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Maroc-Espagne-France : Alliances gagnantes, frustrations algériennes

Maroc-Espagne-France : Alliances gagnantes, frustrations algériennes

Entre Rabat, Madrid et Paris, la dynamique est claire : commerce en hausse, investissements consolidés et coopération diplomatique renforcée. Loin des crispations et des postures idéologiques, le Maroc s’impose comme un partenaire fiable et attractif. En face, l’Algérie, engluée dans ses propres contradictions, voit ses relations avec l’Europe se dégrader.

 

Par D. William

Les chiffres, dans leur froide objectivité, ne mentent pas. Entre Rabat et Madrid, les affaires tournent à plein régime.

En 2024, les exportations espagnoles vers le Maroc ont atteint un niveau record de 12,85 milliards d’euros, en hausse de 5% par rapport à 2023, tandis que les importations marocaines depuis l’Espagne s’élèvent à 9,83 milliards d’euros (+9%), selon les données d’Eurostat et de l’Office des changes.

Mieux encore, le Maroc est devenu le 7ème client mondial de l’Espagne et le 10ème fournisseur mondial de Madrid, devant la Turquie.

En outre, le Maroc est le premier partenaire commercial de l’Espagne en Afrique, captant 61% des ventes espagnoles vers le continent et 79% vers l’Afrique du Nord. Un raz-demarée qui relègue l’Algérie loin derrière.

A l’exception du gaz, dont l’intérêt pour l’Espagne se réduit progressivement grâce à la diversification énergétique, Alger ne pèse plus grand-chose dans la balance.

Par ailleurs, 1.905 milliards d’euros de stock d’investissements espagnols sont recensés au Royaume à fin 2022, générant près de 28.000 emplois.

Ce qui positionne le Maroc au rang de 29ème destination mondiale des investissements espagnols et principale destination africaine, représentant 32% du total des investissements espagnols en Afrique, devant l'Algérie (22%), l'Afrique du Sud (13%) et l'Angola (8%).

Mais ce partenariat entre le Maroc et l’Espagne ne s’arrête pas au commerce. En mars 2022, l’Espagne a franchi un cap historique en soutenant officiellement le plan d’autonomie marocain pour le Sahara, scellant un tournant diplomatique majeur.

Résultat ? Alger, vexée, a rappelé son ambassadeur à Madrid et rompu unilatéralement son traité d’amitié avec l’Espagne, avant de suspendre ses exportations de gaz vers ce pays.

Une stratégie perdante, car l’Espagne a immédiatement diversifié ses approvisionnements, notamment avec les Etats-Unis et le Qatar.

Ce n’est qu’en novembre 2024 que l’Algérie a débloqué ses relations commerciales avec le pays ibérique, après y avoir nommé, en août de la même année, un nouvel ambassadeur.

 

Maroc-France, le partenariat s’accélère

Pour leur part, les échanges commerciaux entre le Maroc et la France ont atteint 163,1 milliards de dirhams en 2023, en hausse de 2,8% par rapport à 2022 et de 34% par rapport à 2019.

La France est le deuxième client du Maroc (20,3%) et son troisième fournisseur (10,6%). Les investissements français restent également colossaux : en 2023, la France a injecté 11,3 milliards de dirhams au Maroc, où sont implantées 1.300 filiales d’entreprises françaises, confirmant la place du Royaume comme première destination africaine des IDE français.

Mais au-delà des chiffres, la dynamique entre Paris et Rabat s’appuie sur une volonté politique renouvelée.

La visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc en 2024 a marqué une nouvelle ère dans les relations bilatérales, avec une coopération renforcée dans divers secteurs comme l’aéronautique, l’automobile, l’agro-industrie et les énergies renouvelables.

La France mise aussi sur le codéveloppement en Afrique avec le Maroc, reconnaissant l’influence grandissante du Royaume sur le continent.

Mais cette visite a surtout permis au président français de réitérer son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara.

«Et je le réaffirme ici devant vous. Pour la France, le présent et l'avenir de ce territoire s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue», a affirmé Macron devant le Parlement marocain.

Une déclaration qui, en apparence, ne visait personne, mais qui a provoqué un tollé en Algérie qui entretient, depuis lors, des relations très tendues avec la France.

Paris s’est alignée sur Rabat, tout comme Madrid l’avait fait deux ans auparavant. La France et l’Espagne ont fait un choix clair : une reconnaissance pragmatique de la réalité politique et la volonté d’investir dans une relation solide et mutuellement bénéfique.

Conséquence : l’Algérie se retrouve à bouder dans son coin, sombre dans une logique de confrontation stérile et s’isole de ses anciens partenaires, mais aussi du reste du monde.

L’animosité à peine voilée envers l’Espagne, le divorce avec la France, sa posture inconfortable en Afrique et les tensions avec l’Union européenne créent en effet une situation où Alger se retrouve seule face à elle-même, à cause du choix délibéré d’une diplomatie de l’absurde du pouvoir en place. Pendant ce temps, le Maroc affiche une trajectoire inverse : alliances stratégiques consolidées, attractivité économique croissante et reconnaissance diplomatique renforcée.

Le Royaume s’impose ainsi en Afrique comme un interlocuteur privilégié et un hub incontournable pour le commerce et l’investissement. Et alors que Rabat célèbre ses succès diplomatiques et économiques, Alger, elle, contemple la fête depuis la fenêtre.

L’avenir appartient aux nations qui savent bâtir des ponts plutôt que des murs. Cela, le régime algérien ne l’a pas compris. 

 

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