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Dette souveraine : Pourquoi l’Etat n’emprunte pas localement

Dette souveraine : Pourquoi l’Etat n’emprunte pas localement

Théoriquement, l’emprunt à l’international coûtera plus que le précédent et comportera un risque de change.

Trois raisons empêchent l’Etat d’emprunter sur le marché local.

La question se pose alors que la délégation marocaine, conduite par Nizar Baraka, a commencé son road show aux Etats-Unis à la recherche de la meilleure offre pour un emprunt public de 1 Md de dollars. La dernière levée de fonds à l’international a eu lieu en 2010, sous l’ère Mezouar,  pour un montant de 1 Md d’euros à un taux de 

4,5% et d’une maturité de 10 ans.  Avec cette succession d’emprunts libellés en devises, le Maroc devient de plus en plus dépendant de l’extérieur. D’autant plus que cet emprunt risque d’être plus cher que le précédent. Alors pourquoi ne pas demander à Bank Al-Maghrib de prêter à l’Etat à des taux avantageux et sans risque de change ?

Lorsque la courbe d’endettement d’un Etat augmente, les taux auxquels il se finance augmentent, l’incitant à corriger sa fiscalité. C’est d’ailleurs à cela que nous assistons actuellement au Maroc avec une dette publique qui représente près de 65% du PIB en 2011 contre 60% en 2010 et une fiscalité qui sera très peu accommodante en 2013 pour réduire ce déficit. La croissance n’étant pas élevée sur le plan domestique, les réserves de change au plus bas et l’Europe en récession, les conditions du crédit actuel seront beaucoup plus délicates que les précédentes caractérisées, déjà à l’époque, par une prime de risque de 200 points de base par rapport à l’Euribor (taux de référence européen) de même échéance. Malgré ces contraintes, trois raisons empêchent l’Etat de s’endetter sur le plan national.

Dores et déjà, emprunter auprès des établissements bancaires, même à un consortium regroupant toutes les banques privées est impossible. 1 Md de dollar représentant près de 80 Mds de dirhams, soit le déficit actuel du circuit bancaire que la Banque centrale essaye de résorber chaque semaine.

Il reste alors la possibilité d’emprunter directement auprès de la Banque centrale. L’opération est impossible pour trois raisons. Premièrement, l’Etat perdrait de sa crédibilité à l’international, car en faisant jouer la planche à billets de cette manière, le Dirham perdra rapidement de sa valeur. Ce qui a tendance à stimuler l’inflation, le Dirham devenant une monnaie faible. Cette situation est idéale pour l’Etat car elle réduit mécaniquement la taille de la dette locale  à rembourser, soit 70% de la dette totale, mais fait fuir les flux d’IDE. Deuxièmement, l’Etat est déjà suffisamment présent sur le marché domestique de la dette, car 70% de l’endettement public proviennent de l’épargne nationale, ce qui crée des tensions sur le marché monétaire et dilue tous les efforts de Bank Al-Maghrib pour faciliter l’accès au financement aux autres agents économiques. Emprunter à l’international permettra d’alléger ces tensions. Enfin, il ne faut pas oublier l’objectif premier de cet emprunt qui est de reconstituer les réserves de change. Emprunter en monnaie locale ne permet pas d’atteindre cet objectif.

 

Par A. H.

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