Le Groupe des amis de l'intelligence artificielle pour le développement durable, co-présidé par le Maroc et les États-Unis, a tenu lundi à New York une rencontre de haut niveau pour explorer les opportunités que l'intelligence artificielle (IA) offre au développement durable en Afrique.
Placée sous le thème “L’intelligence artificielle : Une opportunité exponentielle pour le développement durable en Afrique”, cette initiative illustre l'engagement ferme du Maroc envers la coopération Sud-Sud, un pilier stratégique de la politique étrangère du Royaume sous la direction éclairée du Roi Mohammed VI.
L'objectif de cette réunion est de mettre en avant l'importance des partenariats stratégiques et de la coopération renforcée pour améliorer les capacités africaines en matière d'IA et donner une voix au continent dans le débat mondial sur cette technologie, sa gouvernance et ses avantages.
L'événement a accueilli la Professeure Amal El Fallah Seghrouchni, Présidente exécutive du Centre International d’Intelligence Artificielle du Maroc, également connu sous le nom de Ai movement, basé à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P). Elle a présenté une analyse approfondie du rôle central de l’IA dans la transformation de l’avenir de l’Afrique, soulignant que cette technologie pourrait contribuer à hauteur de 1.500 milliards de dollars à l’économie africaine, soit 6% du PIB du continent.
« Que ce soit pour améliorer les soins de santé, la productivité agricole, promouvoir l’inclusion éducative ou stimuler la croissance économique, l’IA a déjà prouvé qu'elle est un puissant catalyseur de développement durable », a-t-elle affirmé. Elle a également abordé les questions de l'intégration des exigences technologiques et réglementaires pour une innovation éthique et responsable, plaidant pour une IA digne de confiance.
Pour exploiter pleinement le potentiel de l'IA, l’Afrique doit accélérer son développement technologique et définir une feuille de route concrète incluant des investissements dans les infrastructures, l’amélioration de la qualité des données, l’éducation, le renforcement des capacités, la recherche et l'innovation, ainsi que la gouvernance de l'IA, a-t-elle ajouté.
Elle a rappelé qu’en juin dernier, le Maroc a organisé à Rabat le premier Forum de haut niveau sur l’intelligence artificielle en Afrique, réunissant plus de 20 pays, aboutissant à l’adoption à l’unanimité du Consensus Africain de Rabat sur l’Intelligence Artificielle.
Le Centre International d’Intelligence Artificielle du Maroc (Ai Movement) se positionne comme un centre de recherche et développement régional et leader dans le domaine de l’IA, œuvrant pour une IA digne de confiance à l’échelle du continent. Ce centre a été reconnu comme centre de catégorie II de l’UNESCO en novembre 2023, ce qui en fait un centre d’excellence en IA et sciences des données en Afrique.
Cet événement à l’ONU visait également à donner une plus grande visibilité au Consensus Africain de Rabat sur l’IA et à contribuer à une meilleure représentation du continent dans les discussions mondiales sur la gouvernance de cette technologie. Le Consensus appelle à la mise en place d’une stratégie africaine sur la gouvernance de l’IA, en mettant l’accent sur l'infrastructure, la formation, le financement de la recherche et le développement technologique, ainsi que la protection des données.
La Professeure El Fallah Seghrouchni a souligné l’importance de développer des technologies d’IA fiables, en tenant compte des considérations éthiques, de l’équité, de la transparence et de la responsabilité. « En nous concentrant sur un développement responsable de l’IA, nous pouvons maximiser les avantages tout en minimisant les risques potentiels », a-t-elle insisté.
La réunion a également accueilli Dr. Rachel Adams, PDG du Centre mondial sur la gouvernance de l’IA basé en Afrique du Sud, qui héberge l’Observatoire africain sur l’IA responsable. Dr. Adams a mis en lumière les missions de l’Observatoire, qui consiste à collecter des données et proposer des stratégies pour améliorer la gouvernance de l'IA.
Mme Majda Moutchou et M. Chris Lu, représentants adjoints des Missions permanentes du Maroc et des États-Unis auprès des Nations Unies, ont salué les discussions inclusives du Groupe des Amis sur l’IA visant à promouvoir cette technologie au service du développement durable et à réduire la fracture numérique. Ils ont exprimé leur satisfaction quant à l'impact positif de l'IA en Afrique et aux perspectives de développement qu'elle offre avec le soutien de partenaires internationaux.
Le Consensus de Rabat, adopté à l'unanimité, fixe trois principes fondamentaux pour mobiliser les institutions africaines : élaborer un cadre commun pour une gouvernance mondiale de l’IA, utiliser l'IA dans le secteur public pour le bien commun africain, et garantir un développement éthique et respectueux des droits humains de cette technologie.