L'artisanat marocain attire les consommateurs nationaux et internationaux en quête de produits uniques et authentiques. Afin de renforcer cette compétitivité dans un environnement économique globalisé, le Maroc investit dans des initiatives visant à moderniser les techniques artisanales, promouvoir l'innovation et soutenir l'accès aux marchés internationaux.
Par M. Boukhari
Le 4 juillet 2024 marque une date importante pour le secteur de l’artisanat. En effet, le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire ainsi que la Maison de l’artisan ont lancé la première vague des trois programmes d’appui à la compétitivité des artisans, annoncés en décembre 2023. Ces deux acteurs principaux ont vu dans cette initiative l’opportunité de répondre à la concurrence croissante et aux évolutions des modes d’achat et de consommation, tant au niveau national qu'international. À travers trois programmes distincts - le programme d’excellence, le programme d’accompagnement à l’export et le programme d’accompagnement des agrégateurs -, ils espèrent insuffler un nouvel élan à ce secteur qui contribue significativement à l’image du Royaume sur la scène internationale.
Selon les chiffres officiels, les exportations d’artisanat ont atteint 1,1 milliard de dirhams en 2023, établissant ainsi un nouveau record. Dans le détail, le programme d’excellence cible, dans une première étape, les filières «Tapis» et «Poterie & Céramique». Il permettra de structurer les unités de production en les accompagnant sur tous les maillons de la chaîne de valeur. Le programme d’accompagnement à l’export vise par ailleurs à soutenir les opérateurs en leur ouvrant la voie vers les marchés internationaux.
Quant au programme d’accompagnement des agrégateurs, il a pour objectif de renforcer les capacités d’agrégation afin d'améliorer la production et la commercialisation des artisans individuels. Ainsi, un premier groupe de 103 artisans sélectionnés bénéficiera de plusieurs formations théoriques et ateliers pratiques dans des domaines clés tels que l’accès au marché, le financement, la recherche et développement, la productivité et la digitalisation, et ce jusqu’au décembre 2024.
Sept partenaires de renom
La mise en œuvre de ces programmes repose sur une collaboration étroite entre sept partenaires de renom censés apporter aux artisans leur soutien, chacun selon son domaine d’expertise. Par exemple, la fondation internationale Label Step guidera la labellisation des artisans de la filière du tapis pour accroître leur renommée à l’échelle mondiale, tandis que l’Académie des arts traditionnels et le Centre technique du textile et de l’habillement offriront des formations techniques pour renforcer les compétences des artisans.
L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), quant à elle, mobilisera ses laboratoires de recherche au profit de certaines filières artisanales. De son côté, la Confédération marocaine des exportateurs (Comex) facilitera l’expansion des artisans sur les marchés internationaux, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de commercialisation pour leurs créations. Pour sa part, «Start Up Maroc» accueillera de jeunes entreprises artisanales pour un programme d’incubation focalisé sur leur transformation digitale. Enfin, 8 artisans triés sur le volet suivront un programme de résidence au Faenza Ceramic Center en Italie, portant notamment sur les techniques d’émaillage, de cuisson et d’amélioration de la qualité des produits de poterie/ céramique.
Mohamed Ait Yachou, président de l’Instance nationale des artisans et de l’industrie artisanale, affirme que «les programmes lancés par le ministère de tutelle seront d’une grande valeur ajoutée pour les professionnels du secteur de l’artisanat, et cela aura un impact positif sur son avenir. Toutefois, nous aurions apprécié l’organisation de journées de rencontres avec les artisans, les associations nationales, ainsi que les instances élues représentant le secteur, telles que les Chambres d’artisanat, afin de les impliquer dans le processus de réflexion et de leur permettre de présenter leurs recommandations. Ces parties travaillent ardemment pour contribuer au développement de ce secteur et lui permettre d’obtenir de bons résultats. En résumé, nous souhaitons plein succès aux travaux de ces programmes et espérons que leur mise en œuvre sera effective et efficace». Notons que pour la prochaine vague, l’appel à candidatures sera lancé à la fin de l’année en vue d’un démarrage du programme début 2025.
