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Bain de sang en Palestine : À qui profite le crime ? Deuxième partie

 

Pour répondre à toutes ces questions, il faut remonter à la source du conflit et à toutes les ramifications que cela a pris durant plus de 70 ans.

 

Personne aujourd’hui n’évoque la grande responsabilité de la Grande-Bretagne et de la France dans la naissance et la mise en place de cette guerre. Après l’empire Ottoman, ce sont bien les Anglais qui ont désigné cette terre pour y implanter le nouvel État d’Israël. Celui-ci revendique cette terre, considérée comme sainte, en faisant valoir des preuves historiques qui s’avèrent les mêmes que celles mises en avant par les Palestiniens qui disent être les premiers habitants de la terre du Levant. 
 
Entre les credo et les dogmes de chacun, Jérusalem demeure une cité de peur et de meurtre. Elle n’a plus de ville sainte que la parodie d’une tragédie humaine où l’on compte des victimes des deux côtés. Est-ce réellement impossible d’instaurer une cohabitation entre Palestiniens et Israéliens sans effusion de sang, sans tueries, sans attentats, sans incarcérations, sans offensives militaires et sans graves dégâts collatéraux ? Il faut dire que c’est là le conflit armé qui cause le plus grand nombre de victimes civiles, avec des femmes, des vieux et beaucoup d’enfants qui tombent sous les balles israéliennes et les bombardements. Peut-on tuer avec autant d’impunité sans se faire indexer et mis au ban de la communauté internationale, avec un blocus et des sanctions économiques solides comme ce qui a été mis en place contre les fausses armes de destruction massive de Saddam HHussein. Comme ce qui a été mis en place pour Téhéran et son programme d’enrichissement de l’ururanium. Comme ce qui a été mis en place contre la Syrie quand elle était un État, avant le chaos qui y règne aujourd’hui au nom d’une invention, créée de toutes pièces, nommée Isis, Daech ou ce que vous voulez ? 
 
Pourquoi ce ne sont pas les mêmes mesures qui sont prises contre Israël comme cela a été le cas contre un certain Slobodan Milosevic, grand patron d’une Yougoslavie en déliquescence, qui a connu la prison, le Tribunal pénal international pour finir mort, alors que l’ex-Yougoslavie expirait ses derniers relents avant la dislocation finale ?
 
À y voir de plus près, c'est le même cas de figure que le Kosovo, occupé par la Serbie, qui devient un État souverain, après les bombardements sur Belgrade finissant par donner corps à d’autres entités nationales comme Le Monte Negro. 
 
Pourquoi cela a semblé facile de régler les guerres ethniques des Balkans entre Croates, Serbes, Kosovars et Bosniaques et impossible dans le cas de la Palestine ? Même un conflit aussi enchevêtré comme celui des Kurdes a pu donner corps à un Kurdistan au Nord de l’Irak, après l’invasion américaine en 2003. Pourtant, déterminer la liberté du peuple kurde implique plusieurs pays dont la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran ? Tous les conflits identiques aux quatre coins de la planète finissent par trouver une logique, sauf celui du Moyen-Orient. 
 
On le sait, cette guerre larvée, qui dure depuis plusieurs décennies, est géostratégique pour l’équilibre des puissances dans la région. Jusqu’à aujourd’hui, toute la région est sous contrôle américain, avec un appui sans conditions pour l’État d’Israël qu’on a même doté de la bombe nucléaire, ce qui est une arme de dissuasion massive. Qui pourrait s’en prendre à un État nucléarisé ? Aucun État de la région n’en est capable. Alors, quelles sont ces menaces qui pèsent sur Tel-Aviv de la part des pays voisins ? En toute logique, avec le soutien indéfectible de Washington, avec l’impuissance des États arabes, aujourd’hui occupés par leurs conflits internes, avec l’épée de Damoclès qui plane sur les pays du Golfe qui jouissent de la protection américaine, avec le pacte de non-agression signé avec la Turquie, avec la fragilité de Téhéran, du Caire, de Beyrouth et Amman, qui menace vraiment Tel-Aviv ? Aucun État n’a ce pouvoir ni militaire ni économique.
 
