Depuis quelques mois, le Maroc fait face à une nouvelle ère tumultueuse et incertaine. La pandémie du Covid19 aura été du point de vue sanitaire, économique et social, la plus grande crise qu’a connue le pays sur ces 40 dernières années.
Par Amr Abbadi
Doctorant en Science politique à l’Université d’Orléans
La perte d’activité instantanée dans de nombreux secteurs structurants pour l’économie a été dévastatrice. Alors, il est judicieux d’identifier les perspectives du Maroc à l’horizon 2025 afin de mieux déceler les défis et les enjeux qui s’imposent avec la plus grande acuité durant ces années à venir.
I - Constats partagés (Forces, faiblesses, opportunités, menaces) :
L’économie marocaine pâtit d’une panoplie de dysfonctionnements qui limitent son potentiel de décollage économique, comme l’ont réalisé les pays émergents tels que la Turquie et le Brésil. Le modèle de développement présent est incapable d’assurer une croissance économique génératrice d’emplois et de richesse.
En effet, le système d’éducation et de formation ainsi que le champ culturel, censés inculquer aux jeunes générations les valeurs et les vertus qui épanouissent l’âme et l’esprit, connaissent des déficits énormes les dissuadant d’exercer complètement leur rôle. De plus, l’espace médiatique et institutionnel n’encourage guère à la construction civique et à l’éclosion d’œuvres culturelles et industrielles.
A cela s’ajoute le problème de fuite des cerveaux qui semble gagner en ampleur ces dernières années. De surcroît, la couverture sociale au Maroc demeure pour sa part insuffisante malgré les efforts consentis. Sa faiblesse précarise malheureusement la situation d’une grande partie de la population et menace leur sécurité. Enfin, les citoyens marocains organisent de plus en plus de manifestations pour exprimer leurs mécontentements, leurs insatisfactions et surtout leur refus des inégalités.
Tous ces détails permettent de dresser un bilan mitigé qui témoigne de la fragilité du modèle socioéconomique actuel, marginalisant une grande partie de la population marocaine. Certes, nous sommes aujourd’hui dans un contexte de crise, mais chaque crise est aussi une opportunité, celle de bâtir quelque chose de nouveau.
II - Les leviers du changement et du développement :
En adoptant une nouvelle stratégie intégrée et ambitieuse pour promouvoir la croissance et l’emploi, le Maroc pourrait encore mieux atteindre ces objectifs à l’horizon 2025. Cette stratégie devrait reposer sur plusieurs leviers du développement.
D’abord, il s’agit de réformer le système d’éducation et de formation, le fonder aussi bien sur la motivation des responsables éducatifs que sur l’encadrement au sein de la cellule familiale, dans le but de former un citoyen acteur du progrès. Ensuite, il s’agit de promouvoir un changement structurel de l’économie en offrant un environnement commercial garantissant une concurrence légale et équilibrée afin de favoriser l’investissement rentable et viable. Il faut aussi mobiliser en force d’autres leviers du changement comme l’exhortation des femmes et des jeunes à s’impliquer activement dans la vie politique et culturelle du royaume.
Par ailleurs, le Maroc devrait revoir sa stratégie d’alliance et de partenariat. En effet, outre la consolidation de ses relations avec ses partenaires traditionnels (Etats-Unis, France), la diplomatie marocaine devrait affermir davantage ses rapports commerciaux avec la Chine devenue un moteur de la croissance mondiale. Ce renforcement des relations internationales du Maroc permettrait de soutenir le tissu économique national et hâter les transferts ainsi que les acquisitions technologiques dans la perspective de conforter en aval, la place du pays sur la scène mondiale.
Enfin, la diversité culturelle est également un capital à valoriser au profit du rayonnement international du Maroc. Les avancées réalisées en matière de libertés publiques devraient être accompagnées d’une attention particulière à la question culturelle qui impacte en profondeur le développement humain.