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Jour férié du 9 juin : Une décision gouvernementale qui exaspère les DRH du secteur privé

Jour férié du 9 juin : Une décision gouvernementale qui exaspère les DRH du secteur privé

Une enquête de DRH.ma révèle un malaise profond face à l’absence de concertation et de cadre d’application. A quelques jours de l’Aïd Al-Adha, la décision du gouvernement d’accorder un jour férié exceptionnel le lundi 9 juin 2025 aux administrations publiques a généré un climat d’incertitude inédit dans les entreprises du secteur privé. 

Sans valeur contraignante pour celles-ci, cette mesure a placé les directions RH face à un arbitrage délicat, entre attentes sociales, impératifs opérationnels et vide juridique.

Dans ce contexte tendu, DRH.ma, média de référence pour les décideurs RH au Maroc, a lancé une enquête les 2 et 3 juin 2025. En l’espace de 24 heures, 143 DRH ont répondu à un questionnaire ciblé afin de partager leur appréciation de la décision gouvernementale, les modalités d’application envisagées en interne, et les difficultés rencontrées.

Une décision perçue comme unilatérale et mal adaptée au privé

Les résultats de cette enquête révèlent une réaction largement critique : 72% des DRH interrogés estiment que la décision d’accorder le jour férié au secteur public est inappropriée au contexte du privé.  Pour 42% d’entre eux, elle traduit un manque manifeste de considération pour les contraintes spécifiques des entreprises. À cela s’ajoutent 24% qui dénoncent une annonce tardive et une absence de préparation. En clair, la mesure est perçue comme brutale, non concertée et difficilement applicable à l’échelle des organisations privées.

Des choix éclatés, révélateurs d’un manque de pilotage collectif

Face à ce flou, les DRH se sont retrouvés en première ligne pour trancher. Et les réponses sont loin d’être uniformes. Le 3 juin à 16h, seules 17% des entreprises avaient confirmé l’attribution du jour férié à l’ensemble de leurs collaborateurs.

2 % envisageaient de l’accorder sous certaines conditions, notamment la continuité de service ou la récupération. À l’inverse, 28% prévoyaient de maintenir une activité normale, tandis que 32% n’avaient toujours pas pris de décision à six jours de l’échéance.

Cette diversité des positions illustre une fragmentation inquiétante des pratiques RH, accentuée par l’absence de recommandations claires. Les DRH ont dû arbitrer seuls, parfois dans l’urgence, souvent sous pression. Les critères de décision varient : certains privilégient l’alignement avec le secteur public (56%), d’autres invoquent le climat social interne (40%), la tradition religieuse (16 %) ou encore la productivité anticipée.

Une pression opérationnelle réelle, mal anticipée par les autorités

Pour les DRH ayant choisi de ne pas accorder le jour, les justifications sont avant tout opérationnelles. 100% évoquent des contraintes majeures sur l’organisation, et 68% signalent des difficultés de remplacement ou de continuité. 

D’autres alertent sur des risques d’absentéisme spontané (42%) ou de perturbation de la relation client (53%). Contrairement à une idée reçue, les raisons budgétaires sont marginales (13%). 
Ce qui est en jeu ici, c’est la capacité à garantir la performance dans des délais extrêmement courts, sans désorganiser la chaîne de valeur.  Pour de nombreuses PME et entreprises industrielles, l’ajout d’un jour chômé sans anticipation revient à déstabiliser la production ou les délais de livraison.

Une attente claire vis-à-vis des organisations professionnelles

L’un des enseignements les plus marquants de cette enquête concerne les attentes exprimées à l’égard des corps intermédiaires. 

85% des DRH estiment que les organisations professionnelles telles que la CGEM ou l’AGEF devraient jouer un rôle beaucoup plus actif dans l’anticipation et la gestion de ce type de décision. 

Plus précisément, 50% souhaitent la mise en place d’accords-cadres qui permettraient d’encadrer l’application de jours fériés exceptionnels dans le secteur privé.  40% appellent à un dialogue régulier avec les pouvoirs publics, afin d’anticiper les impacts économiques et sociaux.

La formulation floue de la CGEM recommandant de considérer le 9 juin comme jour chômé “dans la mesure du possible” a été largement critiquée. 
Pour les DRH, cette absence de position ferme ou de lignes directrices a davantage accentué le désarroi des entreprises qu’elle n’a permis d’apaiser les tensions.

Un besoin urgent de gouvernance sociale partagée

Ce que révèle en profondeur cette séquence, c’est la fragilité du dialogue social face à des décisions gouvernementales à effet immédiat. 
Dans une conjoncture déjà marquée par des défis de productivité, de climat interne et d’équilibre social, les DRH ne demandent pas plus de jours fériés. 
Ils demandent du cadre, de l’anticipation, et un mécanisme clair pour gérer l’impact de telles annonces.

L’enquête DRH.ma confirme l’urgence d’instaurer un dispositif de concertation formel potentiellement tripartite entre l’État, le patronat et les représentants des salariés, pour éviter que chaque annonce exceptionnelle ne se traduise par une crise de gestion.

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