2020, 2021, 2022, c’est la passe de trois. Déjà, nous avons eu à déplorer deux saisons estudiantine et écolière, avec un cafouillage dans tous les sens, zigzagant entre présentiel, présentiel à minima, distanciel et autres variations sur le thème de l’école au rabais. Nous y sommes, avec une saison 2022, qui va emboîter le pas aux deux précédentes, avec des hésitations, des reports, des vacances prolongées, des déclarations contradictoires, bref des couacs à l’encontre de l’élève et de ses parents. Du 3 septembre au 10 septembre, pour prendre le large jusqu’au 1er octobre, ce qui n’est pas sûr encore une fois.
Trois saisons dans la vie d’un enfant, c’est une énorme perte de temps et d’énergie irrattrapables. Déjà que les écoles, toutes tendances confondues ne sont pas toutes à la pointe de l’apprentissage du savoir et des connaissances, déjà que de très nombreux établissements n’ont d’école que le nom et les murs qui se fissurent, déjà que pour assurer un soi-disant avenir (qui demeure improbable) à ses enfants, il faut décaisser lourdement pour bénéficier d’une soit-disant égalité des chances, déjà que les parents ne croient presque plus en les valeurs de l’éducation nationale à la marocaine, avec tous les travers et les dérives qu’elle traîne, déjà que la pandémie a augmenté les décrochages scolaires.
Comment accepter encore une nouvelle année qui risque d’être tout aussi blanche que les deux précédentes ? Voici une autre année scolaire qui va démarrer dans le doute. D’abord, la peur et l’angoisse d’envoyer son enfant à l’école, au collège ou au lycée sachant que la Covid-19 fait toujours de très nombreuses victimes et que dans certains établissements scolaires, de nombreux cas ont été déclarés, ce qui pousse les responsables à fermer les portes en attendant d’y voir plus clair.
A titre d’exemple, les écoles américaines qui ont commencé fin août et qui ont décidé de revoir leur copie en demandant aux enfants de rester chez eux. Wait and see. Avec le Perhaps en guise de réponse à toutes les attentes.
Pourtant, les parents ont payé. Ils sont passés à la caisse, comme d’habitude. Ils ont aussi dépensé un argent fou en fournitures scolaires. Résultat des courses : la situation n’est pas si claire qu’il n’y paraît, le mieux à faire est d’arrêter de dispenser les cours.
Pensez-vous franchement que les enfants vont apprendre quoi que ce soit de valable et de sérieux en restant à la maison ? Franchement ? Il faut être logique et réaliste. Les gosses vont passer un temps fou sur des tablettes, sur des smart choses, sur des écrans, ils vont jouer et passer le temps comme ils le peuvent. Et les cours ? Et les devoirs ? On s’en acquitte en faisant semblant. Parce qu’il ne faut pas nous sortir cette phrase magique qui dit que les parents doivent aider leurs enfants.
Les parents travaillent. Ils passent 12 heures dehors. Ils sont éreintés et fatigués. Ils ne sont pas formés pour assister leurs enfants en remplacement des enseignants. Ils font ce qu’ils peuvent, mais, croyez-le, c’est très loin d’être suffisant, encore moins efficace, de quelque manière que ce soit. Dans les autres écoles, c’est la même rengaine.
De leur côté, les écoles françaises s’engagent à dispenser les 36 semaines de cours requises. C’est bien beau, mais comment ? Avec quelles modalités ? Dans quelles conditions ? Avec quelle efficacité ? Et avec quels résultats en termes d’acquisition du savoir et des connaissances ? Car, il ne suffit pas de passer un examen et de réciter une leçon pour se dire que nous avons appris quelque chose ou que nous avons eu une année scolaire digne de ce nom.
On le voit bien, l’un dans l’autre, tout le monde est logé à la même enseigne. Attendons le 1er octobre et on avisera. En attendant, ce sont quatre mois de vacances qui se sont écoulés. Donc, quatre mois de coupure avec les classes, avec l’éducation, avec la connaissance. C’est très cher payé les vacances, quoi qu’on veuille nous faire accroire avec les arrangements des calendriers scolaires, avec des périodes d’arrêt adaptées et des vacances trimestrielles prenant en compte le package de cours qui doivent être dispensés.
A dire vrai, on patauge encore, car personne ne sait de quoi seront faites les prochaines semaines. Entre-temps, les parents souffrent et paniquent, ne sachant plus comment faire pour assurer l’école à leurs enfants. Les parents cherchent plutôt à décrocher aujourd’hui, parce que l’apprentissage est le rôle de l’école, les parents doivent assurer le suivi.
Aux dernières nouvelles, un communiqué informatif (daté du 10 septembre) du ministère de l’Enseignement qui accentue la détresse des parents en leur demandant de se mobiliser pour préparer les enfants à une rentrée scolaire réussie. Un rappel sympa.
Abdelhak Najib
Écrivain-Journaliste