Pour certains, c’est un épisode classique de la guerre psychologique et politique que se livrent le Maroc et l’Algérie sur le Sahara marocain. Pour d'autres, c'est un tournant important dans ce bras de fer.
Par Mustapha Tossa
La décision de la Confédération africaine de football (CAF) de donner raison au club de la Renaissance sportive de Berkane (RSB) de jouer avec son maillot floqué d'une carte du Maroc. L'importance de cette décision est à lier avec le comportement radical des autorités algériennes qui espéraient, à travers cet épisode de l’interdiction, revigorer auprès de son opinion et de ses rares alliés son opposition à la souveraineté du Maroc sur son Sahara comme l'exige le maillot du club de Berkane. La spectaculaire saisie du matériel sportif marocain par la douane algérienne, les multiples mélodrames qui se sont joués à l’aéroport et autour de l’hôtel et qui ont fait le bonheur des réseaux sociaux, ont participé à dévoiler un nouveau visage de cette crise entre Rabat et Alger. Et à travers sa décision, la CAF vient à la fois de clôturer une divergence mais aussi de relancer, sur un plan symbolique et politique, le combat marocain pour le Sahara. Et ce sur plusieurs niveaux.
D’abord, au niveau de l’opinion algérienne. Ce choc sportif avec les potentielles conséquences sur le football algérien et ses relations avec son environnement africain risque d’avoir un effet boomerang sur l’ensemble de la perception algérienne. Pour de nombreux milieux algériens indifférents à l’aventure séparatiste du polisario, la facture du soutien du régime à cette cause perdue commence à être lourde de conséquences. Déjà que le pays vit depuis des années une hémorragie financière pour continuer à soutenir la chimère de «l’indépendance sahraouie», voir que l’isolement de l’Algérie se creuse de plus en plus parce qu’elle conditionne ses relations avec le monde à cette question deviendra lourde à gérer. Il n’est pas certain qu’après ce scandale aux impacts aussi populaires, l’opinion algérienne et la classe politique algérienne restent verrouillées sur une telle anomalie.
Ensuite, au niveau africain. Ce n’est pas la première fois que cette affaire du polisario empoisonne le sport africain. Les autorités africaines du foot incarnées par la CAF, qui elle-même est une émanation des Etats africains, seront dans l’obligation de traiter à la racine ce mal qui ronge l’organisation du sport africain et l’empêche de se déployer avec efficacité.
Pour retirer au régime algérien la possibilité de continuer à exploiter cette carte, ces scandales algériens vont faciliter les démarches et les réflexions politiques de certains pays africains pour que même au sein des instances politiques africaines la question du polisario soit définitivement réglée à travers l’expulsion de la RASD et le retrait de sa reconnaissance par certains pays africains.
Ce scandale algérien aux dimensions africaines intervient aussi dans un contexte onusien où le régime algérien refuse de se considérer comme partie prenante de ce conflit du Sahara et justifie cette position par son refus de participer aux tables-rondes proposées par les Nations Unies. Or, comment expliquer qu’on puisse être aussi impliqués dans la bataille du séparatisme au Maroc et refuser les adjonctions onusiennes de participer à une solution collective ? Le régime algérien va subir des pressions de plus en plus fortes pour respecter la volonté internationale de résoudre ce conflit sur la base de la solution de l’autonomie proposée par le Maroc.
De ce bras de fer politique et médiatique dont le club de Berkane est le héros involontaire et dont les réseaux sociaux ont été le vaste théâtre d’affrontements, le Maroc sort gagnant. Ses convictions sont inébranlables. Sa stratégie est aussi ferme que déterminée. Et cerise sur le gâteau, elle trouve un écho favorable et un soutien de la part de la communauté internationale. Cet épisode sportif, provoqué par les autorités algériennes avec certaines arrières-pensées, consacre davantage ses droits et lui ouvre de grandes perspectives pour clore définitivement cette discorde. Au jour d’aujourd’hui, les erreurs stratégiques du régime algérien participent à consolider les victoires marocaines.