La récente baisse de 6% de la taxe forestière sur les meubles importés, inscrite dans l'Article 7 «Taxe sur les bois importés» de la Loi de Finances 2025, suscite de vives réactions.
Les opérateurs du secteur s'interrogent : qui profite réellement de cette mesure, et à quel prix pour l’économie nationale ?
Au sein même du ministère de tutelle, la confusion règne. La Direction du commerce et celle de l'industrie semblent évoluer sur des trajectoires opposées, multipliant les décisions contradictoires et souvent jugées arbitraires.
En l'absence d'études préalables sur les impacts de cette réforme, les conséquences se font déjà sentir dans plusieurs secteurs, alimentant le mécontentement aussi bien chez les fabricants locaux de meubles en bois qui importent directement les matières premières, que chez les importateurs de ces matières premières destinées à ces fabricants locaux, et qui doivent s’acquitter d’une taxe, dite ‘’forestière’’, de 12% à l'entrée, alors que les importateurs de meubles finis bénéficieront, avec la nouvelle Loi de Finances, de la réduction de cette taxe à 6%.
«Nous perdons 6% de compétitivité face aux produits importés », déplorent les industriels, déjà fragilisés par un contexte économique tendu.
Ce déséquilibre pousse de nombreux acteurs à revoir leurs stratégies. «Avec cette nouvelle mesure, pourquoi continuer à investir dans la production locale de meubles et de panneaux de bois qui servent à les fabriquer ? Autant se tourner vers l'importation de produits finis, où les risques sont moindres et les marges mieux protégées», s'interrogent certains.
Cette situation illustre une nouvelle fois le manque de coordination et de vision stratégique dans la gestion de ce secteur. Pour l'heure, ni les industriels locaux ni les importateurs de matières premières en bois ne semblent trouver leur compte dans cette réforme, et la filière bois et ameublement s'enlise dans un climat d'incertitude, fragilisant davantage un secteur déjà en quête de stabilité et de vision claire.
Cette incohérence risque de freiner l'investissement local, d'augmenter la dépendance aux importations et de nuire à l'emploi dans une industrie pourtant cruciale pour l'économie nationale. Les acteurs du secteur appellent désormais à une révision urgente de cette politique, accompagnée d'une concertation approfondie avec les toutes parties prenantes, afin de redonner à la filière les moyens de se développer de manière équitable et pérenne.
Sans une réaction rapide et des ajustements appropriés, les conséquences pourraient s'étendre bien au-delà du secteur bois et ameublement. La perte de compétitivité des producteurs locaux pourrait entraîner des fermetures d'entreprises, une hausse du chômage et un arrêt systématique de l’évolution qu’a connue ce secteur.
Par ailleurs, cette réforme met en lumière une problématique plus large : la nécessité d'un arbitrage cohérant entre les intérêts des différents acteurs économiques : Comment concilier entre une régulation efficiente des importations qui restent indispensables pour réduire les coûts et favoriser la consommation, tout en protégeant et stimulant une industrie locale naissante génératrice de valeur ajoutée et créatrice d’emplois.
Face à ces défis, plusieurs experts appellent à un cadre fiscal équilibré, où taxes et incitations s'articuleraient autour d'une vision à long terme. En l'absence de telles mesures, c'est toute la chaîne de valeur du secteur qui pourrait s'effondrer, au détriment de la souveraineté économique et de la compétitivité nationale.
La balle est désormais dans le camp des décideurs, qui devront répondre aux critiques et, surtout, apporter les solutions appropriées pour restaurer la confiance des opérateurs économiques le long de cette chaîne de valeur.