Entre 2020 et 2022, l’économie nationale a enregistré une perte nette de 75 mille postes d’emploi en moyenne, tandis que la population en âge d’activité a continué sa tendance haussière.
Le haut-commissariat au Plan (HCP) a organisé, mardi 30 mai à Rabat, une conférence de presse dans laquelle il a été procédé à la présentation du «Compte satellite de l’emploi (CSE)». Ce dernier constitue le cadre d’une base de données inédite au Maroc et en Afrique, conçue pour une meilleure compréhension du marché du travail en rapport avec les structures productives.
A cette occasion, Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan, a précisé que «les résultats du CSE ne font que refléter l’image de notre structure productive, et mettent en exergue le rôle majeur que joue toujours le secteur de l'agriculture dans la détermination de la croissance et de l'emploi en contribuant à hauteur de 12% à la valeur ajoutée totale tout en employant 39,7% de l'emploi total. L'emploi dans ce secteur, qui ne s'améliore et ne se modernise que très faiblement, reste peu rémunéré et peu qualifié et majoritairement informel en représentant d’ailleurs 97% de l'emploi dans ce secteur».
De même, il en ressort que le taux de féminisation de l'emploi qui atteint seulement 29,7% au niveau national demeure encore loin de la parité. «Ce taux risque de baisser encore avec les mutations de l'emploi agricole. En effet, la faible qualification des femmes actuellement en emploi et la concentration d'une grande partie du travail féminin dans les aides familiales du secteur de l'agriculture augmentent le risque d'inactivité avec la libération du surplus de main-d'œuvre agricole», a-t-il poursuivi.
C’est ainsi que les résultats du CSE donnent une nouvelle illustration de la précarité de l’emploi féminin qui est sous représenté dans les emplois à forte qualification en termes qualitatif et quantitatif, où la proportion des femmes occupant des postes de cadres et de techniciennes ne dépasse pas 15% de la population féminine occupée, tandis que 71% sont des manœuvres.
Par ailleurs, le Maroc a connu une détérioration de la capacité de création d’emploi. De fait, la moyenne de création d’emploi est passée de 156 mille à 63 mille postes d’emploi entre 2000 et 2010, et 2011 et 2019.
Prédominance du travail informel
L’informel entraîne d’importantes disparités en termes de durée de travail, de rémunération et de productivité. «Les employés informels travaillent en moyenne annuelle 145 heures de plus que leurs homologues formels, tout en recevant une rémunération moyenne cinq fois inférieure. De plus, en termes de productivité apparente du travail, celle des employés formels demeure 3,7 fois supérieure à celle des employés informels», affirme Lahlimi.
En conclusion, le HCP met l’accent sur la nécessité de saisir l’opportunité démographique dont bénéficie le Royaume en offrant plus d'opportunités de travail. Et ce à travers une série de mesures, notamment :
- Développer les secteurs à forte élasticité d’emploi;
- La réussite des transformations structurelles de l’économie nationale et le développement d’une industrie moyennement productive et intensive en emploi;
- Réussir une meilleure intégration de l’industrie dans l’économie domestique.