Le Roi Mohammed VI veut que l’espace géopolitique qu’est la façade atlantique du Sahara marocain fasse l’objet d’une structuration de portée africaine.
Par D. William
Le discours prononcé par le Roi Mohammed VI à l'occasion de la célébration du 48ème anniversaire de la Marche verte a eu forte résonnance. Il met en exergue, encore une fois, les aspirations profondes du Royaume pour un avenir prospère, tout en soulignant son engagement inébranlable en faveur de l'intégrité territoriale.
Cette allocution solennelle commémore un événement historique, la Marche verte, qui a marqué le point culminant de la lutte du Maroc pour la préservation de son territoire, devenant un pilier de l'identité nationale. L'importance cruciale de cet épisode dans l'histoire du Maroc ne peut être dissocié d’une constante de la Nation : aucun compromis sur la marocanité du Sahara et l'engagement indéfectible des Marocains pour la défense de leur territoire face à toute menace ou prétention.
Ce rappel historique revêt une signification particulière, car il renforce le sentiment d'unité et d'attachement du peuple marocain à sa souveraineté territoriale, surtout face aux manœuvres et complots qu’ourdissent constamment les ennemis du Royaume, qu’il soient visibles ou tapis dans l’ombre. Des agissements qui n’empêchent guère le Maroc de poursuivre résolument son processus de construction et de modernisation, en faisant des provinces du Sud un véritable pôle de développement économique, à la faveur du programme de 77 Mds de DH pour la région.
«(…) Ce programme de développement intégré est conçu pour initier une véritable dynamique économique et sociale dans la région. Sa vocation est de stimuler, dans ces territoires, la création d’emplois, d’y assurer un climat propice à l’investissement, de les pourvoir des infrastructures et des équipements qui leur sont nécessaires. Ce projet ambitieux répond exactement aux préoccupations et aux attentes de la population des Provinces du sud», a rappelé le Souverain dans son allocution à l’occasion du 47ème anniversaire de la Marche verte, le 6 novembre 2022.
Plus récemment, en mai dernier, le vice-président de la région Laâyoune- Sakia El Hamra, M’hamed Abba, confirmait, lors d'un séminaire à Bali, cette dynamique que connaît la région. Selon lui, le Maroc a investi près de 29,12 Mds de DH à Laâyoune-Sakia Al Hamra pour 90 projets de développement. D'autres projets y ont été initiés, dont notamment la voie express Tiznit-Dakhla pour un investissement de 10 milliards de dirhams, une technopole à Foum El Oued avec une université pluridisciplinaire, un lycée d'excellence, une faculté de médecine, et un Centre hospitalier universitaire d'une capacité de 500 lits.
Pour Abba, grâce à ces réalisations, les provinces du Sud se placent en tête de liste par rapport aux autres régions du Royaume. La région affiche en effet un taux de croissance annuel de 10,9% en 2021. Le PIB par habitant atteint 52.301 dirhams à Dakhla et 27.442 dirhams à Laâyoune. L’attractivité de la région a séduit une trentaine de pays qui ont ouvert des représentations diplomatiques à Dakhla et Laâyoune pour tirer profit des opportunités d'investissement qu’elles offrent. Cette région s’est, de fait, érigée en pôle économique répondant aux standards internationaux, tout en devenant un trait d’union entre le Maroc, l'Afrique et l'Europe.
Le duo Maroc-Afrique atlantique
La coopération avec le reste du continent africain, inscrite dans une logique win-win, reste une priorité dans l’agenda économique du Maroc. Aujourd’hui, l’idée est d’exploiter au mieux le versant atlantique du Royaume, qui lui ouvre justement un accès complet sur l’Afrique, pour donner une impulsion autrement plus importante au partenariat sudsud. «C’est la raison pour laquelle nous sommes déterminés à entreprendre une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique du Sahara marocain. Nous sommes également attachés à ce que cet espace géopolitique fasse l’objet d’une structuration de portée africaine. Notre souhait est que la façade atlantique devienne un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international», souligne le Souverain dans son discours.
Cette ambition légitime implique cependant de surmonter un certain nombre de défis liés, entre autres, aux déficits en termes d’infrastructures et d'investissement auxquels est confrontée l'Afrique atlantique. Le projet stratégique du gazoduc Maroc-Nigéria est une première réponse à ces déficits, en ce qu’il vise à renforcer l'intégration régionale et à «enclencher une dynamique propice au développement de la bande atlantique».
Le développement commun, c’est donc ce sur quoi mise le Maroc pour résoudre les difficultés et les problèmes que rencontrent les Etats du Sahel, notamment en termes d’infrastructures. Et c’est pourquoi, informe le Roi, le Royaume «est disposé à mettre à leur disposition ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires». Une initiative qui s’inscrit dans l’esprit de la coopération MarocAfrique prônée par le Souverain, et qui se décline en «un co-développement fondé sur la coopération intra-africaine et la complémentarité économique, sur la solidarité active et la mutualisation des moyens et des efforts». Ce n’est pas pour rien que depuis l'an 2000, le Maroc a conclu, dans différents domaines de coopération, plus de 1.000 accords avec les pays africains.