Mieux encore, Israël est une grande puissance de frappe dans toute la région. Il est de loin plus puissant sur le plan militaire que tous les États arabes réunis. Économiquement, Israël est un exemple de réussite dans toute la région. Pourtant, les lobbies pro-israéliens qui sont très influents aux USA, font planer des menaces inexistantes et multiplient les aides et les soutiens à un État de plus en plus puissant, de plus en plus protégé. Cette protection va jusqu’à ériger un mur infranchissable avec les populations palestiniennes comme celui qui longe la frontière mexicaine au sud-ouest des États-Unis. 
 
Ghettoïsés, avec des check points partout entre les deux territoires, les Palestiniens sont des prisonniers à ciel ouvert. C’est un peuple pris en otage. C’est un peuple qui survit dans des réserves menacées par les colonies israéliennes. Celles-ci sont contraires aux lois internationales et enfreignent toutes les mesures prises par les Nations Unies et par l’Union Européenne. Pourtant, les colonies juives se multiplient et grignotent des territoires à Gaza et en Cisjordanie. Pourquoi laisse-t-on faire ? Parce que Israël a toute latitude de le faire sans que cela ne soit sanctionné sur le terrain. C’est la loi du plus fort. C’est la loi de la jungle.
 
Sur un autre plan, quel est le statut des Arabes israéliens ? Ils sont presque 2 millions de citoyens, et pourtant, ce sont des citoyens de seconde zone. Ces Arabes israéliens constituent 20% de la population de l'État hébreu mais ils font toujours l'objet de discriminations. Ils n’ont jamais fait partie d’une coalition gouvernementale et leur nombre à la Knesset, le parlement israélien, est très réduit.
 
Pour la grande majorité, les Arabes d'Israël sont des Palestiniens qui vivaient sur le sol attribué à Israël par le plan de partage des Nations Unies en 1947 ou qui y sont revenus après la guerre de 1948 et la déclaration d'indépendance de 1948. Ils vivent en Galilée et dans le nord du pays, Nazareth étant la plus grande ville à majorité arabe de cette région. 90% d'entre eux sont musulmans et 10% environ chrétiens. Pourquoi n’ont-ils aucun impact sur la politique israélienne ? Qui tire les ficelles des alliances et des coalitions ? Pourquoi ces 20% de la population de l’État d’Israël n’ont-ils aucune voix qui se fait entendre et qui pèse sur l’échiquier des décisions pour Tel-Aviv ? 
 
Ce double apartheid est flagrant : d’un côté des citoyens israéliens non juifs (mais d’origine palestinienne), de l’autre des Palestiniens qui subissent la main de fer de l’État hébreu. Comment peut-on espérer un début de solution dans une configuration aussi inextricable et qui va en se radicalisant ? 
 
Il faut se résoudre aux évidences : Israël semble être au-dessus de toutes les lois internationales. Il lui suffit de sortir la carte de la lutte contre le terrorisme pour justifier les bombardements sur des civils. L’implantation de nouvelles colonies est justifiée par le repeuplement du peuple juif. La fuite des habitants qui deviennent des réfugiés politiques au Liban ou en Jordanie facilite le travail de l’occupation de plus de territoires, réduisant davantage les quelques kilomètres carrés soldés aux Palestiniens, entre Gaza et la Cisjordanie, éloignées de plusieurs dizaines de kilomètres l’une de l’autre, dans un non-sens aberrant et absurde. Pourtant, la loi du plus fort valide tous les illogismes dans cette région.
 
Face à une telle équation à plusieurs inconnues, peut-on penser à une solution pacifiste de ce conflit garantissant à l’État d’Israël un voisinage de paix et aux Palestiniens une auto-détermination et une indépendance effective, avec un État digne de ce nom, avec une capitale et une population vivant sans menace aucune ? 
 
Pour répondre à cette question, il faut se résoudre aux réalités du terrain : tous les indicateurs sont au rouge. Aucune paix n’est possible entre les deux belligérants. Seul le diktat de la guerre impose ses lois faisant du monde entier le témoin complice d’un crime flagrant contre l’humanité.  

 

 

Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste

 

 

 

 

 
 

 

 

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