», précise encore le communiqué malien, soulignant la perte totale de crédibilité du régime algérien.

Cette série de fiascos diplomatiques révèle en réalité un malaise profond au sein du pouvoir algérien, dont la diplomatie fonctionne à l’émotion et à l’obsession.

Que ce soit dans ses rapports houleux avec le Maroc, dans sa gestion maladroite des relations avec Paris ou dans son autoritarisme condescendant envers Bamako, l’Algérie donne l’image d’un régime crispé, incapable de se réinventer.

Miné par des luttes internes entre cercles militaires et politiques, le pouvoir semble naviguer à vue, sans cap clair ni vision stratégique à long terme.

La peur de la contestation interne, notamment depuis le Hirak de 2019, pousse Alger à constamment chercher des ennemis extérieurs imaginaires.

Des ennemis imaginaires comme le Maroc qui, lui, a su tisser des alliances solides avec plusieurs pays du continent, s'appuyant sur une diplomatie économique proactive, loin des postures rigides et belliqueuses de son voisin.

 

 

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