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Industries culturelles et créatives: la mise à niveau économétrique et statistique, un chantier majeur pour le secteur

 

◆ La profession, fortement impactée par la crise sanitaire, vient de signer un contrat-programme avec le Comité de veille économique.

◆ Fihr Kettani, vice-président de la Fédération des industries culturelles et créatives, nous en explique les enjeux.

 

Propos recueillis par D. Wiliam

 

Finances News Hebdo : Quel est l’état du secteur des industries culturelles et créatives actuellement ?

Fihr Kettani : Le secteur des industries culturelles et créatives souffre des conséquences d’une année quasi blanche pour la majorité de ses acteurs. Les restrictions liées à l’endiguement de la propagation du virus de la Covid-19 ont empêché et continuent d’empêcher les rassemblements indispensables à la majorité des formes de diffusion artistique et culturelle. Les festivals, les théâtres, les cinémas, les salles de concerts, les vernissages d’expositions, l’évènementiel et autres formes de manifestations culturelles sont privés de programmation depuis le mois de mars 2020 et n’ont toujours pas de visibilité quant à leurs possibilités de reprise. Une fois ces restrictions levées, il leur faudra encore dépasser les obstacles habituels à ces professions, obstacles sûrement aggravés par la crise sanitaire.

Et je fais référence notamment au fait de trouver les financements nécessaires à ces programmations. Une part de nos travaux à la FICC (Fédération des industries culturelles et créatives) consiste à cerner ces défis déjà existants avant la crise et exacerbés par cette dernière. Nous tenons à rappeler que le secteur des industries culturelles et créatives revêt une importance stratégique pour notre pays. Il est un pôle d’activité économique à grand potentiel et une source importante pour l’emploi des jeunes qui sont naturellement attirés par ces industries. Les ICC (industries culturelles et créatives) contribuent également à la vitalité des villes, en font des foyers d’attractions touristiques et participent au rayonnement de notre pays à l’international.

 

F.N.H. : Peut-on avoir plus de détails sur le contratprogramme signé avec le Comité de veille économique le 6 janvier ?

F. K. : La Fédération des industries culturelles et créatives se réjouit de la signature du contrat-programme de soutien aux ICC signé le 6 janvier dernier. Ce dernier couvre une période allant de 2020 à 2022 et s’articule autour de quatre axes stratégiques, à savoir la préservation de l’emploi à travers le versement d’une indemnité mensuelle forfaitaire de 2.000 dirhams, à partir du 1er juillet 2020 et jusqu’au 31 mars 2021 au profit des salariés des entreprises touchées par la crise. Il prévoit également le report du paiement des cotisations sociales et la prolongation de l’exonération de l’IR sur les compléments de salaires sur la même période. Il assure un soutien économique et financier aux entreprises culturelles à travers le prolongement des délais de remboursement des crédits «Damane Oxygène» et le lancement de deux nouveaux produits de garantie ainsi que la mise en place d’un moratoire pour le remboursement des échéances des crédits bancaires et des leasings jusqu’au 31 mars 2021, sans pénalités.

Le 3ème axe du contrat-programme agit sur le renforcement de la commande publique dans le but de couvrir les défaillances du marché liées aux contraintes sanitaires, à travers, entre autres, la mise en place d’une plateforme digitale pour la valorisation du patrimoine immatériel, pour les spectacles vivants et les festivals, et aussi d’un programme de subventions des prestations de distribution des albums musicaux auprès des agrégateurs de plateformes de streaming. Le 4ème et dernier axe porte sur la gouvernance et la représentativité, à travers le lancement d’une étude visant la mise à niveau économétrique et statistique pour mieux appréhender la dimension économique du secteur, et œuvrer à une vision stratégique pour son développement.

 

F.N.H. : Ce contrat-programme répond-il globalement à vos attentes ?

F. K. : Bien qu’il n’arrive qu’au terme de 11 mois d’inactivité et de sérieuses inquiétudes chez les acteurs du secteur, le contrat-programme reconnait enfin les industries culturelles et créatives parmi les activités les plus durement touchées et qui nécessitent donc du soutien. Une vingtaine d’activités sont concernées dans les différents volets des ICC et le contrat court de juillet 2020 à mars 2021, avec une prorogation si nécessaire. En dehors du soutien aux entreprises et aux emplois, je dirai que l’une des mesures les plus importantes est celle qui consiste à ouvrir un grand chantier de mise à niveau économétrique et statistique du secteur, qui va nécessiter plusieurs mois de travail et une approche inclusive. Cela permettra d’évaluer le poids réel du secteur dans notre modèle économique et social, pour lui donner plus de force, de moyens et une stratégie qui nous permettra à tous d’aller bien au-delà de ce qui existe aujourd’hui et en saisir le plein potentiel. 

 

 

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