Occupant depuis des décennies une place majeure dans le tissu économique marocain, les entreprises familiales représentent près de 95% des formes d’organisation dominantes dans le Royaume.
Conscient de l’importance de préserver ces structures clés, des dirigeants d’entreprises familiales ont eu l’idée en juin 2023 de créer l’Institut de l’entreprise familiale (IEF). Premier en son genre, l’IEF a pour ambition de valoriser le travail de ces entreprises ainsi que le rôle joué dans l'économie en matière de création de valeur et d'emploi.
Les entreprises familiales ont une particularité caractérisée par la fusion entre deux dimensions différentes notamment économique et familiale. Bien qu’intéressante, cette double dimension peut en revanche soulever de nombreuses questions quant à la gestion et la gouvernance.
En ce qui concerne les points forts des entreprises familiales (EF) on trouve : «le dévouement, l’implication de la famille dans l’entreprise, la vision à long terme dans la prise de décisions, la flexibilité, la volonté de bâtir un héritage pour les générations futures, etc.», précise Moez Miaoui, responsable des programmes de conseil d’IFC pour les activités ESG en Afrique du Nord et de l’Ouest et en Afrique francophone.
Il affirme par ailleurs que les EF peuvent être confrontées à plusieurs défis rendant la question de la gouvernance très difficile, et ce à différents égards. Il s’agit en l’occurrence de l’absence de formalisme, c’est-à-dire l’implication des membres de la famille dans les affaires de l’entreprise sans détermination des rôles ou fonctions. En outre, l’absence d’un environnement de contrôle formel ou rigoureux, le peu de discipline en termes de plan de succession, de politique de recrutement, etc. Ainsi, tous ces défis pourraient augmenter au fur et à mesure que la famille s’étend et s’agrandit.
Il est à noter que la durée moyenne des EF est inférieure à une génération, aux Etats-Unis par exemple, celle-ci est de 24 ans. En général, 1/3 parviennent à la deuxième génération, 10% à la 3ème génération et 3-5% à la quatrième génération. La succession demeure donc un défi important.
De son côté, Dr Lamia Larioui, enseignante-chercheure, estime que les EF font généralement face à trois défis majeurs. «D’abord, la gestion des équilibres entre l’intérêt de la famille ainsi que l’intérêt de l’entreprise. Car il est difficile, réellement, de tenir compte à la fois des intérêts de l’entreprise, des individus et de la famille. Réaliser un équilibre entre les intérêts de chaque acteur est un challenge pour les entreprises familiales ! C’est justement le rôle de la gouvernance. Ensuite, assurer la pérennité des liens familiaux à travers la succession intergénérationnelle. La transmission doit être préparée avant le décès du fondateur. Le successeur doit être impliqué activement dans le management et prêt à assurer la pérennité de l’EF. Enfin, le troisième défi est celui de la résilience».
Rappelons que l’Institut de l’entreprise familiale du Maroc (IEF) et la Société financière internationale (IFC) ont signé mardi 12 décembre à Casablanca un partenariat s’articulant autour de trois aspects. Il sera avant tout question de former les entreprises membres sur les problématiques liées à la gouvernance familiale, telles que la formalisation des cadres de gouvernance, l’organisation de la succession et la préparation des générations futures.