Après deux années sous le coup d’une pandémie planétaire, l’économie mondiale entame sa troisième année de crise, avec des chiffres qui contredisent, dans leur majorité, toutes les prévisions de 2020. Nous sommes en droit de nous poser cette question qui s’impose d’elle-même en ce début d’année : jusqu’à quel point la pandémie de Covid-19 affectera-t-elle l’économie mondiale en 2022 ?
La première réponse vient du Forum économique mondial, qui a eu lieu du 17 au 21 janvier 2022, à Davos, en Suisse. Nous pouvons lire en substance dans le rapport final du WEF que certains pays vont renouer avec une croissance solide en 2022, alors que d’autres seront en grande difficulté pendant de longues années : «D’ici à 2024, les économies avancées devraient dépasser de 0,9% le niveau de croissance anticipé avant la pandémie, tandis que les économies en développement (hors Chine) seront de 5,5 % au-dessous.»
Des prévisions confirmées en partie par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans une note publiée en décembre 2021 : «la croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial devrait passer de 5,6% en 2021 à 4,5% en 2022, puis à 3,25% en 2023.» Cela rejoint ce qu’affirment plusieurs économistes et analystes financiers qui insistent sur le fait que l’économie mondiale ne devrait pas rattraper avant fin 2023 son niveau d’avant la pandémie de Covid-19, et ce, avec un redressement beaucoup plus rapide dans les économies avancées que chez les émergents et les pays pauvres.
Dans ce sens, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les États-Unis ont enregistré en 2021, en pleine crise du Covid-19, qui a touché plus de 73 millions d’Américains faisant presque 1 million de morts, leur plus forte croissance depuis 1984. Une croissance portée par les plans de relance massifs et la vaccination. Il faut ici préciser que cette embellie économique et financière fait suite à la contraction historique de 2020, sous l’effet de la crise sanitaire liée au Covid-19. Le PIB américain a reculé de 3,5%, sa plus forte baisse depuis 1946. D’une extrême à l’autre, la première économie mondiale a flirté avec le creux et la crête de la vague, avec cependant ce casse-tête inextricable pour l’économie américaine qu’est le chômage posant un réel problème pour la relance et pour la consommation des ménages.
Dans le même temps, et sur l’ensemble de l’année 2021, la croissance chinoise (+8,1%) reste supérieure à toutes les autres économies mondiales, loin devant les USA et la zone Euro.
En ce qui concerne les autres économies mondiales, les conclusions du Forum économique mondial versent toutes dans le sens d’une situation alarmante, résultat direct de l’aggravation des disparités entre les pays, une conséquence inévitable de la crise du Covid-19. Dans ce sens, il faut souligner que ces inégalités entre États sont profondément inquiétantes surtout en ce qui se réfère aux politiques vaccinales mises en place par les différents pays. En effet, alors que la moitié de la population mondiale n’est toujours pas vaccinée et que «dans les cinquante-deux pays les plus pauvres – qui abritent 20% de la population mondiale –, seulement 6% de la population ont été vaccinées», la reprise peut prendre plusieurs années et la crise s’installe déjà dans la durée pour de nombreux pays africains, en Asie et en Amérique du Sud.
Dans ce paysage à plusieurs géométries variables, l’économie marocaine tire son épingle du jeu, à l’exception du secteur stratégique du tourisme, qui paie un lourd tribut à la pandémie et la fermeture des frontières. Avec une croissance de 6,7% en 2021, le pays laisse derrière lui la récession de 2020 estimée à 6,3%.
Bank Al-Maghrib table sur une croissance de 2,9% en 2022 qui pourrait atteindre les 3,4% en 2023. Un retour à la normale est donc prévu pour renouer avec une décennie d’embellie entre 2010 et 2019, avec une croissance moyenne de 3,5 %.
Dans une large mesure, les économies des grandes puissances mondiales n’ont pas cédé face à la gravité de la crise. Pour les grandes firmes et les grands groupes au monde, la crise est même une période très rentable comme c’est le cas, à titre d’exemple, du groupe LVMH, qui a connu une année record en 2021, avec 64 milliards d’euros de ventes et un bénéfice net de 12 milliards d’euros.
Ce qui est également le cas de dizaines d’autres géants mondiaux qui voient leurs bénéfices nets exploser par temps de grave crise sanitaire. Ce qui est aussi le cas du Maroc, qui s’en sort très bien réagissant bien aux effets de la crise, avec des prévisions optimistes pour les prochaines années.
Par Abdelhak Najib, Ecrivain-Journaliste