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Crise alimentaire en Algérie : Le pouvoir joue les illusionnistes

Crise alimentaire en Algérie : Le pouvoir joue les illusionnistes

La profonde crise sociale et économique qui frappe l’Algérie depuis plus de dix ans, atteint aujourd’hui un niveau inégalé et dangereux, qui, selon plusieurs économistes, risque de plonger le pays dans la faillite et le chaos.

Et ce, malgré les recettes des hydrocarbures jugées insuffisantes pour redresser la barre dans une Algérie à bout de souffle. Cette aggravation de la crise systémique qui lamine le pays, s’est accrue considérablement par la hausse des prix de l’énergie et des engrais provoquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Un conflit mondial qui a fait exploser les prix alimentaires mondiaux, qui ont augmenté de 14,3% en 2022 par rapport à 2021. Les prix des céréales sont en hausse de 17,9% par rapport à 2021, ceux des huiles végétales de 13,9%, ceux des produits laitiers de 19,6%, ceux de la viande de 10,4% et ceux du sucre de 4,7%, comme on peut le lire dans le rapport 2022 de la FAO. Cette organisation précise que l’indice des prix a augmenté au cours des premiers mois de l’année qu’il a conclu l’année 2022 bien au-dessus de la moyenne de 2021. 

Avec les trois premiers mois de 2023 qui ont installé cette crise alimentaire dans la durée, menaçant toutes les économies qui ont misé sur un seul secteur rentier, délaissant des stratégies économiques autosuffisantes surtout en matière agricole et de sécurité alimentaire intérieure, comme c’est le cas de l’Algérie, inquiète les Nations unies à plus d’un égard à cause des risques d’une implosion du système et de déstabilisation de toute une région, déjà très fragile et chaotique, avec la Libye plongée dans le chaos, la Tunisie qui tente de survivre sous perfusion, de plusieurs pays du Sahel qui souffrent de famine et de sécheresse. 

C’est en somme cela la réalité de l’Algérie aujourd’hui qui a doublé en une année son budget d’armement avec une course frénétique à l’armement, faisant fi des priorités nationales et des urgences des populations, à savoir boire et manger d’abord avant de faire la guerre. 

De fait, il faut savoir que selon la FAO, les capacités de l’Algérie pour résoudre l’équation alimentaire sont faibles avec à peine un million de tonnes par mois. L’Algérie, qui est un grand consommateur de céréales, est aussi un des plus importants importateurs mondial de ce produit. Pour s’en sortir, le pays doit au moins dans un premier temps, atteindre les 41 millions de quintaux durant la saison agricole 2022/2023. Ce qui est loin d’être le cas non seulement à cause de la crise économique mais surtout parce que le pays manque d’expertise agricole dans ce domaine qu’il a toujours laissé à l’écart. 

Ceci pour les céréales vitales pour la survie d’une Algérie qui tire la langue aujourd’hui. En ce qui concerne les légumineuses, pour répondre aux besoins des consommateurs, la production dans cette filière doit dépasser 2 millions de quintaux, ce qui est loin d’être le cas. Quant à la pomme de terre, ce sont plus de 44,2 millions de quintaux qui ont été récoltés en 2022, soit une hausse de 30% par rapport à 2021. Mais cela demeure très en deçà des besoins puisque la crise de la patate persiste encore. 

Concernant la filière des tomates industrielles, la production a été établie à 23 millions de quintaux et celle des huiles (huile de table et autres) à 9,5 millions de quintaux en 2022. S’agissant des viandes rouges, les chiffres estimatifs de l’année 2022 font ressortir une hausse de la production à 5,7 millions de quintaux alors que c’est au moins le double qu’il faut pour approvisionner tout le monde. Pendant ce temps, la production des viandes blanches a atteint 4,8 millions de quintaux, toujours insuffisants au vu de la demande de plus en plus accrue. 

Quant à la production de lait frais, elle a atteint 3,4 milliards de litres en 2022, comme l’affirme le gouvernement algérien. Des chiffres décriés par la FAO, les Nations unies et la société civile qui affirment que le régime algérien gonfle les chiffres pour se donner du répit face à la colère sociale. Un jeu dangereux qui ajourne chaque jour l’explosion jouant aux illusionnistes au lieu d’engager des réformes tous azimuts pour juguler le chaos de plus en plus menaçant.

Par Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste

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