Pour ceux qui n’ont pas réfléchi avec recul, et sans pathos, à la question du pourquoi l’Occident livre aujourd’hui une guerre totale aux musulmans, voici quelques pistes de réflexion à approfondir.
Quand les femmes voilées étaient de simples femmes de ménage chez les Européens, le voile, (avec lequel je suis loin d’être d’accord, et pour d’autres raisons dont ce n’est pas ici le propos) ne posait aucun problème aux différents gouvernements de l’Europe. Aucun. Pas plus que les hommes portant moustache et barbe. Ouvriers, manœuvriers, gardiens, coursiers et travailleurs agricoles, tu peux faire des tresses avec ta barbe, on se fichera de ta gueule et on t’appellera «Mohamed Pigeot» ou pigeon, c’est selon. Tant que tu es en bas des échelles sociales occidentales, tes affaires de culte, on s’en contrebalance. Tu n’as aucune incidence sur le cours des affaires à l’européenne ou à l’américaine, parce qu’à plus d’un égard, c’est le même principe de classification des catégories humaines qui prévaut dans les deux régions du monde.
Mais, quand la fille voilée obtient de hauts diplômes, quand elle est docteure, quand elle est astrophysicienne, quand elle est députée, quand elle est économiste, quand elle devient professeure, patronne, directrice de multinationale, là le voile pose un grand problème. Là, cette musulmane dérange. Elle agace. Elle est même dangereuse pour le système mis en place. Là, elle prend une place de choix. Là, le monde entier voit qu’elle est capable de diriger les plus grandes firmes, d’être même cheffe d’État. Là, le racisme se lâche. Là, la religion devient un argument de stigmatisation. Là, on te demande de te justifier. Là, on te fait savoir que tu aurais dû rester femme de ménage, comme ça personne ne viendra t’importuner ni de s’occuper de ta misérable existence. Mais quand tu deviens un terrible concurrent pour tous les Occidentaux à qui tu montres leurs limites et leur indigence humaine, là on te cloue au pilori. On te rapatrie. On te ferme les frontières après t’avoir éjecté des écoles et du système éducatif des pays riches et qui veulent garder leurs richesses au sein de leur club, composé d’Occidentaux, catholiques de préférence. Au sein de ce type de fraternité, le musulman fait tache. Il n’est pas le bienvenu. Pas plus que le Juif, d’ailleurs. Sauf que ce dernier détient les moyens de production, les ficelles de la finance et les médias qui vont avec.
Et quand les hommes barbus occupent de hautes fonctions, quand ils sont médecins, scientifiques de belle facture, enseignants respectés dans les plus grandes universités du monde, ingénieurs dans les plus grandes firmes mondiales, politiciens ambitieux, ils sont tous soupçonnés d’accointances avec tous les radicalismes et de potentiels terroristes. Comment les Occidentaux arrivent-ils à créer cette équation à zéro degré de toute pièce ? Un mystère dont ils sont les seuls à avoir le code. Quand tu n’es plus le pauvre Ibrahim, le jardinier, tu deviens dangereux. Tu montres ton potentiel, alors on s’applique à te couper les ailes. Ou alors, tu renies tes origines, tu coules dans le moule, tu tires à boulets rouges sur ton pays, ta religion, ta nation, ton identité, et là, tu es accepté. Beaucoup de musulmans ont vendu leurs âmes au diable. Beaucoup ont troqué leur arabité pour avoir l’assentiment des Occidentaux, quitte à inventer les pires horreurs sur leurs pays d’origine. Et l’argent y est pour beaucoup. Triste et petit de la part d’une catégorie de personnes qui ont fait le solde de leurs origines pour servir le mensonge à l’occidentale. On les connaît. Ils sont démasqués depuis longtemps et ils ne font plus illusion.
Par contre, ceux qui refusent, ceux qui ne jouent pas le jeu, ceux qui ne veulent pas accuser leurs pays de tous les maux pour faire plaisir aux chancelleries occidentales, ceux-ci sont ostracisés. Ils passent à la trappe.
Ceci pour les choses basiques de la vie en Occident depuis plusieurs décennies, avec une montée en flèche du racisme et du rejet systématique de tout ce qui montre que les Arabes comme les musulmans sont aussi capables d’être des génies, de grands créateurs, de grandes valeurs universelles. Mais cette guerre livrée aux Arabes, par Islam interposé, prend d’autres atours quand il s’agit des nouveaux dirigeants dans certains pays arabes qui s’illustrent aujourd’hui et guident leurs nations vers plus de stabilité, de démocratie (à leur manière, pas celle dictée par l’Occident), plus de progrès, comme c’est le cas du Maroc, avec le Roi Mohammed VI ou les pays du Golfe, avec de nouveaux Émirs et Souverains. Cette jeunesse décomplexée, qui réalise des miracles, déstabilise les Occidentaux qui ne voient pas d’un bon œil ces nouveaux chefs d’État, qui construisent des économies solides et œuvrent pour servir des sociétés plus équilibrées et plus stables, avec des valeurs pérennes. D’où les nombreuses et interminables campagnes de désinformation, de dénigrement et autres provocations qui n’ont plus aucun effet sur des régimes affranchis de la tutelle occidentale, des nations qui ont montré qu’elles peuvent être mieux gérées et portées que dans cette vieille Europe à la traîne, une Europe sénile et en fin de cycle. C’est aussi le cas dans de nombreux pays africains, avec de nouveaux dirigeants qui refusent de se faire dicter leurs politiques par les palais présidentiels européens. C’est la même réponse de la part de l’Occident face à cet affranchissement tous azimuts. On fomente des troubles, on essaie par tous les moyens de déstabiliser les pays, on crée la zizanie à grand renfort d’argent parce qu’on en prend peur de cette nouvelle Afrique, qui devient l’avenir de la planète. Comme cette Arabie, qui prend de plus en plus de place, sur l’échiquier de la finance mondiale.
Ce sont ces réalités qui font peur aux Occidentaux. Ce sont ces nouveaux musulmans, ces nouveaux Arabes, ces nouveaux Africains qui font paniquer l’Occident. Un Occident qui a fait son temps, qui a vieilli, qui n’a pas su se recycler.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste