Faut-il faire du business au Maroc ? Pas besoin d’être un clerc pour savoir la réponse que donnerait le chef de gouvernement à cette interrogation.
D’ailleurs, c’est de façon presque jubilatoire que Saad Eddine El Othmani s’exprime sur le climat des affaires au Maroc. Et il faut dire qu’il ne manque guère d’arguments.
Tendance haussière des investissements directs étrangers (34,4 milliards de dirhams en 2017), gain de 9 places du Maroc dans le Doing Business par rapport à l'année précédente (69ème à la 60ème position sur 190 pays), pour occuper le second rang dans la région MENA et le troisième en Afrique, facilitation de la relation Entreprise – Administration… sont autant de motifs de satisfaction dont a fait état El Othmani, lundi, devant les parlementaires.
Objectivement, il faut reconnaître que le Royaume a mis, ces dernières années, les bons ingrédients qui lui permettent, actuellement, de revendiquer un environnement des affaires plus fluide. Comme en témoigne notamment le gain de 68 places depuis 2010, date à laquelle il pointait au 128ème rang.
L’objectif du gouvernement est néanmoins de faire encore mieux, surtout que l’ambition est d’occuper la 50ème position dans l'indice du «Doing Business» d'ici 2021. Une gageure ?
El Othmani y croit en tout cas. A la faveur notamment des actions qui seront menées, dont l'élaboration d'une vision globale pour développer une stratégie nationale d'amélioration du climat des affaires, sur laquelle travaille en ce moment le Comité national de l'environnement des affaires.
Un mécanisme de travail conjoint entre public et privé pour le développement économique et la création d'opportunités d'emploi est également dans le pipe.
Autant d’initiatives qui devraient permettre de faire du business autrement au Maroc.
Car, convenons que tout est loin d’être rose.
Le Royaume souffre encore de tendances de fond lourdes qui plombent le climat des affaires.
La corruption, aux effets dévastateurs, en est une. Comme l’est la gouvernance des centres régionaux d’investissement, qui sont d’ailleurs en train d’être réformés en profondeur.
Autres faiblesses qui nuisent à l’environnement des affaires : le manque de cohérence des politiques publiques, le système fiscal, toujours aussi décrié, ou encore l’allongement des délais de paiement, auquel on n’arrive pas encore à apporter de réponse appropriée.
Il y a donc du boulot pour gagner 10 places en 3 ans dans le Doing Business.■
D. W.