Par Abdelhak Najib, écrivain-journaliste
Il est écrit que dans le triptyque Maroc-France-Algérie, lorsque deux parties arrivent à une entente, la troisième fulmine, menace et décide la rupture. C’est exactement le cas aujourd’hui, suite à la lettre adressée à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, publiée le 30 juillet 2024, dans laquelle le président français Emmanuel Macron affirme que le plan marocain "constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies".
Dans l’immédiat, la réaction algérienne a été extrême. Alger a décidé ce même 30 juillet 2024, le "retrait immédiat" de son ambassadeur à Paris, après qu'Emmanuel Macron a appuyé le plan de Sa Majesté Mohammed VI de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Réaction somme toute très attendue, connaissant l’extrémisme politique des dirigeants algériens qui sont partisans de la rupture de tout dialogue sans jamais entendre la voix de la raison et du pragmatisme politique, dans un conflit qui a trop duré et qui déséquilibre toute la région du Maghreb.
Pour le président Abdelmadjid Tebboune, la colère est fulgurante : “La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d'un chargé d'affaires", comme l’a précisé le ministère des Affaires étrangères algérien sur directives de la présidence, qui accuse Paris d’avoir franchi un “pas qu'aucun autre gouvernement français n'avait franchi avant lui". Cela signifie que la rupture est consommée entre la France et l’Algérie, qui s’apprête déjà à brandir la menace des hydrocarbures pour faire plier Paris. Une carte plusieurs fois usitée et qui ne sert plus à rien étant donné que les intérêts économiques et énergétiques de la France sont déjà ailleurs. Un dossier sur lequel Rabat avance solidement avec d’autres partenaires africains, justement pour contourner Alger et redistribuer les cartes géostratégiques de toute la région.
C’est dans ce sens qu’il faut aussi comprendre la décision de Paris de trancher dans sa position sur le Sahara. En reconnaissant le plan d'autonomie marocain comme "seule base de règlement" du conflit du Sahara, la France rejoint les autres grandes nations qui se sont alignées sur la position marocaine, contrairement aux déclarations algériennes qui affirment que cette décision française "bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations unies" pour "parachever la décolonisation du Sahara occidental".
Un contresens absolu et une fausse vérité brandie par une Algérie de plus en plus isolée, non seulement en Afrique et dans le monde arabe, mais aussi en Europe où les intérêts ont désormais d’autres paradigmes.