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Tir groupé sur le Maroc

Tir groupé sur le Maroc

De Berlin à Madrid, en passant par Paris et Bruxelles, le Maroc essuie depuis quelque temps un véritable tir groupé. La dernière salve est venue du Tribunal de l’Union européenne, qui a annulé les accords de pêche et agricole signés entre le Maroc et l’UE. 

Le Royaume dérange-t-il à ce point ? A l’évidence oui. En engrangeant les succès diplomatiques depuis plusieurs mois, particulièrement sur le dossier du Sahara marocain, il s’est involontairement mis en orbite. En devenant un acteur régional incontournable, étendant avec intelligence et pragmatisme son influence sur le continent africain, il empiète visiblement sur les plates-bandes de certaines puissances économiques, qui ont fait de l’Afrique leur chasse-gardée et ont cru faussement qu’elles pouvaient y préserver leurs acquis coloniaux.

En devenant l’interlocuteur privilégié du Moyen-Orient et de plusieurs pays du continent africain et de l’Occident, il joue une partition autrement plus importante dans le concert de la géopolitique mondiale. En modernisant son économie et en s’inscrivant résolument dans une dynamique de développement, il gêne visiblement ceux qui veulent le voir confiné à une forme d’archaïsme et de dépendance, pour ne pas dire à une certaine indigence… 

Mais le Royaume n’en est pas là. Il trace son chemin vers la modernité. 

Savez-vous ce qu’ont en commun Berlin, Madrid, Paris… et l’Union européenne ? Elles fanfaronnent partout leur «amitié» avec le Maroc, louant avec force de conviction leur partenariat privilégié avec le Royaume. En réalité, cette «amitié» supposée est à géométrie variable, ajustée en fonction de leurs intérêts politiques et économiques.

Quand Paris évoque la question migratoire comme argutie pour légitimer la réduction des quotas de visas octroyés au Royaume, les autres jonglent avec le dossier du Sahara marocain pour entretenir une posture ambiguë et douteuse. Or, la souveraineté du Maroc sur son Sahara ne saurait être à la merci de l’arithmétique politicienne et économique de quelque puissance étrangère que ce soit.

Cette souveraineté est indiscutable et ne peut faire l’objet d’un quelconque compromis. 
Pour autant, tout ce tohu-bohu autour du Maroc a le mérite de renseigner sur une chose : le Royaume connaît désormais ses vrais amis et a clairement identifié ses… compagnons de circonstance, qui se présentent à lui parés d’une tenue de camouflage. L’amitié, c’est la fidélité. En tout. Et non de façon partielle et partiale. En cela, Tahar Benjelloun a vu juste en affirmant que «la politique dénature et ruine l’amitié».

A l’avenir, la diplomatie marocaine devra donc intégrer le fait qu’en politique, il n’y a que des amitiés cosmétiques, sous-tendues par des rapports d’intérêt. Sinon, le Maroc continuera à être le dindon de la farce, voire à se faire cocufier. 
 

F. Ouriaghli

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