Le Maroc s’est doté de nouvelles mesures en vue de dynamiser la croissance des petites entreprises. Selon la note que vient de publier Oxford Business Group, les nouvelles réglementations en matière de financement participatif (crowfunding) devraient offrir aux start-ups et aux entrepreneurs un meilleur accès au crédit et aux capitaux d’investissement.
En cela, trois formats seraient prévus : le prêt avec ou sans intérêt; le don direct ou l’investissement avec acquisition de parts dans la société par le bailleur de fonds.
«Ce projet de loi, qui devrait être approuvé au cours du second semestre, permettra également une plus grande transparence et surveillance des activités liées au crowdfunding.
La Banque centrale du pays sera l’organe de contrôle chargé de superviser les prêts entre particuliers ainsi que le financement par dons. De son côté, le ministère s’occupera des investissements ou des activités de crowdfunding en capitaux propres», relève la note.
De plus, le texte prévoit un plafond de 5 millions de dirhams (449.000 euros) au montant des fonds versés pour chaque collaboration ou projet financé au travers du crowdfunding, ainsi que des dispositions concernant les modèles financiers possibles, qu’ils soient islamiques ou conventionnels, sans intérêt ou avec participation aux bénéfices.
Du crédit supplémentaire indispensable pour l’entrepreneuriat et la diversification
Selon OBG, cette évolution devrait offrir une nouvelle source de financement aux entrepreneurs, aux start-ups ainsi qu’aux autres petites entreprises, dont de nombreuses ne parviennent qu’avec difficulté à obtenir des capitaux par le biais des canaux traditionnels.
Elle devrait également contribuer à améliorer l'entrepreneuriat au sein des entreprises nationales.
«Le Maroc arrive à la 65eme place sur les 137 que compte l’Indice mondial de l’entrepreneuriat et du développement de 2018, soit une progression de cinq places depuis l’année dernière. En Afrique du Nord, le Maroc se situe en 2eme position, juste derrière la Tunisie», rappelle OBG.
Si le pays jouit d’une position solide dans les domaines de l’innovation en matière de produits et de procédés, enregistrant respectivement des scores de 0,79 et de 0,64, il en est toute autre chose en termes de capitaux risques (0,29), de forte croissance (0,28) et de concurrence (0,11).
Autant d’indicateurs qui devraient tirer parti d’un meilleur apport en financement aux start-ups, précise la même source.
Cette injection de capitaux frais devrait également renforcer les mesures plus globales prises par le gouvernement en vue de diversifier l’économie, notamment dans les filières du numérique.
Lancé en 2016, le plan Maroc Digital 2020 vise à transformer le pays pour en faire une plateforme régionale en matière de TIC par la mise à jour et l’installation d’une infrastructure numérique améliorée, rappelle OBG, précisant que «ce plan devrait permettre d’accélérer tant la croissance du secteur que le développement des zones régionales qui ont traditionnellement peiné à attirer les investisseurs.
Les entreprises se préparent au lancement du paiement mobile
À ces nouvelles sources de financement, s’ajoute une autre évolution positive pour les petites entreprises : le lancement du paiement mobile, attendu pour le troisième trimestre de l’année.
Conçu par la BAM, l’Agence nationale de réglementation des télécommunications ainsi que d’autres parties prenantes, ce système permettra aux particuliers de réaliser des paiements et des achats avec leur téléphone portable.
«La Banque centrale vise six domaines principaux dans cette transition vers le paiement mobile : les transferts d’argent entre particuliers, les achats dans le commerce, les paiements de factures et de services dans les secteurs public et privé; le versement des allocations sociales, l’achat de recharges de téléphone, ainsi que les paiements des commerçants auprès de leurs grossistes», fait savoir OBG.
Cette évolution devrait favoriser l’inclusion financière et entraîner une hausse des achats et des transactions financières entre particuliers et entreprises, ajoute OBG. «En outre, tout semble indiquer que la baisse des coûts de transaction, l’augmentation des liquidités et l’accès facilité au crédit grâce au paiement mobile pourraient aiguiser l’appétit des entreprises pour l’investissement à but commercial, ce qui à son tour stimulerait la croissance», analyse OBG.
Selon une étude de la Banque mondiale réalisée en 2016 au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, les entreprises ayant recours au paiement par mobile étaient 16% plus susceptibles de réaliser des achats ou des investissements d’envergure, en comparaison avec celles n’utilisant pas de telles plateformes.■