Entre les parlementaires marocains et les petits-fours, il y a une vraie histoire d’amour. Une idylle que même un discours royal ne saurait perturber.
C’est ce qu’il nous a été donné de constater, vendredi, après le discours du Souverain devant les membres des deux Chambres du Parlement à l'occasion de l'ouverture de la 1ère session de la 3ème année législative de la 10ème législature.
Ainsi, pendant que les politologues et universitaires s’évertuaient à décrypter les messages forts du Roi, sur les réseaux sociaux, c’est plutôt l’attitude de nos députés qui faisait le buzz : on les voyait sortir de l’hémicycle, trimbalant des sacs remplis de petits-fours, gâteaux et autres sucreries. Fièrement.
Certains exhibaient même des sacs en plastique, communément appelés «mica», dont l’usage est pourtant interdit.
Ce sont donc ceux qui ont voté l’interdiction du «mica» qui transgressent la loi, en ayant surtout l’outrecuidance de l’introduire dans l’hémicycle. Cela veut dire deux choses :
-ils flouent le peuple en votant des lois auxquelles ils se soustraient et ne croient guère;
- ils ont prémédité leur coup en faisant pénétrer des contenants dans l’hémicycle, en attendant impatiemment la fin du discours royal.
Résumons : pendant que le Souverain prononçait son discours, les parlementaires pensaient donc aux petits-fours.
Cocasse comme situation. Ce comportement de crève-la-dalle et de pique-assiettes, pour des députés dont les indemnités sont estimées à 36.000 DH par mois, fait rire l’opinion publique, mais est surtout choquant avec le recul.
Indéniablement, cela creuse davantage le fossé entre les citoyens et des représentants du peuple adeptes de l’école buissonnière, dont l’absentéisme est souvent pointé du doigt.
Surtout, de tels comportements décrédibilisent, d’une manière générale, les élus, dont la parole politique est déjà inaudible au sein de la collectivité.
Le Roi ne croyait pas si bien dire quand, dans son discours, il affirmait que «le Maroc a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de vrais patriotes».
Les parlementaires ont été prompts à réagir à cette assertion, car, comme disait l’autre, «on ne peut être patriote en ayant l’estomac vide».■
D. W.