«Intégration économique et convergence des marchés financiers en Afrique» : c’est le thème du 4ème Meeting sur l’information financière qui s’est tenu vendredi 7 décembre à Casablanca.
Les intervenants durant cette rencontre ont été unanimes sur un point : le continent africain est très faiblement intégré.
D’ailleurs, comme l’a souligné le DG de la Bourse de Casablanca, Karim Hajji, le taux d’intégration n’est que de 4% en Afrique. Et la faible financiarisation de l’Afrique ne permet par conséquent pas de financer le développement du continent.
Aujourd’hui, il semble donc urgent de canaliser l’épargne afin de pouvoir la libérer dans les économies locales.
D’où la nécessité d’aller vers plus de convergence, surtout face à des marchés financiers africains aussi limités que fragmentés.
Mais, malgré l’ambition d’aller vers plus d’intégration économique, «le chemin sera long», a pour sa part souligné Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), dans son allocution d’ouverture. Selon elle, réussir ce tour de force nécessite une véritable volonté politique, un cadre réglementaire harmonisé, mais aussi une certaine efficience des infrastructures de marché.
A leur niveau, des institutions comme l’AMMC, la Bourse de Casablanca ou encore Maroclear ont une stratégie régionale bien circonscrite.
L’AMMC déploie une approche régionale différenciée, eu égard aux degrés de maturité différents des places financières africaines.
De son côté, la Bourse de Casablanca, qui vient de prendre la présidence de l’Association des Bourses africaines, travaille actuellement, aux côtés de la Banque africaine de développement, sur l’interconnexion de 6 marchés boursiers africains, à travers une plateforme commune de traitement des valeurs.
Maroclear, pour sa part, a depuis longtemps fait de la coopération sud-sud l’un des axes de sa stratégie de développement. A ce titre, le dépositaire central, qui s’est hissé aux standards internationaux et a signé des mémorandums avec plusieurs pays en Afrique, travaille de plus en plus en synergie avec d’autres institutions locales comme la Bourse de Casablanca pour proposer des packages adaptés à chaque pays africain.
Tous ces acteurs se font accompagner par l’Office des changes, qui joue un rôle très important dans ce processus.
La possibilité donnée aux OPCVM d’investir 10% de leur actif net en Afrique, mais également aux régime de retraite (5% de leurs réserves) s’inscrit dans cette veine. «Nous étudions la possibilité d’élargir cette autorisation aux Organismes de placement collectif en capital», précise Hassan Boulaknadal, DG de l’Office des changes.
Toujours est-il que l’élément central pour réussir la convergence des marchés financiers reste, évidemment, les infrastructures technologiques. «En cela, le smart contract peut être fort utile pour la mise en place de cet écosystème à moindre coût, d’autant qu’il permet d’automatiser toutes les tâches fastidieuses», fait ainsi savoir Lamya Mrani Alaoui, responsable des services de pricing chez Refinitiv.
Des débats, il est ressorti un certain nombre de recommandations visant à permettre une meilleure intégration et convergence des marchés financiers africains. Elles seront consignées dans un Livre Blanc :
- Harmonisation réglementaire.
- Harmonisation des pratiques de marché.
- Accessibilité des données.
- Meilleure pratique de la communication financière afin qu’elle soit adaptée aux besoins des investisseurs étrangers.
- Communiquer en anglais, au profit des investisseurs étrangers.
- Amélioration de la gouvernance des marchés financiers.
- Favoriser l’interconnectivité des marchés.
- Harmonisation des technologies (systèmes informatiques notamment).
- Penser à faire profiter la Chambre de compensation du Maroc à d’autres pays.
- Créer un comité de veille pour voir où en sont nos concurrents, ce que nous voulons et savoir à quelle vitesse le Maroc souhaite aller vers le reste du continent.
- Inciter les groupes marocains ayant des filiales en Afrique à la double cotation.