Les études permettent de prédire la longévité et la date de stationnarité d'une pandémies.
Eclairage de Driss Effina, professeur universitaire et président du Directoire du Centre indépendant des analyses stratégiques.
Quel rôle l’analyse statistique peut-elle jouer pour comprendre la propagation de la maladie du Covid-19 dans le monde et au Maroc ?
Driss Effina : Depuis la propagation de la pandémie du Covid-19, plusieurs sites ont commencé à proposer des services gratuits liés à des statistiques complètes de l’évolution de la pandémie à travers le monde.
Il s’agit de grandes bases de données qui présentent un certain nombre d’indicateurs stratégiques relatifs à l’évolution journalière des nouveaux cas de coronavirus, le total des décès, le total des guérisons, le nombre de tests…
La disponibilité de ces bases de données a permis aux chercheurs de réaliser plusieurs types d’analyses se rapportant à ce phénomène.
Les prévisions ont-elles donné des résultats concluants ?
D. E. : Évidemment, la première question qui se pose à ce niveau, est de savoir à quelle vitesse le phénomène évolue et à quel rythme il va évoluer dans les prochains jours pour pouvoir prédire sa longévité et la date de sa stationnarité.
Plusieurs types de modèles peuvent être utilisés à ce niveau pour pouvoir analyser le rythme d’évolution de ce phénomène et de prédire son évolution future. L’importance de cet exercice est d’offrir aux États et aux grandes entreprises des indications fiables sur le délai probable de la disparition de ce phénomène. Les mêmes données ont permis aussi d’analyser la vitesse de propagation de ce phénomène dans chaque pays et chaque continent.
Un autre volet aussi important concerne le taux de mortalité. Les analyses ayant porté sur le taux de mortalité en relation avec le stock de cas touchés par le virus permettent de mesurer l’efficacité des mesures prises par chaque Etat pour faire face à ce phénomène et de mesurer aussi l’efficacité de son système sanitaire.
Les données disponibles (nombre de malades, de décès, de guéris et des personnes testées) sont-elles assez suffisantes pour réaliser les différentes projections ? Ou bien faut-il d’autres paramètres ?
D. E. : En général, les prévisions que nous présentons à ce niveau ont une grande fiabilité pour des durées courtes, de 5 à 10 jours. Au-delà de cette durée, nous pouvons faire des prévisions, mais qui seront entachées de grandes marges d’erreur.
Pour le cas du Maroc, il est difficile de faire les mêmes analyses de prédiction pour la simple raison liée à la taille de la population touchée par le virus.
En revanche, nous pouvons calculer des ratios stratégiques que nous comparons avec ceux des autres pays et avec la moyenne internationale. Cela permettra de vérifier si le cas du Maroc est normal ou pas.
Propos recueillis par Charaf Jaidani