Il est peu coutumier, voire extrêmement rare au Maroc de voir un opérateur s’exprimer publiquement sur un deal réalisé par un autre opérateur, privé de surcroît, si ce n’est pour en dire du bien.
Le patron du Groupe FinanceCom a visiblement rompu cette forme de «convenance», pour ne pas dire cette tradition quasi établie.
Sa position, franche, tranchante et sans aucune ambiguïté, sur la cession de Saham Finances, pôle Assurance du Groupe Saham, à l’assureur sud-africain Sanlam, est à l’antipode de la langue de bois habituelle qui prévaut dans le monde du business.
Surtout, Othman Benjelloun a pris le temps qu’il faut pour donner son avis, mardi, lors de la conférence de présentation des résultats de BMCE BOA.
«Je ne pense pas que les Marocains, en général, aient apprécié cette cession à l’Afrique du Sud en particulier», a-t-il dit.
L’Afrique du Sud «est le pays parmi les 54 pays africains qui est le plus associé aux actions du polisario. Aujourd’hui, nous nous trouvons avec un investisseur, propriétaire d’une compagnie d’assurances qui était marocaine, et qui se trouve sur notre territoire», ajoute-t-il.
«On ne cache pas que l’on n’apprécie pas cette action de Saham. Les sociétés bancaires, d’assurances ou industrielles comme notamment l’OCP, sont des sociétés qui appartiennent à tous les Marocains.
Nous n’avons pas le droit de les céder à des étrangers. C’est ma position et je la maintiens», martèle Benjelloun.
Toutefois, conclut-il, «si la position de l’Afrique du Sud évolue et qu’il reconnaît la Souveraineté du Maroc sur le Sahara, alors à ce moment-là on applaudira pour que Saham reste sud-africain».
On l’aura compris : Othman Benjelloun a appréhendé ce deal sous le prisme politique, loin des considérations du business.
Moulay Hafid Elalamy, actuel ministre de l’Industrie, qui a cédé Saham Finances, appréciera. Le nouveau propriétaire également.
Ces propos, venant d’un Othman Benjelloun qui a autant de poids dans la sphère économique, ont évidemment une résonance singulière.
Surtout à un moment où l’Afrique du Sud multiplie ses actions hostiles envers le Royaume, comme l’organisation, il y a quelques jours seulement, d’une pseudo conférence de solidarité avec le polisario (www.fnh.ma).
Dès lors, on peut aisément comprendre la posture patriotique de Benjelloun.■
D. W.
