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Parlement européen – Algérie – Sahara marocain : Boualem Sansal, le bouc émissaire

Parlement européen – Algérie – Sahara marocain : Boualem Sansal, le bouc émissaire

Dans l’écosystème autoritaire algérien, être écrivain, c’est devenir un danger public. Boualem Sansal, 75 ans, en fait les frais depuis sa brutale arrestation le 16 novembre 2024. Les chefs d'accusation portés contre lui incluent à la fois l’atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale.

Dans le jargon répressif du pouvoir algérien, cela signifie qu’il a eu le tort de critiquer un système qui cultive l’immobilisme tout en réprimant les esprits libres. Mais que nous raconte cette histoire, si ce n’est la peur viscérale qu’inspire une plume à un régime autoritaire qui s’accroche désespérément au pouvoir et prospère en usant de privilèges indus ?

A Bruxelles, le Parlement européen n’a pas tardé à réagir. «L’arrestation et la détention de Boualem Sansal sont condamnées. Nous exigeons sa libération immédiate et inconditionnelle», lit-on dans la résolution adoptée à une écrasante majorité de 533 voix pour et 24 contre, le jeudi 23 janvier courant. 

Ce texte, qui souligne les conditions sordides de l’arrestation de Sansal, dénonce également les atteintes systématiques aux droits fondamentaux en Algérie. On pourrait presque entendre les soupirs agacés des dignitaires algériens, peu habitués à ce que l’on mette en lumière leurs méthodes dignes d’une république bananière.

Paranoïa institutionnalisée 

Depuis plusieurs années, l’Algérie dégringole dans les classements de la liberté de la presse, atteignant la 139ème place en 2024. Selon les chiffres relayés par des organisations de défense des droits de l’Homme, au moins 215 prisonniers d’opinion peuplent les geôles algériennes. La censure s’étend à tout ce qui pourrait ressembler à une voix dissidente. Qu’il s’agisse de journalistes comme Abdelwakil Blamm ou d’écrivains tels que Mohamed Tadjadit, le procédé reste le même : des accusations grotesques d’atteinte à la sûreté nationale, des procès expéditifs et un réseau carcéral inhumain.

Comme le souligne la résolution européenne, «M. Sansal a été interrogé en l’absence de son avocat, ce qui constitue une violation de son droit à un procès équitable». Plus tragique encore, l’écrivain a été hospitalisé à plusieurs reprises, signe que ses conditions de détention compromettent sérieusement sa santé. 

Le cas Sansal illustre ce climat de paranoïa institutionnalisée

Ainsi, face à l’arbitraire, les eurodéputés, qui rappellent qu’entre 2021 et 2024 l’Union européenne a versé 213 millions d’euros à l’Algérie dans le cadre du programme indicatif pluriannuel, suggèrent que «les futurs versements de fonds de l’Union devraient tenir compte des progrès accomplis». Une manière diplomatique de dire qu’à défaut d’évoluer sur la question des droits de l’Homme, l’Algérie pourrait bien se voir couper les vivres.

En tout cas, ce dossier est venu ajouter de l’huile sur le feu d’une relation franco-algérienne déjà chaotique. Surtout que le président Emmanuel Macron est monté au créneau, qualifiant l’emprisonnement de Sansal de «totalement arbitraire». Une intervention que le pouvoir algérien, dans un excès de susceptibilité bien rodé, a qualifiée d’«immixtion inacceptable». 

Cet échange tendu traduit la profonde dégradation des relations bilatérales, qui s’est accélérée l’été dernier quand Paris a déclenché une tempête diplomatique en soutenant ouvertement le plan d’autonomie pour le Sahara marocain, une ligne rouge pour Alger.

D’ailleurs, pour plusieurs observateurs, l’incarcération de Boualem Sansal est liée à ses propos sur l’intégrité territoriale du Maroc, lui qui avait publiquement salué le pragmatisme marocain dans ce dossier. En effet, d'après Le Monde, le régime algérien reproche particulièrement à Sansal, dans son entretien accordé au site français Frontières, d’avoir notamment adopté la position marocaine affirmant que le territoire du Royaume aurait été amputé au profit de l'Algérie durant la colonisation française.

En cela, ce qui irrite justement Alger, ce sont les succès diplomatiques engrangés par Rabat dans la gestion de la question du Sahara marocain, et qui se traduisent par l’adhésion à la cause nationale de plus en plus de pays. Des succès qui hantent le régime algérien et semble l’avoir plongé dans une frénésie d’absurdités diplomatiques, au point de se décrédibiliser sur la scène internationale. Des succès qui se multiplient, légitimés par une vérité historique : la marocanité du Sahara.

 

 

F. Ouriaghli

 

 

 

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