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Covid-19 : «Nous n'avons pas d’autres alternatives que le vaccin pour lutter contre cette pandémie»

 

Le Pr Said Moutawakkil, anesthésiste-réanimateur, docteur en biologie et membre du comité scientifique et technique national, nous apporte un éclairage sur la situation épidémiologique actuelle et sur la préparation de la campagne de vaccination au Maroc.

 

Propos recueillis par Ibtissam Z.

 

Finances News Hebdo : La création du comité scientifique et technique national a des objectifs et des rôles bien définis. Pouvez-vous nous en parler ?

Pr Said Moutawakkil : Le comité scientifique et technique est sous la présidence du ministre de la Santé. Multidisciplinaire, il regroupe plusieurs spécialités. Ces membres viennent des différents CHU du Maroc, mais aussi de directeurs centraux du ministère. Ce comité a un rôle consultatif pour apporter des réponses aux différentes questions des différents départements ministériels de la tutelle et celles relatives aux épidémies, notamment la Covid-19.

 

F.N.H. : Comment jugez-vous actuellement la situation épidémiologique au niveau national ? Devons-nous nous en inquiéter ?

Pr S. M. : La situation épidémiologique est préoccupante et inquiétante, dans la mesure où nous assistons depuis le mois de juillet à une augmentation du nombre de cas diagnostiqués par jour, avec un nombre de cas actifs aux alentours de 49.000 contaminés. La mortalité journalière est à hauteur de 70 décès par jour. Il résulte de cette situation épidémiologique une forte pression sur le système de santé dans toutes ses composantes, publiques ou privées. Le taux de remplissage des lits de réanimation avoisine les 40% et la saturation a atteint son comble dans les grandes villes du Royaume.

 

F.N.H. : Dès le départ, le Maroc a été réactif pour acquérir le vaccin antiCovid-19. Selon le gouvernement, les études cliniques ont montré la sécurité et l’efficacité du vaccin acquis auprès de la Chine. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce vaccin ?

Pr S. M. : Le Maroc a pris très tôt une position anticipative pour acquérir précocement les vaccins. Nous soulignons le rôle clé de Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, qui a pris plusieurs initiatives dès la déclaration de la pandémie. Sa Majesté a eu des pourparlers avec le président chinois afin que le Royaume puisse participer aux essais thérapeutiques pour pouvoir acheter rapidement les vaccins, mais aussi pour le transfert de technologie et la production des vaccins au Maroc, comme cela a été annoncé dans le communiqué du cabinet royal.

Ce vaccin chinois est fabriqué selon des techniques anciennes, connues et qui ont prouvé leur efficacité et leur innocuité. Ce vaccin a été inoculé chez 50.000 volontaires et s'est montré efficace, générant une production d'anticorps neutralisants et sans effets secondaires importants. Actuellement, plus d’un million de chinois ont été vaccinés avec efficacité et sans effets secondaires notables.

 

F.N.H. : Le Royaume prépare, à ce titre, une campagne de vaccination de masse. Quelles sont les dispositions qui doivent être prises en termes de mobilisation des moyens humains et logistiques pour la réussir ?

Pr S. M. : Cette campagne va s'appuyer sur le personnel du système de santé, les autorités territoriales et sur les services de santé militaires, comme annoncé par le ministère de la Santé. Elle va viser une population cible déjà programmée. Cette campagne de vaccination nécessitera des moyens logistiques importants, avec une mobilisation de tous les moyens du service de pharmacovigilance pour suivre l'état de santé des sujets vaccinés…

 

F.N.H. : La réussite de cette campagne dépend aussi de son acceptation par la population. Comment préparer les citoyens pour qu’ils adhèrent à un vaccin qui a mis très peu de temps à être développé ?

Pr S. M. : La campagne de vaccination contre le virus SARS 2 responsable de la maladie de la COVID-19 sera précédée d'une large campagne de sensibilisation et de persuasion des populations, surtout que nous sommes devant une maladie nouvelle et un vaccin nouveau. Une difficulté se dresse à nous en raison des fausses informations véhiculées sur les réseaux sociaux. Devant la gravité de cette pandémie et ses répercussions sanitaires, économiques, sociales et psychologiques, nous n'avons pas d’autres alternatives que le vaccin pour lutter contre cette pandémie ravageuse.

 

F.N.H. : Doit-on rendre ce vaccin obligatoire et à quel horizon peut-on espérer vacciner toute la population marocaine ?

Pr S. M. : L'obligation sera beaucoup plus morale, dans la mesure où elle concernera les populations les plus touchées, les plus fragiles et les corps stratégiques de l'Etat. Dans la gestion de la vaccination de ces pandémies graves, la responsabilité de l'individu face à la société est engagée. Le comportement de l'individu qui refuse le vaccin risque de faire échouer la lutte contre la pandémie, et sa responsabilité vis-à-vis de la société sera lourde de conséquences.

 

 

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