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Sciences : L’homme et le chimpanzé partagent 99,4% de leur ADN

Sciences : L’homme et le chimpanzé partagent 99,4% de leur ADN

Les études les plus récentes sont formelles : génétiquement, il n’y a pas le moindre doute, le chimpanzé est à quelque chose près l'égal de homme.


Suite à une récente étude réalisée début 2023 aux États-Unis, les analyses les plus pointues du génome de l’animal démontrent que l'homme et le chimpanzé possèdent en commun 99,4% de leur ADN fonctionnel.

C’est ce qui ressort des conclusions d’une équipe de chercheurs américains de l'université de Cornell, qui se sont penchés sur la question durant plusieurs années de recherches et d’analyses très poussées.

L’étude va encore plus loin et révèle des similitudes troublantes, comme par exemple certains gènes spécialisés dans le traitement des informations olfactives qui sont même pratiquement identiques dans les deux espèces.

«Les séquences de ces gènes spécialisés sont tellement proches que nous avons même pensé que ces recherches ne présentaient aucun intérêt», souligne  Andrew Clark, professeur de biologie moléculaire à l'université Cornell, à qui l’on doit la direction de ces recherches.

Cette nouvelle étude vient confirmer de façon limpide les donnes déjà existantes montrant que les deux espèces, l’homme et le singe, partageaient plus de 98% de toute l'information génétique contenue dans leurs chromosomes.

Le point nodal apporté par cette nouvelle étude concerne ce que les scientifiques nomment l'information «utile», c'est-à-dire «effectivement contenue dans les gènes et codant le programme de production des protéines fabriquées par les cellules et utilisées pour construire et faire fonctionner un organisme».

Un point crucial qui apporte de nouveaux éclairages sur nos origines et nos parentés avec les autres primates. Mieux encore, le chimpanzé devient du coup le plus proche parent des hominidés et remet en cause toutes les classifications des espèces jusque-là en vigueur.

D’ailleurs, ces conclusions ont poussé un chercheur américain à proposer une nouvelle classification comprenant un genre «Homo» (humains et chimpanzés) lui-même inclus dans le groupe des hominides comprenant les autres grands singes (orangs-outans, gorilles et gibbons).

C’est dire que les scientifiques sont sérieux et le changement de paradigme bien établi. Cela permet également de faire avancer la médecine à plus d’un égard, puisque ces nouvelles données vont «faciliter la compréhension de l'action de certains gènes, et notamment de ceux responsables des fonctions cognitives supérieures comme la conscience ou le langage. Ils pourraient aussi accélérer l'étude de certaines maladies graves. Malgré leur proximité génétique, le singe et l'homme ne réagissent pas de la même façon face à des pathologies comme la maladie d'Alzheimer, le sida ou le paludisme », précisent les chercheurs.

C’est dans ce sens que l’équipe de l'université de Cornell a lancé ce programme de comparaison génétique en déchiffrant la succession des acides nucléiques de 18 millions de séquences d'ADN simiesque.

Elle s'est basée sur des travaux antérieurs réalisés par la firme Celera Genomics, autrefois dirigée par le biologiste Craig Venter. «Nous avons découvert des centaines de différences mineures entre les deux génomes qui expliquent sûrement l'évolution différenciée des deux espèces», affirme Andrew Clark.

Les chercheurs de Cornell vont plus loin et se penchent sur les détails les plus infimes pour étayer leurs analyses. Dans ce sens, ils ont mis en évidence une protéine particulière présente dans l'oreille interne (alpha tectorine), dont le défaut entraîne la surdité congénitale chez l'homme.

Selon les spécialistes américains, «cette mutation pourrait également être responsable des troubles de compréhension du langage. Chez le chimpanzé, les gènes codant cette protéine sont très différents de ceux présents chez l'homme. Ces variations justifieraient la faible capacité des chimpanzés à comprendre le langage».

En attendant des analyses encore plus poussées, dans quelques semaines, la totalité des séquences des génomes des deux primates devrait être mise en ligne à la disposition de la communauté scientifique sur le serveur du National Human Genome Research Institute (NHGRI) de Bethesda, dans le Maryland.

 

Abdelhak Najib, écrivain-journaliste

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