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Mohamed Belmir : «La crise sanitaire a montré plusieurs lacunes à différents niveaux qu’il faut combler»

 

  • La période post-covid-19 nécessite des décisions courageuses.

  • En prévision des prochaines élections, les partis politiques mènent des mouvements de concertation et de rapprochement.

  • Eclairage de Mohamed Belmir, politologue et professeur universitaire.

 

La Quotidienne : Après la crise sanitaire, le Maroc doit relever le défi de la relance économique et atténuer l’impact du marasme qui perdure. Pensez-vous que les mesures prises sont assez suffisantes pour redresser la situation ?

Mohamed Belmir : Le dernier discours du Trône a fixé les priorités du Maroc et annoncé une série de dispositions pour relancer l’économie nationale, dont notamment l’injection de 120 milliards de DH.

L’objectif est de préserver l’emploi, d’assurer la survie des entreprises et le maintien du revenu des ménages les plus impactés.

Le ministre de l’Economie et des Finances n’a pas tardé à dévoiler en détail les mesures qui sont prises.

Pour réussir un tel défi, il ne s’agit pas uniquement de mobiliser des fonds, mais de prendre des décisions courageuses et anticipatives.

Il faut noter que cette crise a montré plusieurs lacunes à combler, et ce à plusieurs niveaux, comme le poids de l’informel, la couverture sociale limitée ou l’effet des aléas endogènes ou exogènes sur de nombreux secteurs d’activité.

C’est un travail de longue haleine qu’il faut mener, nécessitant la mobilisation et la convergence des efforts de tous les intervenants.

 

L. Q. : La crise sanitaire a eu des répercussions à tous les niveaux, y compris la vie politique nationale. Quelle est votre analyse de ce constat ?

M. B. : Effectivement, la crise du coronavirus a impacté profondément l’économie nationale, entraînant au passage une baisse de la croissance, une hausse sensible du chômage et la mise en difficulté de nombreuses entreprises, notamment les PME.

Certains secteurs comme le tourisme sont déjà en situation de faillite, et l’ampleur de la crise sera encore plus visible dans les mois à venir.

Plus la reprise tarde à venir, plus la situation sera compliquée.

Au niveau politique, le Parlement a connu une année législative très active et exceptionnelle à tous les niveaux.

La crise a nécessité la promulgation dans l’urgence de plusieurs lois comme celles ayant trait à l’état d’urgence sanitaire ou la Loi de Finances rectificative,

Au niveau des partis politiques, la crise était une occasion pour lancer plusieurs visioconférences et débattre de différents sujets d’actualité.

Cette période a aussi été marquée par de nouveaux rapprochements ou alliances en prévision des élections de 2021.

On note également des clashs non seulement entre les partis de l’opposition et ceux de la majorité, mais aussi au sein même de la coalition formant le gouvernement.

 

L. Q. : Quelle est votre lecture du rapprochement entre l’Istiqlal, le PAM et le PPS qui ont pourtant chacun un référentiel idéologique très différent ?

M. B. : «La politique est l’art du possible». Cette fameuse citation de Léon Gambetta, un homme d’Etat français de la troisième république, est toujours d’actualité.

Il a défendu une approche consistant à régler sa conduite selon les circonstances du moment, que l’on cherche à utiliser toujours au mieux de ses intérêts.

Ce genre d’attitude est adopté par les hommes politiques, même dans les démocraties les plus évoluées.

Malgré leur divergence idéologique, l’Istiqlal, le PAM et le PPS ont un point commun, celui d’être les principales formations de l’opposition.

Ils n’ont pas affiché un rapprochement politique clair en vue des élections, mais ont formulé un mémorandum où ils partagent plusieurs préoccupations et s’accordent sur différentes réformes politiques. Cette entente n’est pas pérenne.

Quelque temps après la publication du mémorandum, des divergences sont apparues entre ces formations, engendrant des critiques de part et d’autre et des déclarations hostiles.

Toutefois, comme je l’ai précisé, ces partis veulent rebondir en prévision des prochaines échéances électorales.

Ils désirent capitaliser sur les principales préoccupations des citoyens en critiquant les réalisations du gouvernement.

 

L. Q. : En dépit de la crise sanitaire, les partis politiques se préparent d’ores et déjà aux élections de 2021. Quels sont les principaux enjeux de ce scrutin ?

M. B. : Quasiment tous les partis ont manifesté leur intérêt en vue des élections législatives de 2021.

A ma connaissance, aucune formation politique n’a exprimé clairement son souhait de différer ce scrutin.

Il est donc question de préserver dans la régularité un acquis constitutionnel.

Il faut dire que ces élections seront organisées dans des circonstances très particulières marquées par la pandémie de la Covid-19 et ses répercussions tant sur les plans économique que social.

En cela, l’hypothèse de reporter les élections à une date ultérieure n’est pas à écarter, surtout si la situation épidémiologique ne présente pas de signes rassurants.

Nous sommes à une année de ce scrutin et il faut donc espérer que d’ici là, l’état sanitaire s’améliore.

Malgré ces contraintes, les partis poursuivent leurs préparatifs.

A défaut d’organiser des meetings et des congrès avec leurs militants, ils optent pour le digital afin de tenir des visioconférences sur différents sujets, notamment ceux liés à la crise de la Covid-19. 

Par ailleurs, on note également une hausse sensible des discussions entre les formations politiques pour une meilleure coordination.

 

Propos recueillis par Charaf Jaidani

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