Geert Wilders, Néerlandais, 60 ans, chef du parti d’extrême droite, le PVV (Parti de la liberté), islamophobe et xénophobe assumé.
Sa formation vient de provoquer un véritable séisme politique aux Pays-Bas, en dominant les élections législatives mercredi 22 novembre, raflant 35 sièges sur 150. Une large victoire dans un hémicycle atomisé où son suivant immédiat, l’alliance gauche-écologistes de Frans Timmermans, est crédité de 25 sièges, alors que le VVD de centre-droit occupe la troisième marche du podium avec 24 sièges.
Néanmoins, le processus de formation d'une coalition gouvernementale s'annonce complexe, Geert Wilders n’étant pas assuré d’être Premier ministre. Tout dépendra des compromis que les partis traditionnels seraient prêts à faire.
Un homme dangereux… pour l’UE aussi
La victoire du PVV pourrait non seulement redéfinir le paysage politique néerlandais, mais également avoir des répercussions majeures sur l'Union européenne.
Geert Wilders, souvent surnommé le «Trump néerlandais», a bâti sa carrière sur des positions islamophobes et xénophobes. Et il faut se rendre à l’évidence : sa rhétorique anti-immigration, ses propos incendiaires sur les Marocains, qu’il qualifie de «racailles», et ses appels à la fermeture des frontières ont trouvé un écho favorable auprès d'une partie de l'électorat néerlandais. Ses messages, couplés à une vision «Pays-Bas d'abord», détonent fortement dans un contexte politique où d'autres partis traditionnels peinent à proposer des alternatives convaincantes.
Chevelure peroxydée et cravate rouge qui rappellent un certain Donald Trump, Wilders semble désormais incontournable sur la scène politique néerlandaise, malgré les menaces de mort qui pèsent sur lui, du fait, entre autres, de certaines de ses déclarations et manœuvres outrancières, comme l’organisation de concours de caricatures du prophète Mohammed (saw).
Personnage sulfureux, il a fait des messages de haine viscérale envers les étrangers, particulièrement les musulmans, son fonds de commerce, et prône la détention et l'expulsion des immigrants illégaux, ainsi que le renvoi des demandeurs d'asile. Des messages qui, il semble utile de le rappeler, forment le corpus de l’idéologie du PVV, qui ne veut ni Coran, ni écoles islamiques, encore moins de mosquées aux Pays-Bas.
Pour la communauté marocaine établie dans ce pays et estimée à plus de 400.000, la victoire de Geert Wilders résonne comme un signal, voire une claque, et suscite donc des préoccupations légitimes. Le leader du PVV a fait des Marocains une cible privilégiée de sa rhétorique, alimentant des discours foncièrement xénophobes. Les mesures anti-immigration proposées par le PVV pourraient ainsi avoir un impact direct sur cette communauté, la plaçant dans une position plus que vulnérable.
Le personnage Geert Wilders, proche d’Israël et contre la restitution des territoires palestiniens occupés par l’Etat hébreu, inquiète tout autant l’Union européenne. Il est partisan du rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises et de la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE. Il promet également un référendum sur l'adhésion des Pays-Bas à l'UE. Bref, le PVV secoue vivement les fondements de la coopération européenne.
Et le soutien affiché par des figures populistes telles que Viktor Orban, en Hongrie, ou Marine Le Pen, en France, renforce l'idée d'un changement majeur dans l'équilibre politique du continent.
Les électeurs néerlandais ont exprimé leur mécontentement à travers le PVV, mais les conséquences de ce choix pourraient être ressenties bien au-delà des frontières du pays. L'Europe fait face à un défi majeur, tandis que la communauté marocaine aux Pays-Bas tremble.
F. Ouriaghli