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Business en Afrique de L'Est : Les risques auxquels on s'expose

Business en Afrique de L'Est : Les risques auxquels on s'expose
Afrique de lest

 

L'Afrique de l'Est présente des opportunités intéressantes : 6 milliards de dollars y ont été investis en 2015, soit un montant multiplié par 4 en moins de 10 ans. Le taux de croissance devrait s’établir à 6,6% en 2016 dans la région. Comment le Maroc peut-il percer dans ce marché où certains pays sont exposés à des tensions géopolitiques régulières ?

 

Faut-il faire du business en Afrique de l’Est ? La question est certes un peu provocatrice, mais elle mérite d’être posée, surtout à l’heure où le Maroc a mis le cap sur cette destination. Il faut en effet rappeler que lors de la récente visite royale au Rwanda et en Tanzanie, plus de 40 conventions de partenariat ont été signées, impliquant tant le public que les opérateurs économiques marocains (www.financenews.press.ma). Cet engouement est légitimé par la forte dynamique qui caractérise cette région du continent, engagée, depuis quelques années, dans un processus de transformation économique structurelle. Mieux, ces pays de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ethiopie, Djibouti, Ouganda, Rwanda, Burundi et Tanzanie), qui constituent un marché commun de près de 300 millions d’habitants pour un PIB de 266 Mds de dollars US, affichent des taux de croissance économique à faire rougir. Le taux de croissance, de 6,4% en 2015, devrait s’établir à 6,6% en 2016 dans la région. En Ethiopie, pays considéré par le Fonds monétaire international parmi les 5 économies les plus dynamiques du monde, le taux de croissance annuelle moyen sur la période 2013-2016 s’est chiffré à 9,3%. D’ailleurs, cette forte dynamique ne laisse pas les investisseurs étrangers indifférents.

Bien au contraire : 6 milliards de dollars ont été investis en 2015 dans cette région, soit un montant multiplié par 4 en moins de 10 ans. Ce sont donc autant de raisons qui poussent à s’interroger sur l’opportunité de s’intéresser à l’Afrique de l’Est. «Une analyse rapide des taux de croissance du PIB de ces pays, entre 2 et 5 fois ceux des pays de l'OCDE, permet de répondre d'emblée à la question. De fait, lorsque le Kenya, la Tanzanie et l'Ethiopie par exemple réalisent des croissances annuelles respectives de 5%, 7% et 10%, se plaçant de la sorte dans le Top 40 mondial en termes de dynamique de croissance, un rapprochement économique avec le Royaume ne peut qu'être générateur d'opportunités d'investissement intéressantes et porteuses», précise Hicham Alaoui Bensaid, directeur des Risques, de l’Information, des Sinistres et du Recouvrement chez Euler Hermès Acmar. Récemment d’ailleurs, lors d’une conférence consacrée aux opportunités qu’offre le marché de l’Afrique de l’Est, Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur Directeur général de BMCE Bank of Africa, établissement présent dans cette région à travers ses filiales au Kenya, Ethiopie, Djibouti, Ouganda, Rwanda, Burundi et en Tanzanie, est allé dans le même sens. «Il faut privilégier l’investissement pour créer une chaîne de valeur qui permettrait de booster les échanges. Surtout, cette région offre une véritable opportunité de triangulation (Maroc - UE, Chine… - Afrique de l’Est, ndlr) pour donner du sens à une démarche stratégique plus globale», a-t-il dit. Pourtant, l’instabilité politique qui caractérise certains de ces pays en fait des pays à risque et pousse à la réserve.

De plus, beaucoup d’entre eux sont relativement mal classés dans le Doing Business 2017, qui évalue 190 économies : Burundi (157ème), Djibouti (171ème), Ethiopie (159ème), Kenya (92ème), Ouganda (115ème), Rwanda (56ème) et Tanzanie (132ème). Si Hicham Alaoui Bensaid reconnaît qu’«il a longtemps existé des tensions géopolitiques, plus ou moins résolues, dans la sous-région de la corne de l'Afrique, qu'il s'agisse des problématiques des pirates de l'Océan Indien, des conflits opposant Ethiopie et Erythrée, ou encore de la guerre civile qui a longtemps prévalu au Rwanda», il nuance néanmoins ce classement. «Il convient de singulièrement nuancer le ‘‘Doing Business’’ dans ces pays, puisque, sur 47 pays africains évalués pour le compte du dernier classement Doing Business, le Rwanda se classe deuxième (soit devant le Maroc, il convient de le rappeler), le Kenya 7ème, l'Ouganda et la Tanzanie respectivement 14ème et 17ème. De fait, il ne s'agit nullement des «derniers de la classe» en termes de climat des affaires dans le continent, loin s'en faut», précise-t-il.

 

Garde-fous
Le Maroc met le cap actuellement sur une région bien loin de sa «zone de confort» habituelle, notamment l’Afrique de l’Ouest, avec laquelle il a des affinités culturelles, linguistiques… Ce qui implique non seulement de s’entourer de garde-fous,mais aussi une certaine rigueur dans l’approche et d’intégrer les codes de fonctionnement de ces marchés. «S’agissant de marchés inconnus ou presque des investisseurs marocains, il convient d'aborder une posture prudente, et c'est à ce titre que le concours d'un assureur-crédit fin connaisseur des spécificités de la sous-région, de même que celui d'organismes financiers de tout premier plan présents sur place, permettent une proximité au risque, prélude indispensable à la réalisation et au développement des transactions commerciales», avertit Bensaid.

Par ailleurs, il est indispensable d’adapter l’offre marocaine aux besoins de ces pays qui importent essentiellement du pétrole, des biens de consommation et des biens d’équipements. «Il convient, de manière méthodique et structurée, de se focaliser sur les principales importations de ces pays. Or, parmi ces dernières, se retrouvent notamment les engrais et les produits métalliques, ce qui pourrait grandement intéresser, respectivement, l'OCP et les producteurs d'acier marocains, a fortiori dans un contexte de surcapacités sur le marché marocain des métaux», analyse Bensaid. Ajoutant qu’«en outre, le Maroc peut également continuer à exporter son expertise financière, mais également, et l'on n'en parle certainement pas assez, son expertise croissante en termes de maîtrise d’ouvrages. En effet, tout le savoir et la courbe d'expérience accumulés depuis 15 ans, du fait du développement de grands projets d'envergure (ports, autoroutes, terminaux d'aéroports…), peuvent parfaitement être transmis à des pays en pleine refonte de leurs infrastructures».
C’est dire que le Maroc dispose de fenêtres de tir pour se faire une place de choix en Afrique de l’Est. Mais, convenons-en, la tâche ne sera pas facile, surtout que ce sont des économies où, déjà, les Indiens et les Chinois ont pris une belle longueur d’avance.


Euler Hermes Acmar : Expérience probante en Afrique de l’Est
En tant que hub en matière de gestion du risque sur l'ensemble du continent africain, d'Euler Hermes Acmar couvre déjà des engagements sur plus de 1.200 entreprises de ces pays, pour un total de garanties excédant les 5,5 milliards de dirhams, réparties entre les différents assurés du Groupe. «Il s'agit donc, de fait, de pays que nous connaissons et suivons depuis de nombreuses années», fait remarquer Hicham Alaoui Bensaid.
D. William

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