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Consommation: Un Ramadan sous le signe de l’inflation

Consommation: Un Ramadan sous le signe de l’inflation

Alors que le gouvernement avait promis le retour des prix des produits de base à leurs niveaux habituels avant l'avènement du mois sacré, ces derniers poursuivent leur envolée.

 

Par M. Ait Ouaanna

Mois de recueillement, de piété et d'abstinence, Ramadan rime également avec consommation. Car oui, pendant ce mois sacré, les dépenses en produits alimentaires des ménages marocains montent en flèche. Cette année, le Ramadan coïncide avec une conjoncture économique difficile. L’inflation rogne le pouvoir d’achat des consommateurs, confrontés à une hausse supplémentaire des prix des produits de base. Depuis le début de l’année 2023, les prix des produits de première nécessité atteignent des sommets.

Au cours du mois de janvier, l’indice des prix à la consommation a connu une hausse de 8,9% par rapport à la même période de l’année précédente. Une augmentation qui résulte de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 16,8% et de celui des produits non alimentaires de 3,9%. La succession d’épisodes inflationnistes a suscité l’inquiétude et la colère des consommateurs qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Face à cette situation, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch avait promis que les prix des denrées de base «vont atteindre leurs niveaux habituels avant l’arrivée du mois de Ramadan». Maintenant que nous y sommes, quelles sont les conclusions ?

 

Niveau pré-crise : c’est encore loin…

Les défenseurs des droits des consommateurs sont unanimes : les prix de certains produits alimentaires ont certes connu une légère baisse, mais le niveau tarifaire pré-crise est loin d’être atteint. «Nous avons constaté au cours de ces derniers jours la baisse des prix de certaines denrées alimentaires, dont les tomates, mais la tendance reste haussière par rapport aux années passées», relève Ouadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC). Le prix des tomates, qui variait en février dernier entre 10 et 14 dirhams le kilogramme, se situe aujourd’hui entre 6 et 10 DH/Kg. Une baisse qui se fait ressentir, surtout qu’il s’agit de l’un des produits vedettes du mois sacré. En revanche, la baisse des prix des tomates n’a pas touché d’autres produits alimentaires qui ont connu une hausse significative. Il s’agit, entre autres, des oignons dont le prix se situe au niveau de la région Casablanca-Settat entre 9 et 15 DH/Kg. «L’intervention du gouvernement quant à la suspension de l’exportation de certains produits a permis leur accessibilité pour le consommateur marocain, mais certains produits de consommation conservent leurs prix élevés. C’est le cas notamment des produits agroalimentaires, qui constituent la base de la consommation incompressible du consommateur marocain», regrette le président de la FNAC.

 

Effet de la crainte des sanctions

De son côté, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), explique que les opérations de contrôle des prix menées depuis quelques semaines dans les différents points de commerce du Royaume, ont contribué à la baisse des prix de certains produits, soulignant l’importance d’organiser de telles campagnes tout au long de l’année, non pas seulement à l’occasion du mois de Ramadan.

«D’un point de vue macroéconomique, la situation semble bien maîtrisée tant que l'offre des produits est disponible. Cependant, pour les viandes rouges et les oignons, les prix sont toujours maintenus à la hausse. Mais tant que des alternatives existent, le consommateur marocain s'y retrouve grâce à une gymnastique financière qui lui est spécifique. En outre, les campagnes de contrôle ont aussi contribué à la baisse, par effet de la crainte des sanctions appliquées contre les actions anticoncurrentielles et les pratiques illicites. Ces interventions devraient être menées durant toute l'année pour assurer une bonne fluidité des produits salubres et de bonne qualité», insiste Bouazza Kherrati. Afin de protéger le pouvoir d’achat des citoyens, ces militants des droits des consommateurs appellent le gouvernement à mettre en place un certain nombre de mesures.

«Le pouvoir d’achat des consommateurs ne peut être protégé en l’absence du maintien de l’équilibre entre le revenu des citoyens et leurs dépenses. Le gouvernement doit mettre en place des dispositifs d’aide et de soutien aux plus démunis qui n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins. La cherté de la vie prime et les augmentations des prix ont atteint des niveaux records, la protection de l’intérêt du consommateur est donc une urgence. L’Etat doit également intervenir par rapport à la réglementation des prix de certains produits de première nécessité qui connaissent des augmentations très importantes», plaide Ouadie Madih. Pour sa part, le président de la FMDC souligne l’importance de baisser les taux de TVA pour faire en sorte que les produits de base soient accessibles pour les consommateurs issus des classes sociales défavorisées.

 

 

 

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