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Conjoncture: Ce climat d’incertitude qui plombe la relance !

Conjoncture: Ce climat d’incertitude qui plombe la relance !

Le «tout sanitaire» condamne à une lente agonie certains secteurs économiques.

L’arbitrage est certes difficile, mais certains choix opérés ces dernières semaines par les autorités sont très contestables.

Cet environnement délétère handicape davantage l’économie.

 

Par D. William

 

« Plus le coma économique est long, plus on assistera à des faillites, plus le réveil sera douloureux». C’est ce que nous confiait dans une interview récente le professeur universitaire et ancien ministre, Mohamed Berrada. Malheureusement, le Maroc en est là aujourd’hui : il n’est toujours pas sorti du coma économique.

Le potentiel économique du Royaume ne peut s’exprimer pleinement en raison des restrictions en cours liées à la crise sanitaire induite par la Covid-19. Des restrictions qui font tourner l’économie nationale au ralenti, contraignant certains secteurs à l’arrêt partiel, voire total, et mettant à nu les fragilités du tissu productif.

Certains experts estimaient d’ailleurs à 11.000 le nombre d’entreprises qui devraient mettre la clé sous la porte au terme de l’exercice 2021. Dès lors, «la priorité est la survie de ces entreprises, dont les équilibres financiers sont aggravés par les impayés. Ce sont les PME et les TPME qui souffrent d’ailleurs le plus, et certaines d’entre elles sont devenues des zombies», explique Berrada. Mais même si 2021 reste une année favorable malgré le contexte pandémique, avec notamment une croissance estimée à 6,7% par Bank Al-Maghrib, l’activité économique devrait être sur une moins bonne dynamique cette année.

Les projections de la Banque centrale tablent, dans le scénario central, sur une consolidation de la croissance à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023.  La pandémie, avec l’apparition des variants, impose cependant d’apprécier ces prévisions avec beaucoup de réserves. D’ailleurs, actuellement, l’économie nationale reste lourdement handicapée par la suspension des vols depuis et vers le Maroc, le Royaume ayant décidé de se barricader pour contenir la diffusion du variant Omicron.

Cette fermeture des frontières aériennes, initialement décidée pour 15 jours, et finalement prolongée jusqu’au 31 janvier courant, asphyxie l’économie. Et rien dans le mode de gestion de cette crise par les autorités ne laisse présager une réouverture à cette à date. Cela, d’autant plus que les indicateurs sanitaires se dégradent de plus en plus, sur fond de propagation d’Omicron.

Incertitudes économiques

En appliquant avec une certaine radicalité le principe de précaution pour «protéger la santé des citoyens», le gouvernement annihile parallèlement toute velléité de reprise soutenue de l’activité économique, mais condamne surtout à une lente agonie tout l’écosystème touristique national. C’est l’effet pervers du «tout sanitaire».

Certes, aucune décision ne peut faire l’unanimité dans ce contexte de crise très délicat, mais l’on convient cependant que les mesures prises par le gouvernement ces dernières semaines ont enfoncé le clou de la suspicion qui entoure actuellement la gestion de cette pandémie. Le pass vaccinal, les restrictions de déplacement, les suspensions de vols… sont autant de dispositions prises de façon subites qui ajoutent à l’incertitude et au manque de visibilité économiques. Aujourd’hui, difficile pour les opérateurs de faire du business et de se projeter dans cet environnement où les choix des gouvernants sont dictés par l’évolution du virus et de ses variants, qui semblent prendre en otage l’économie.

Le Maroc doit-il cependant se suffire à ce mode de pilotage ? L’économie nationale peut-elle résister dans la durée à tous ces nœuds qui l’empêchent de s’oxygéner ? L’Etat pourra-t-il continuer à passer à la caisse pour empêcher une hécatombe économique ? Pas sûr. Les TPE et PME en particulier suffoquent et vivent sous perfusion, avec à la clé le risque de voir des dizaines de milliers d’emplois partir en fumée. Les aides débloquées jusqu’ici semblent de plus en plus dérisoires, puisque la crise sanitaire continue, relancée chaque fois par l’apparition de variants.

Et face aux contraintes budgétaires, ce n’est plus le temps de la «monnaie hélicoptère», après des exercices 2020 et 2021 où l’Etat a su se montrer particulièrement prodigue. Ce contexte d’incertitude n’est pas propice à une relance soutenue. Encore moins en cette période où les choix et décisions des autorités sont de plus en plus contestés, témoignant du fossé qui se creuse entre les gouvernants et la collectivité. 

 

 

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