Disons-le : le pouvoir algérien a une passion débordante pour le Maroc. Mais, au fil des années, cette passion s’est muée en obsession négative qui a outrageusement perverti son jugement. Cette obsession négative s’est vite transformée en une haine viscérale, avec comme conséquence une sévère aliénation intellectuelle. Laquelle, insidieusement, a glissé vers la schizophrénie, qui «se caractérise par des distorsions de la pensée, des perceptions, des émotions, du sentiment de soi et du comportement». Et cela s’est disséminé, telle une pandémie, dans les plus hautes sphères de l’Etat. Au point que le pouvoir en place voit la main invisible du Royaume dans tout ce qui arrive de mauvais dans ce pays.
Ce manque de discernement le pousse évidemment à prendre des décisions irrationnelles, aux soubassements infondés. Ce qui l’a d’ailleurs conduit à arrêter, de façon brutale et unilatérale, l’approvisionnement de l’Europe en gaz via le gazoduc Maghreb-Europe.
Si cette décision a été accueillie avec beaucoup de dédain par les autorités marocaines, qui se sont prononcées à travers un bref communiqué de l’ONHYM et de l’ONEE, elle suscite néanmoins un tollé en Europe. Où, visiblement, la pilule est difficile à avaler. Cela, pour deux principales raisons :
Et, plus que la hausse des prix de l’énergie, c’est cette manipulation du gaz à des fins politiques qui inquiète l’Europe. Quand un partenaire est aussi instable et versatile, et qu’il voit des ennemis partout, peut-on vraiment lui faire confiance ? Peut-on faire du business avec un pouvoir qui arbore les deux faces de Janus ? A l’évidence non.
C’est pourquoi plusieurs députés européens sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme «un chantage inacceptable», une vile manipulation politique qui «met en péril les intérêts stratégiques de l’Europe».
Alors, l’expédition punitive de l’Algérie contre le Maroc est-elle en train de se retourner contre elle ? Oui, visiblement. D’ailleurs, de plus en plus de voix s’élèvent pour que l’Union européenne consolide son partenariat avec le Maroc, considérant que l’Algérie est un «facteur d'instabilité pour le Maghreb et la Méditerranée».
Tiens donc ! Ils viennent de s’en rendre compte. Mais, avec le recul, l’Europe ne doit s’en vouloir qu’à elle-même. A force de tergiverser sur le dossier du Sahara marocain et d’adopter une position ambiguë pour ménager son fameux «partenaire algérien», elle paie le tribut de son manque de courage politique. Car, finalement, il ne faut pas être un clerc pour comprendre que la décision algérienne est juste une réaction épidermique et irresponsable à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de sa dernière résolution qui vient consolider les acquis du Royaume concernant la question du Sahara marocain. Aujourd’hui, l’Algérie a montré à l’Europe l’autre face de Janus. A cette dernière maintenant d’en tirer les leçons pour envisager un autre schéma de coopération avec les dirigeants algériens.
F. Ouriaghli