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Recensement général de la population : Un catalyseur de croissance durable

Recensement général de la population : Un catalyseur de croissance durable

Le recensement est non seulement un instrument clé pour saisir les tendances démographiques, mais également un levier fondamental pour promouvoir une croissance économique inclusive et durable. Parmi les nouveaux indicateurs du RGPH 2024, figurent des questions portant sur la couverture sanitaire, le suivi des objectifs fixés dans le cadre du Nouveau modèle de développement et ceux de développement durable.

 

Par M. Ait Ouaanna

Tout au long du mois de septembre, plus de 40.000 enquêteurs vont sillonner les différentes zones du Royaume afin de collecter diverses informations sur chaque ménage marocain, et ce dans le cadre du 7ème Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH). Cette opération se veut un outil clé pour une analyse approfondie de l’évolution démographique et socio-économique du Royaume et pour la conception de politiques pertinentes à l’échelle nationale et locale. Pour ce 7ème recensement, deux catégories de questionnaires sont utilisées.

Tout d’abord, un questionnaire court destiné à l’ensemble de la population et qui aborde les structures démographiques ainsi que des phénomènes rares comme la migration internationale et la mortalité. Puis, un questionnaire long, qui cible 20% des ménages dans le but d’explorer des thématiques telles que la couverture médicale, l’usage des TIC, et l’environnement.

En effet, cette opération d’envergure est non seulement un dispositif d’analyse démographique, mais également un outil pour mieux comprendre les dynamiques économiques, sociales et culturelles qui influencent le développement du pays. Le RGPH est «une opération qui, par la multitude et l'importance des données et des indicateurs qu'elle génère, constitue une aide précieuse à la concrétisation de notre projet de société et au bon déploiement de notre modèle de développement, bâtis sur les principes de démocratie politique, d'efficacité économique, de développement humain et de cohésion sociale et territoriale», avait souligné le Roi Mohammed VI dans un message adressé au chef du gouvernement, le 20 juin dernier. Les experts sont unanimes là-dessus : les informations collectées suite au recensement aideront à identifier les besoins en infrastructures, à orienter les investissements et à élaborer des stratégies de développement économique adaptées aux réalités du terrain.

«Les données récoltées ont un impact direct sur l’économie marocaine. A l’horizon 2035, le Maroc, à travers son NMD, aspire à doubler son PIB en le faisant passer de 130 à 260 milliards de dollars, et ambitionne de devenir une économie émergente. Pour ce faire, nous avons besoin de statistiques actualisées, qui ciblent l’ensemble de la population marocaine. Le questionnaire porte sur divers axes qui vont, entre autres, permettre d’identifier les obstacles freinant le développement de certaines régions, les raisons expliquant la hausse du taux de chômage, les barrières face à l’accès aux soins et à l’éducation, etc. Le recensement général constitue un passage obligatoire pour comprendre le Maroc d'aujourd'hui, détecter nos forces et nos faiblesses, en vue de les améliorer et de dynamiser et renforcer notre économie dans les années à venir», insiste Mohamed Jadri, économiste et directeur de l'Observatoire du travail gouvernemental.

L’expert estime en outre que cette opération jouera un rôle clé dans le renforcement de la crédibilité des instances chargées de conduire périodiquement des enquêtes au Maroc. «Le Covid-19 a redéfini notre façon de vivre, créant un avant et un après, d’où la nécessité d’organiser ce recensement qui va nous permettre de mettre à jour nos statistiques démographiques et celles liées aux questions socio-économiques et environnementales. Les données obtenues par le biais de cette opération permettront en effet de renforcer la crédibilité et la transparence des différentes instances nationales et internationales», précise-t-il.

Même son de cloche chez Abdellatif Komat, doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) à l’Université Hassan II de Casablanca, qui souligne que les données collectées permettront de révéler les besoins prioritaires du pays. «Le volet économique est très important parce qu'il s’agit d’alimenter la politique publique qui a besoin d’informations pertinentes pour l’élaboration ou l’actualisation des stratégies sectorielles ou générales.

C’est pour cette raison que les questions économiques figurent de manière substantielle au niveau du questionnaire général adressé à l’ensemble de la population. Les données collectées mettront en évidence les besoins du pays notamment en termes d'infrastructures et de services publics, ce qui pourra générer de nouveaux projets. Le Maroc continue d’accorder une grande importance à l’investissement public, même si la tendance est d’augmenter et de proportionner l’investissement privé. Pour le moment, le Royaume est encore en phase de construction des infrastructures, un facteur clé pour l’investissement, et ce genre d’informations aura certainement un impact sur le plan économique», détaille Abdellatif Komat.

«Le deuxième questionnaire qui, rappelons-le, est adressé à 20% de la population, comporte davantage de questions sur des aspects économiques, tels que les moyens de transport, les activités économiques ou encore l’usage des nouvelles technologies. Cela fournira à l’Etat des informations qui donneraient plus de visibilité sur la structure des entreprises, la nature de l’emploi, les métiers en développement, la mobilité, etc.», poursuit l’économiste.

Et de conclure que le recensement général de la population est «une opération fondamentale avec un impact économique majeur, d’autant plus qu’il s’agit d’une démarche exhaustive qui touche toute la population, contrairement aux études et enquêtes ciblées que mène habituellement le pays». Pour rappel, ce 7ème Recensement général de la population et de l'habitat mobilise une enveloppe budgétaire estimée à 1,46 milliard de dirhams, dont 67% pour la rémunération des participants, 20% pour les moyens matériels et logistiques et 13% pour les moyens technologiques.

 

 

 

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