L'économie mondiale fait face à la menace la plus grave depuis la crise financière de 2008, suite à l'apparition du Covid-19 en Chine, puis sa propagation dans plusieurs pays à travers le monde, a alerté l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Dans un rapport publié lundi à Paris, l’OCDE revient sur les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus sur l’activité et revoit ses prévisions de croissance pour 2020 nettement à la baisse.
«L’économie mondiale est en danger», soulignent les auteurs de ce rapport, alors que la maladie a «déjà engendré des souffrances humaines considérables, ainsi qu’un grand chambardement économique».
L'organisation fait, ainsi, passer sa prévision de croissance mondiale de 2,9 à 2,4% pour 2020. La croissance mondiale devrait ensuite grimper à 3,3% en 2021, selon l'OCDE qui appelle les États à rester vigilants face à l’évolution de la situation, et leur conseille de se tenir prêts à agir, le cas échéant, pour renforcer leurs dispositifs sanitaires et dynamiser l’activité.
Dans ce rapport, l’OCDE met en avant deux scénarios principaux envisageables.
Le premier, «optimiste», considère que l’épidémie atteindra un pic au premier trimestre 2020, avant de baisser en Chine le trimestre suivant et que sa diffusion dans le reste du monde sera relativement contenue.
Conformément à ce premier scénario, la croissance globale sera limitée de 0,5 point de pourcentage cette année, par rapport aux dernières prévisions datées de novembre 2019 : elle atteindrait alors 2,4% au lieu des 2,9% envisagés jusqu’alors. En outre, le commerce mondial baisserait de 1,4% au premier semestre et de 0,9% sur l’ensemble de l’année.
Le second scénario, plus «alarmiste», met en exergue «une contagion domino», largement diffusée et difficilement contrôlée.
Dans ce cas, l’effet sur le PIB mondial pourrait monter à 1,5%, réduisant de moitié la projection précédente de l'OCDE pour 2020 par rapport à novembre dernier.
Dans les deux cas, l'OCDE appelle les gouvernements à agir immédiatement pour limiter la propagation du coronavirus, protéger les personnes et les entreprises de ses effets et renforcer la demande dans l'économie.
Présentant le rapport, l'économiste en chef de l'OCDE, Laurence Boone, a déclaré que «le virus risque de porter un nouveau coup à une économie mondiale déjà affaiblie par les tensions commerciales et politiques. Les gouvernements doivent agir immédiatement pour contenir l'épidémie, soutenir le système de santé, protéger les personnes, soutenir la demande et fournir une bouée de sauvetage financière aux ménages et aux entreprises les plus touchés».
«Les perspectives indiquent que le travail flexible devrait être utilisé pour préserver les emplois. Les gouvernements devraient mettre en œuvre des mesures fiscales et budgétaires temporaires pour amortir l'impact dans les secteurs les plus touchés par le ralentissement tels que les voyages et le tourisme, ainsi que les industries automobile et électronique», a-t-il indiqué.
Dans les pays les plus touchés, des liquidités adéquates doivent être fournies pour permettre aux banques d'aider les entreprises aux prises avec des problèmes de trésorerie pendant que des mesures de limitation sont en vigueur, ajoute-t-il.
Si l'épidémie se propage largement, les économies du G20 devraient diriger un cadre coordonné au niveau international pour le soutien des soins de santé, combiné à des mesures de relance budgétaire et monétaire coordonnées pour rétablir la confiance, préconise l’OCDE.■