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Cannabis licite : Un tremplin pour l’économie et la santé marocaines

Cannabis licite : Un tremplin pour l’économie et la santé marocaines

Plusieurs avancées ont été réalisées afin d’entamer une transformation de la chaîne de valeur du cannabis vers un modèle licite et organisé qui se focalise sur la valorisation médicinale de cette plante. L'impact de cette filière sur le plan économique, social et en matière de rayonnement international est très important.

 

Par M. Ait Ouaanna

Depuis plusieurs années, le Maroc est mondialement reconnu pour être l'un des plus grands producteurs de cannabis. Cependant, ce statut est souvent associé à une production illégale et à des trafics illicites. En 2021, un tournant historique a été amorcé avec l’adoption de la loi 13-21, légalisant l’usage du cannabis à des fins industrielles et pharmaceutiques.

Cette décision marque une étape majeure, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités économiques et médicales. En effet, la loi 13-21 relative aux usages licites du cannabis encadre strictement la culture, la production et la commercialisation de cette plante. Ainsi, les agriculteurs doivent obtenir des licences spécifiques, et trois provinces seulement sont autorisées à cultiver et produire le cannabis, à savoir Al Hoceïma, Chefchaouen et Taounate. Cette limitation géographique vise à maintenir un contrôle sur le marché.

Nouveau relais de croissance

«La loi n°13-21 relative à l'usage licite du cannabis à des fins médicales constitue une véritable opportunité pour le développement des investissements autour de cette activité et l'amélioration des conditions de vie de la population engagée dans cette culture. Le Maroc a ainsi donné son feu vert à la culture, à la transformation et à la vente de cannabis sous licence, ouvrant ainsi de nouveaux horizons pour l'industrie pharmaceutique et l'agriculture», souligne Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP). Ce dernier intervenait lors d’un atelier de travail organisé le 17 mai 2024 à Casablanca par la Fédération sous le thème : «La règlementation du cannabis au Maroc et ses vertus médicinales».

Dans le même ordre d’idées, El Bouhmadi a relevé que cette réglementation promet de stimuler l'économie et de favoriser la recherche médicale et industrielle, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles possibilités de développement pour le pays. «Les applications du chanvre tant industrielles que médicales sont nombreuses et pleines de vertus. Il s’agit notamment de l'isolation thermique dans le BTP, les applications cosmétologiques et agroalimentaires à base d'huile de CBD (Cannabidiol), la production de textiles techniques de haute qualité et écologiques, les applications en papeterie ou en chimie, etc. Et face à la pénurie des matières premières que nous vivons actuellement, il pourrait être considéré comme un nouveau relais de croissance pour nos industries. Ajoutons à cela les multiples applications médicales et pharmaceutiques», explique t-il.

Et de poursuivre : «Ce segment en particulier, en pleine expansion, pourrait générer un flux de revenus annuel de 4,2 milliards à 6,3 milliards de DH d'ici 2028 si le Maroc parvenait à atteindre une part de marché européenne de 10-15%... Nous en sommes pleinement capables, notamment après les efforts déployés par l'Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), la Direction des médicaments et de la pharmacie (DMP) et les professionnels du secteur qui se sont concrétisés par la publication par le ministre de la Santé et de la Protection sociale des circulaires. Celles-ci fixent les dispositions réglementaires, établissent les exigences pour l'enregistrement des médicaments, des compléments alimentaires et des cosmétiques à base de cannabis et/ou de ses dérivés».

Selon les dernières données de l’ANRAC, à la date du 23 avril 2024, 2.905 autorisations ont été délivrées sur un total de 2.942 demandes examinées en 2024, contre 609 autorisations en 2023. Dans le détail, 2.737 autorisations ont été octroyées en 2024 à 2.637 agriculteurs des trois zones précitées, et 168 autorisations à 61 opérateurs, dont 1 établissement pharmaceutique, 16 coopératives, 37 sociétés et 7 personnes physiques. Pour ce qui est des superficies semées en cannabis à Taounate, Chefchaouen et Al Hoceima, celles-ci s’élèvent à 757 hectares pour la semence Beldia, pour un total de 903 agriculteurs. S’exprimant autour du cadre légal de l’usage du cannabis au Maroc, Mohamed El Guerrouj, Directeur général de l'ANRAC, a précisé que l’arsenal juridique est désormais prêt et que l’ensemble des textes d’application ont été publiés en une année. Dans cette même veine, il a indiqué que la loi 13-21 cible particulièrement les petits agriculteurs qui, autrefois, produisaient du cannabis de manière illicite et qui passeront maintenant à un cadre légal.

«La loi est très claire et précise les conditions et les pièces à fournir, mais il est important de souligner que l'éligibilité d’un agriculteur ne suffit pas pour qu’il puisse avoir l’autorisation. Ce dernier doit obligatoirement avoir un contrat avec l’opérateur qui va par la suite acheter la production, la transformer, la commercialiser ou l'exporter», insiste-t-il. El Guerrouj a en outre détaillé les 9 activités autorisées en matière d’usage du cannabis, à savoir la culture et la production, la création et l’exploitation de pépinières, l’exportation et l’importation des semences, la transformation, le transport, la commercialisation, ainsi que l’importation et l’exportation du cannabis.

 

Aucune importation autorisée pour l’instant

Pour ce qui est de l’importation, le DG de l’ANRAC a révélé que «jusqu’à présent, aucune importation ni du cannabis ni de ses produits n’est autorisée. Nous n’avons pas encore finalisé avec l’administration des douanes le cahier des charges requis; et tant mieux; puisque nous aurons le temps de valoriser notre production nationale et lui permettre d’être plus compétitive. Nous sommes actuellement en train de travailler avec la douane pour établir la nomenclature requise par rapport à l’importation».

De son côté, Aziz Mrabti, directeur du médicament et de la pharmacie, a souligné que son département aspire à accompagner le développement du secteur du cannabis, de mettre en place un écosystème viable et potentiel pour le Royaume, et à apporter des réponses aux patients qui ont besoin de ces produits. S’agissant des procédures d'enregistrement des médicaments à base de cannabis et de ses dérivés, Aziz Mrabti souligne que «nous avons mis en place une procédure simplifiée pour l’enregistrement de ces produits afin de faciliter la tâche aux industriels pour développer cette filière. Ce volet a fait l’objet de plusieurs réunions techniques avec l’ensemble des acteurs, et nous avons finalement mis en place cette procédure évolutive en fonction du développement».

Pour ce qui est des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle, Aziz Mrabti a précisé que jusqu’à présent, 4 commissions ont été réalisées, avec 10 produits dont le certificat d’enregistrement a été attribué. Concernant les compléments alimentaires, 2 commissions ont été réalisées avec 9 certificats d'enregistrement. «Suite aux instructions du ministre, ces produits bénéficient d’un circuit particulier au sein de la DMP», ajoute-t-il. En plus des contributions dans le secteur industriel, le cannabis médical apparaît comme un nouvel espoir pour le domaine de la santé, proposant une large gamme de bienfaits thérapeutiques et apportant une dimension inédite à la prise en charge des patients. Lors de cet événement organisé par la FMIIP, des experts en médecine ont affirmé que ce produit offre des solutions alternatives et complémentaires aux traitements conventionnels. Il s’agit notamment de la gestion de la douleur chronique, de l'amélioration des symptômes de troubles neurologiques ou encore de l'atténuation des troubles mentaux. 

 

 

 

 

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