Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement lance un premier appel à manifestation d’intérêt pour la sélection de sociétés de gestion.
Tout un arsenal est mis en place pour que l’investissement serve de catalyseur au processus de développement économique du Royaume.
Par D. William
Nommé par le Roi à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’investissement le 18 octobre 2022, Mohamed Benchaaboun vient de poser une pièce maitresse dans l’architecture globale du Fonds. En effet, un premier appel à manifestation d’intérêt pour la sélection de sociétés de gestion appelées à créer et gérer des fonds sectoriels ou thématiques a été lancé lundi dernier. Cette sélection se fera sur la base de plusieurs critères, dont notamment la qualité des équipes des sociétés de gestion, la robustesse des performances réalisées dans la gestion de fonds similaires et leur capacité à mobiliser des fonds auprès d’investisseurs locaux ou étrangers. La date limite de dépôt des dossiers de candidature est fixée au 13 juillet 2023. Pour rappel, les fonds sectoriels ou thématiques sont destinés à «offrir aux entreprises marocaines des solutions de financement pour renforcer leurs capitaux propres et rehausser leurs capacités à investir, créer des emplois durables et se développer sur de nouveaux marchés géographiques», est-il précisé. Ces fonds seront financés par le Fonds Mohammed VI, à travers la mobilisation de financements nationaux et internationaux, publics et privés. Ils porteront notamment sur les domaines de l’industrie, de l’innovation et des activités à fort potentiel de croissance, de la promotion des petites et moyennes entreprises, de l’agriculture et du tourisme.
Le rôle central du privé
Doté d’un capital social initial de 15 milliards de dirhams, le Fonds Mohammed VI compte mobiliser 30 milliards additionnels. «Nous recourons ensuite au marché international pour apporter des financements qui porteront les ressources du fonds à environ 130 à 150 milliards de DH», avait récemment laissé entendre le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli. Le Fonds devra contribuer au financement des projets d’investissement structurants, au renforcement des capitaux des entreprises et à l’appui aux activités de production. L’objectif étant de se positionner en tant que Fonds souverain de référence à travers la promotion de l’investissement productif. Plus globalement, le gouvernement est en train de mettre en place tout un arsenal pour promouvoir l’investissement, afin qu’il puisse réellement servir de catalyseur au processus de développement économique du Royaume. Dans ce schéma, un rôle central échoit à l’investissement privé. Lequel devrait bénéficier du rôle catalyseur du Fonds Mohammed VI pour pour porter sa part dans l'économie totale à deux tiers contre un tiers actuellement, à la faveur notamment de la nouvelle Charte
de l'investissement qui prévoit nombre d’incitations financières et fiscales au profit des entreprises du secteur privé. Cette charte résume toute l’ambition économique : création d’emplois, réduction des disparités entre provinces et préfectures en termes d'attractivité, orientation des investissements vers les secteurs productifs à haute valeur ajoutée, renforcement de l'attractivité du Royaume, amélioration du climat des affaires, facilitation de l'acte d’investir, augmentation significative de la part des investissements privés nationaux et étrangers. Autant le Fonds Mohammed VI que la Charte de l’investissement devraient bénéficier au «Pacte national pour l’investissement», qui fédère le gouvernement et les secteurs privé et bancaire, et dont l’objectif est de mobiliser 550 Mds de DH d’investissements et créer 500 mille emplois au cours de la période 2022-2026. C’est dire que l’investissement ne pourra réellement jouer son rôle de locomotive de l’économie nationale que s’il y a une réelle convergence des actions du public et du privé. C’est pourquoi dans son message adressé aux participants à la première édition de «la Journée nationale de l’industrie», le mercredi 29 mars dernier, le Roi a appelé le secteur privé «à tirer parti de la dynamique enclenchée par la nouvelle Charte de l’investissement» et «à profiter des multiples incitations accordées par les régions aux investissements privés, selon les spécificités, les ressources et les potentialités dont elles disposent, de manière à ce que soit érigé, dans chacune d’entre elles, un pôle économique capable de créer de l’emploi et de réaliser le plein potentiel productif des territoires». Le Souverain invite également le privé «à orienter ses efforts vers l’investissement productif, y compris dans les filières de pointe et d’avenir, porté par des marques marocaines et à viser l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises à travers tout le territoire national». L’enjeu pour le Maroc justement est de booster l’investissement productif. Car si le budget dégagé pour l’investissement reste parmi les plus élevés au monde (environ 33% du PIB), il pèche cependant par son faible rendement. Aujourd’hui, l’ambition de stimuler quantitativement et qualitativement l’investissement national et étranger est bien réelle. Tous les mécanismes se mettent petit à petit en place et s’emboitent dans une logique de convergence, de cohérence et d’efficacité. Ce qui, au final, devrait permettre au Maroc d’améliorer considérablement son attractivité pour les investissements. Rappelons que le Foreign Direct Investment Confidence Index 2023 (FDICI), publié par le cabinet de conseil en stratégie américain A.T. Kearney, classe le Maroc au 16ème rang des pays émergents qui attirent le plus les investisseurs. Le Royaume devance l’Afrique du Sud (17ème) et vient derrière l'Egypte (14ème).