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Maroc-Sénégal: 60 ans de coopération Win-Win

Maroc-Sénégal: 60 ans de coopération Win-Win

Soixante ans après la convention d’établissement signée le 15 mars 1964, le Maroc et le Sénégal continuent d’incarner une coopération sud-sud solide, multidimensionnelle et profondément enracinée dans l’histoire, la religion et les valeurs de solidarité.

Un séminaire international marquant le 60ème anniversaire de la Convention d’établissement entre le Maroc et le Sénégal s’est tenu lundi 7 avril 2025 à Rabat, sous le haut patronage du Roi Mohammed VI et du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cet événement, organisé par le Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, en partenariat avec l’Université Internationale de Rabat (UIR) et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), a rassemblé des personnalités politiques, diplomatiques et académiques autour d’un partenariat qualifié d’«exceptionnel» par les deux parties.

Intervenant à cette occasion, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a mis l’accent sur les liens historiques et fraternels unissant le Maroc et le Sénégal, notamment sur le plan culturel et humain.

Dès les premières années des indépendances africaines, le Maroc et le Sénégal ont fait le choix d’un partenariat stratégique. Les liens personnels forts entre feu le Roi Hassan II et le Président Léopold Sédar Senghor ont posé les bases d’un dialogue politique sincère et durable.

Un héritage poursuivi et renforcé par le Roi Mohammed VI et les Présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. L’ambassadrice du Sénégal au Maroc, Seynabou Dial, a salué cette continuité en déclarant :
«Le Maroc est notre second pays, tout comme le Sénégal l’est pour les Marocains». Qualifiant la Convention d’établissement de 1964 de «visionnaire», elle a souligné qu’elle garantit la mobilité, l’accès à l’emploi public et la liberté d’établissement entre les deux pays. Elle a également appelé à une réflexion pour adapter cette convention «aux défis contemporains» et a valorisé le rôle des diasporas dans le renforcement de la fraternité.

Les déclarations officielles prononcées à Rabat ont mis en exergue la dimension stratégique d’un partenariat qui va bien au- delà du bilatéral. Le Sénégal a toujours soutenu les causes fondamentales du Maroc, y compris sa souveraineté nationale, tandis que le Royaume a multiplié les gestes de solidarité concrète à l’égard du peuple sénégalais.

Un partenariat économique en constante expansion

Outre l’amitié politique, les deux pays ont tissé des liens économiques étroits. Le Maroc est aujourd’hui le deuxième investisseur au Sénégal, avec une présence croissante dans les secteurs de la banque, de l’assurance, de l’industrie, des transports ou encore des mines.

Selon Cheikh Ahmed Tidiane Sy, agroéconomiste et président du Think tank Guess, «il est temps de matérialiser les conventions par des projets concrets de co-investissement», en s’appuyant sur les complémentarités stratégiques pour faire face aux bouleversements économiques. Il plaide pour un «co-développement basé sur des schémas d’intégration régionale» et une coopération plus étroite dans des secteurs porteurs tels que «l’aéronautique, les mines, les énergies ou encore les transports».

Kenza Khalil, secrétaire générale de l’AMDIE, abonde dans le même sens : «Le Maroc et le Sénégal partagent une vision commune fondée sur des valeurs de paix, de solidarité et de développement inclusif». Elle précise que le volume des échanges commerciaux est passé de 36 à 336 millions de dollars entre 2004 et 2023, grâce à un arsenal juridique bilatéral renforcé.

Pour Abdoulaye Diop, président de la Fédération des associations subsahariennes au Maroc (FASAM), «les relations économiques entre Rabat et Dakar ont pris une dynamique ascendante dès les années 1980». Il salue le rôle actif de la diaspora sénégalaise, forte de plus de 300 entrepreneurs créateurs d’emplois, et le soutien de figures institutionnelles marocaines comme Khalid Safir, Directeur général de la CDG, qui ont facilité leur intégration socioéconomique à travers l'accès à l'entrepreneuriat, régularisation du statut économique et la mise en place de projets immobiliers communs. Pour lui, cette proximité humaine est «la clef des succès partagés et des perspectives prometteuses dans la quête d’une souveraineté économique renforcée».

De son côté, Latifa Echihabi, secrétaire générale de la CDG, a rappelé que «l'anniversaire de la Convention d’établissement entre le Maroc et le Sénégal constitue l'occasion de célébrer les liens institutionnels et humains unissant les deux pays». Elle a également mis en avant la coopération de la CDG avec une dizaine de caisses de dépôts africaines, notamment à travers le Forum lancé en 2011 à Marrakech.

Sur le plan continental, Rabat et Dakar partagent une vision commune d’une Afrique souveraine, solidaire et intégrée. Pour Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute,  «l’excellence des relations entre les deux pays» repose sur «une histoire commune et une vision partagée de l’avenir du continent africain». Évoquant l’Initiative royale de l’Atlantique et l’axe Rabat-Dakar, Sambe y voit un véritable «levier d’intégration panafricaine, capable d’inspirer l’ensemble du continent», et parle d’une «synergie exemplaire». Tout en insistant sur le rôle central que doivent jouer les entreprises, les universités et la société civile des deux pays pour renforcer la complémentarité et accélérer cette intégration régionale.

En parallèle, cette cérémonie des 60 ans de coopération Maroc-Sénégal a été aussi l’occasion de mettre en lumière l’alliance spirituelle unique que les deux nations partagent. Les liens religieux tissés autour de la confrérie Tidjania illustrent une dimension unique du partenariat maroco-sénégalais. Le Maroc, terre d’islam modéré et attaché au rite malékite, soutient la formation d’imams sénégalais dans ses institutions religieuses. Une démarche saluée par les leaders religieux soufis, consolidant un socle spirituel commun.

Aujourd’hui, les deux pays s’orientent vers de nouveaux chantiers stratégiques : l’intelligence artificielle, l’économie numérique, la transition énergétique, l’entrepreneuriat jeune et l’innovation. «L'Afrique ne peut pas rester spectatrice face aux régulations imposées par les autres puissances, elle doit avoir son mot à dire», a conclu Amal El Fallah Seghrouchni.

Notons que la clôture de ces temps de célébration des 60 ans de la convention d’établissement Maroc-Sénégal se fera à Dakhla, avec la présentation d’un grand projet intitulé «le Sénégal sur la baie de Dakhla».

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