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MRE : Des transferts toujours solides malgré les turbulences économiques

MRE : Des transferts toujours solides malgré les turbulences économiques

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) continuent d’affluer vers le Royaume, atteignant 108,67 milliards de dirhams à fin novembre 2024, en hausse de 2,8% par rapport à l’année précédente. Cette manne financière reste essentielle, soutenant à la fois les réserves de devises, les investissements et les familles marocaines, particulièrement en période de crise.

 

Par C. Jaidani

Les transferts des MRE s’inscrivent dans un trend globalement haussier et sont des ressources financières indispensables pour l’économie nationale. Leur importance se manifeste à plusieurs niveaux, particulièrement comme source de devises et aussi en tant que grand contributeur dans les investissements. Ils sont également d’un grand appui pour les familles marocaines en période de crise, comme ce fut le cas pendant la pandémie de Covid-19. A fin novembre 2024, ces flux totalisaient 108,67 milliards de DH, en hausse de 2,8% par rapport à la même période de l’année dernière, et devraient finir 2024 à plus de 119 milliards de DH.

En 2023, ils avaient dépassé 115 milliards de DH, enregistrant une croissance annuelle de 4%. Par rapport à 2020, les transferts ont fait un bond de plus de 77%. Mais pour 2025, les projections sont mitigées. D’un côté, il existe de réelles prémices de la consolidation de la reprise économique dans les principaux pays d’accueil. Et d’un autre, plusieurs facteurs pourraient impacter les MRE, comme les incertitudes qui planent sur les économies des pays européens, mais aussi les restrictions de Bruxelles sur les transferts d’argent.

Problèmes conjoncturels en Europe

S’agissant des prévisions économiques, il faut dire que Bruxelles affiche un optimisme mesuré. Après une longue période de stagnation et un ralentissement en 2023, le taux d’inflation s’inscrit déjà dans un rythme baissier. Pour sa part, l’économie de l’UE devrait connaitre une croissance progressive en 2025. Le marché de l’emploi serait lui aussi favorisé par la reprise économique. Dans le détail, les indicateurs sont mitigés selon les pays. En France, qui accueille la plus forte communauté marocaine à l’étranger avec plus de 1,13 million de personnes, soit 21% du total des MRE, la situation ne se présente pas sous de bons auspices.

Le gouvernement, qui prévoyait une croissance de 1,2% en 2025, a été contraint de revoir à la baisse ce chiffre pour l’établir à 0,9%. Par contre, en Espagne qui regroupe près de 921.000 Marocains (deuxième communauté marocaine à l’étranger), les prévisions sont plutôt favorables. Le gouvernement prévoit un taux de croissance à 2,2% et un taux de chômage en baisse estimé à 10,7%. Quant à l’Italie où résident 399.000 Marocains, la Banque centrale de ce pays a abaissé légèrement sa prévision de croissance à 0,7% contre 0,8% auparavant.

«Depuis toujours, les MRE ont montré un attachement fort à la mère-patrie. Les nouvelles générations gardent, elles aussi, un lien étroit avec leur pays d’origine contrairement aux diasporas des autres pays. Même en période de crise comme lors de la pandémie, ils ont manifesté une solidarité hors pair. Depuis cette date, leurs transferts n’ont cessé d’augmenter. Mais ces dernières années, l’évolution se fait au ralenti. Les principaux pays d’accueil, particulièrement la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et la Hollande connaissent quelques problèmes conjoncturels qui ont fait augmenter le chômage. Les tensions géopolitiques à l’international, comme la guerre en Ukraine ou les menaces de Trump d’imposer des sanctions contre l’Union européenne, risquent de peser sur leurs économies. En dépit de ces contraintes, les transferts des MRE devraient maintenir leur croissance, ou du moins stagner», affirme Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’Université Hassan II de Casablanca.

S’agissant des restrictions européennes sur les transferts d’argent des banques étrangères installées dans le territoire de l’UE, il note que «la directive de Bruxelles vise essentiellement les banques britanniques. Cette disposition aura très peu d’impact sur les MRE, car ils assurent l’envoi d’argent principalement à travers les organismes spécialisés et non les banques».

 

 

 

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