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Matinées durables : Une 1ère édition pour repenser l’économie circulaire au Maroc

Matinées durables : Une 1ère édition pour repenser l’économie circulaire au Maroc

À l’heure où le Royaume intensifie ses engagements en faveur d’un développement durable, la première édition des Matinées durables, organisée ce mardi 3 juin par Consonews sous le thème «Economie circulaire : Accélérer la transition vers un Maroc plus durable», a mis en lumière les défis majeurs que le pays doit encore relever pour ancrer une véritable économie circulaire.

L’événement, qui s’est tenu à Casablanca, a rassemblé des experts, industriels, représentants institutionnels et médias autour d’une réflexion commune : malgré l’adoption des stratégies nationales ambitieuses, le passage à l’action reste limité. En effet, l’économie circulaire peine à s’imposer dans les pratiques réelles en dépit d’une prise de conscience amorcée dès les années 1990.

A en croire les chiffres, plus de 8 millions de tonnes de déchets ménagers sont générés chaque année, pour un taux de recyclage inférieur à 10%. Le reste est en grande partie enfoui, à hauteur de 60%, dans les décharges souvent saturées ou mal contrôlées. S’agissant des déchets industriels, la situation n’est pas encourageante. Le taux de valorisation du plastique demeure en dessous des 11%, tandis que plus de 400.000 tonnes de déchets dangereux sont générées chaque année. La gestion de ceux-ci repose essentiellement sur des plateformes industrielles qui en l’absence d’un système national structuré tentent tant bien que mal de solutionner.

Face à cette problématique, Driss Nahya, Directeur général de Polluclean, a affirmé qu’«il serait nécessaire pour le ministère de tutelle de penser à la création d’une plateforme nationale de digitalisation pour la traçabilité et le reporting de ces déchets dangereux en vue d’un contrôle effectif». En effet, l’absence d’un tel dispositif rend difficile l’évaluation des gisements, le contrôle des producteurs et la planification d’une politique publique cohérente.

Un des principaux freins évoqués lors de ces assises concerne l’absence d’une loi dédiée à l’économie circulaire. À ce jour, aucune loi n’a été promulguée pour fixer les règles, les obligations et les incitations liées à ce modèle économique. «Certes, le Maroc dispose de nombreuses stratégies : économie verte,  développement durable, plan climat, bas-carbone, mais celles-ci restent le plus souvent lettres mortes en l’absence d’un ancrage réglementaire et d’une déclinaison opérationnelle à l’échelle locale et régionale», s’est indigné Driss Nahya.

Cette carence réglementaire pèse aussi sur la compétitivité des filières de recyclage, les rendant vulnérables aux fluctuations dues à la conjoncture économique mondiale. À titre d’exemple, lorsque le baril de pétrole est bas, les matières premières vierges deviennent plus abordables que les matériaux plastiques recyclés, décourageant ainsi les industriels à s’engager dans l’économie circulaire, a révélé Mourad Adali, vice- président de l’Association marocaine de recyclage et de valorisation des déchets plastique (AMRP).

Malgré ce contexte difficile, des exemples d’innovation existent. Certaines entreprises industrielles se distinguent par leur engagement concret dans une logique de circularité et de R&D affirmée. C’est le cas de LafargeHolcim Maroc, à travers sa filiale GeoCycle, spécialisée dans le traitement et la valorisation des déchets. Reda Boukallal, directeur de GeoCycle Maroc, explique que : «Dans l’industrie cimentière, fortement consommatrice d’énergie thermique, GeoCycle s’efforce de substituer les combustibles fossiles par des déchets valorisés. Cette approche permet non seulement de réduire la dépendance du pays aux énergies importées, mais aussi d’offrir à nos clients industriels des solutions concrètes de traitement durable de leurs déchets».

Même son de cloche chez Polluclean, qui grâce à une politique R&D, a réussi à intégrer une économie circulaire auprès de ses clients du secteur pharmaceutique. En apportant un traitement spécifique de revalorisation des médicaments périmés qui autrefois étaient destinés aux décharges.

 

Au delà des déchets

L’économie circulaire va au-delà du traitement des déchets, ont précisé unanimement les intervenants. Elle touche aussi l’aménagement urbain, la planification des espaces, et la mobilité durable. Au Maroc, notamment à Casablanca, on ne compte que 2,2 m² d’espaces verts par habitant, loin des normes de l’OMS. Seules Marrakech et Rabat s’en approchent grâce à leur héritage historique. En effet, l’urbanisation horizontale, le manque de transports publics efficaces et l’étalement urbain contribuent à accroître les émissions de gaz à effet de serre et à gaspiller des ressources précieuses. De ce fait, la mise en œuvre d’une économie circulaire suppose donc également une meilleure planification territoriale, qui intègre la densification urbaine, la préservation des espaces verts et le développement d’une mobilité durable.

In fine, la question de l’eau est indissociable du modèle circulaire. Le Maroc est aujourd’hui confronté à un stress hydrique sévère, avec un volume inférieur à 500 m³ d’eau disponible par an et par habitant, soit bien en deçà du seuil critique fixé à 1.000 m³. Dans ce contexte, la réutilisation des eaux usées traitées, l’optimisation de l’irrigation et la réduction des pertes doivent devenir des priorités absolues.

Pour un ancrage réel de cette circularité, un changement de comportement est attendu. Comme l’a souligné Hassan Chouaouta, Directeur général d’Impact plus, et modérateur lors de ladite conférence, «sans une transformation des mentalités, l’économie circulaire restera un concept théorique». L’éducation, la diffusion de la connaissance et la participation citoyenne sont des piliers incontournables de cette transition.

 

D.M.

 

 

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