Les exploitants trouvent des difficultés pour le démarrage de la prochaine saison.
Hausse record des importations céréalières.
Comme attendu, la production céréalière définitive au terme de la saison 2019-2020 ne trahit pas les prévisions.
Elle est fixée à 32 millions de quintaux, soit une baisse de 39% par rapport à la campagne précédente qui a été considérée comme très moyenne (52 millions de quintaux).
Cette campagne est en recul de 57% comparativement avec les hypothèses de la Loi des Finances 2020. Selon le ministère de l’Agriculture, ce résultat est dû essentiellement à une mauvaise répartition de la pluie dans l’espace et dans le temps.
Il souligne que la pluviométrie s’est limitée à 239 mm à fin mai 2020, ce qui représente une baisse de 31% par rapport à la moyenne de 30 ans (348 mm) et de 19% par rapport à la campagne précédente (295 mm) à la même date.
Le retard et l’insuffisance des pluies ont poussé plusieurs exploitants à réserver leurs parcelles pour le cheptel comme parcours naturel afin de réduire les coûts de l’alimentation de bétail et ne pas s’engager dans des frais considérables.
Dès lors, le nombre de terres emblavées n’a pas dépassé 4,34 millions d’hectares.
Alors qu’en période normale, la superficie culmine à plus de 5,3 millions d’hectares.
Les contreperformances de la campagne agricole devraient avoir des répercussions négatives à plusieurs niveaux.
Outre le taux de croissance tiré vers le bas, accentué en cela par la crise de la Covid-19, la faiblesse des récoltes devrait impacter profondément les revenus des fellahs et le monde rural.
Face à une trésorerie en net retrait, les exploitants devraient trouver beaucoup de difficultés pour démarrer la prochaine saison et assurer les investissements nécessaires.
L’Etat sera appelé à la rescousse pour venir en aide aux paysans, notamment à travers des subventions ou des crédits pour financer l’achat des semences, des intrants et payer les frais d’emblavement.
Pour leur part, les éleveurs sont confrontés à un renchérissement sans précédent de l’alimentation de bétail. La plupart des produits ont connu une hausse des prix de plus de 60%.
Un retard des pluies au cours de la prochaine période automnale devrait compliquer davantage leur situation.
Par ailleurs, il faut noter que les médiocres récoltes poussent le Maroc à multiplier ses importations céréalières.
Elles ont connu une importante croissance sur les 7 premiers mois de l’année 2020.
D’après les dernières données publiées par l’Agence nationale des ports (ANP), les importations ont augmenté de 49,8 % sur ladite période pour se chiffrer à 5,9 millions de tonnes. Un niveau record jamais atteint auparavant. Cette hausse devrait se poursuivre pour le reste de l’année et le début de 2021.
Face à la faiblesse des récoltes (17,7 millions de quintaux de blé tendre, 7,9 millions de quintaux de blé dur et 6,4 millions de quintaux d’orge), les importations devraient concerner toutes les céréales et les légumineuses.
Elles vont surtout exploser pour le blé tendre et atteindre 6,2 millions de tonnes.
Pour sa part, la facture céréalière devrait culminer à plus de 12 milliards de DH, pesant lourdement sur la balance commerciale et les avoirs en devises.
Charaf Jaidani