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Croissance 2021 : Faut-il tabler sur la demande intérieure ?

Croissance 2021 : Faut-il tabler sur la demande intérieure ?

◆ La reprise sera perturbée en l’absence de visibilité concernant la campagne de vaccination.

◆ Le comportement de la saison agricole est un élément déterminant pour booster la dépense des ménages.

 

Par C. Jaidani

 

L’année 2020 s’est soldée par un net recul du PIB estimé par le HCP à 5,8% et la Banque mondiale à 6,3%. L’Etat table sur 2021 pour relancer la croissance. Certaines prémices de la reprise existent déjà, mais elles restent toutefois fragiles.

Face à une conjoncture internationale difficile, aux effets de deux années successives de sécheresse et des contreperformances de plusieurs secteurs d’activité, la demande intérieure, qui est un véritable moteur de la croissance de l’économie nationale, se trouve confrontée à différentes contraintes. La demande de consommation et d’investissement des ménages et de l’Etat reste, dans ce cadre, un paramètre clé.

Selon les prévisions du haut-commissariat au Plan (HCP), la demande intérieure devrait enregistrer un accroissement de 5% en 2021, après un recul de 6,7% en 2020, avec une contribution positive de 5,4 points à la croissance.

«Sous différents facteurs, les estimations du HCP peuvent être révisées à la hausse ou à la baisse. Par exemple, le comportement de la campagne agricole sera déterminant du fait que 40% de la population marocaine sont installées dans le milieu rural. Ces personnes dépendent en grande partie de l’agriculture. Avec une bonne pluviométrie, les revenus des ménages dans ces zones peuvent accroître sensiblement et une bonne partie des dépenses sera dédiée à la consommation. L’effet d’entraînement du secteur sur plusieurs branches d’activité n’est plus à démontrer, notamment le commerce ou le transport», souligne Mohamed Amrani, économiste et professeur universitaire. Au niveau national, la reprise prévue devrait rétablir progressivement la confiance des ménages.

«La consommation des ménages devrait ainsi croître de 3,9% en volume, après une contreperformance enregistrée en 2020, contribuant positivement à la croissance de 2,2 points», note le HCP.

«Cette performance reste tributaire de la maîtrise de la pandémie de la Covid-19. Avec l’apparition du variant britannique du virus et l’absence de visibilité quant au démarrage de la campagne de vaccination, il est fort probable que la reprise sera perturbée au moins durant le premier semestre de 2021. Certains secteurs comme le tourisme, la restauration et l’évènementiel seront toujours en déclin, enregistrant un niveau élevé de chômage et, bien entendu, une nette baisse de revenu des personnes qui exercent dans ces activités», révèlé Amrani.

Les dépenses publiques, notamment de l’Administration, devraient donner une impulsion à la reprise économique. Le HCP prévoit que «la consommation des administrations publiques s’améliore de 5,7%, contribuant de 1,3 point à la croissance du PIB. Au total, la consommation finale nationale augmenterait de 4,4%, ramenant sa contribution à la croissance du PIB à 3,4 points au lieu d’une contribution négative de -4,1 points en 2020».

«Si la consommation devrait reprendre graduellement, l’investissement, quant à lui, reste tributaire d’une politique de relance budgétaire, d’une reprise de confiance et de plus de visibilité quant aux perspectives de l’avenir», estime le HCP.

De son côté, Amrani précise que «le gouvernement a opté pour une politique d’austérité pour maîtriser ses dépenses publiques et faire face à la crise, surtout celles relatives à la consommation des administrations publiques. Pour l’investissement, il est primordial que l’Etat mette le paquet et accélère l’octroi des marchés publics. Cela permettra de faire tourner rapidement la machine économique et de réanimer certaines activités fortement pénalisées par la crise, comme le BTP».

 

 

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