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«Nos universités (…) restent excessivement tournées vers la formation théorique»

 

Le mentoring constitue une ressource disponible qui peut aider le système universitaire à corriger les deux distorsions relatives à la fragilité des aptitudes transversales des étudiants et au manque de relais au sein des milieux professionnels.

◆ Un programme de mentoring a été mis en place au profit des étudiants de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Rabat-Agdal, dotée également d’un club de partenaires.

◆ Entretien avec Selma El Hassani Sbai, professeur universitaire au département de droit privé, Université Mohammed V, Faculté de droit Rabat-Agdal.

 

 

Propos recueillis par M. Diao

 

 

Finances News Hebdo : Qu'est-ce qui a été à l'origine de la mise en place du Programme de mentoring au profit des étudiants de la faculté de droit de Rabat-Agdal ?

Selma El Hassani Sbai : La naissance du programme mentoring repose sur un constat préoccupant : nos universités, en dépit de la qualité indéniable des cursus qu’elles offrent, restent excessivement tournées vers la formation théorique, et ne permettent pas de préparer les étudiants aux besoins du marché du travail. Les faiblesses des cursus universitaires se situent, à mon sens, principalement à deux niveaux :

• la fragilité des aptitudes transversales de nos étudiants, qui ne maîtrisent pas suffisamment les soft skills, pourtant essentielles pour faciliter l’accès au marché du travail.

• Le manque de relais au sein des milieux professionnels.

Beaucoup de nos étudiants sont bloqués au cours de leur cursus post-université par manque de réseau leur permettant de valoriser leur profil et de trouver leur juste place sur le marché du travail.Le mentoring constitue une ressource disponible qui peut aider le système universitaire à corriger ces deux distorsions.

 

F.N.H. : En quoi consiste concrètement le nouveau programme ?

S.E.H.S. : Il s’agit d’un programme de tutorat entre des professionnels jouissant d’expérience et d’expertise et des étudiants de la FSJES Rabat-Agdal, sélectionnés pour leur sérieux et leur engagement. Les mentees (mentorés) bénéficient du suivi, de l’encadrement et du réseau de leurs mentors. Le mentor oriente le mentee dans le choix et la définition de son projet professionnel, l’aide à valoriser son profil, à développer ses aptitudes communicationnelles et à dégager des opportunités de stages dans sa spécialité.

Nous avons mis en place un site fsjesagdal-mentoring.com, avec une plateforme d’inscription permettant aux étudiants et aux mentors de s’inscrire. L’équipe projet sélectionne ensuite les candidatures et forme des duos mentor/mentee, en fonction des affinités disciplinaires et professionnelles. Le suivi mentoring se déroule ensuite sur une période de 6 mois, avec au moins une rencontre par mois. Les résultats de la première promotion (lancée en 2018) et menée en collaboration étroite avec les mentors du CMDJ, ont été remarquables. Nos étudiants ont vécu ce programme comme une expérience transformatrice et particulièrement impactante.

 

F.N.H. : L'Université marocaine a été critiquée à cause de certaines filières ou matières qui seraient en décalage avec les besoins des entreprises. Selon vous, l'Université marocaine est-elle plus attentive aux besoins des entreprises en matière de profils à former ?

S.E.H.S. : Au sein de la FSJES Rabat-Agdal, nous avons parfaitement intégré la nécessité d’adapter nos cursus aux besoins opérationnels du monde professionnel. Nous pratiquons l’ouverture non pas comme un simple slogan, mais comme une conviction profonde qui donne lieu à des projets porteurs d’effets transformateurs et transversaux. Clinique juridique, programme mentoring, projet de salle virtuelle des marchés et d’un tribunal virtuel etc., toute une série d’initiatives inédites qui sont portées par une structure tout aussi originale, le club des partenaires de notre Faculté.

 

F.N.H. : Pourquoi avezvous mis en place le club des partenaires de la faculté ?

S.E.H.S. : La diversité et la richesse des différents partenariats dont bénéficie la FSJES Agdal, a incité notre doyen à réfléchir à la mise ne place d’une interface dédiée à la création de liens synergiques entre la Faculté et ses partenaires. L’idée consiste à créer les conditions favorables à l’émergence d’un véritable écosystème de relations partenariales à forte valeur ajoutée. La force du club se situe au niveau de sa transversalité et de son agilité. C’est une structure souple et informelle, qui rassemble des institutions nationales et internationales, des entreprises significatives, des partenaires académiques, des associations, des sociétés de conseil et d’avocature, leaders dans leurs domaines etc. L’idée consiste à créer un portefeuille de compétences opérationnelles, dédiées au rayonnement de la faculté et à l’insertion professionnelle de nos jeunes lauréats. 

 

 

 

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