Le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, invité de l’AG de l’Association professionnelle des sociétés de financement, organisée ce mercredi 1er juin 2016, s'est laissé à quelques confidences.
Ainsi, tout en se félicitant des conclusions «élogieuses» de la mission d’évaluation du système financier marocain (FSAP) par les experts de la Banque mondiale et du FMI, Jouahri se dit préoccupé par les risques à caractère systémique émanant des banques marocaines implantées en Afrique subsaharienne. «Nous allons conduire une simulation de crise systémique transfrontalière, en coordination avec les Banques centrales des pays d’accueil», annonce-t-il.
"Le taux d’activité est faible. Le crédit ne démarre pas depuis 2013. Le taux de chômage atteint 40% chez les jeunes. Nous venons de réviser le taux de croissance attendu pour 2016 à 1,2%…". La conjoncture économique interpelle Jouahri qui compte soumettre un mémorandum au Chef de gouvernement dans les jours qui viennent, pour la relance de la croissance économique.
Jouahri n'a pas manqué de jeter des fleurs aux banques en évoquant les deux dernières baisses du taux directeur. «Nous sommes contents d’avoir constaté une baisse régulière des taux débiteurs, dont le taux moyen est situé à 5,49%», note-t-il, rappelant qu’en Europe, le crédit n’arrive pas à démarrer malgré les milliards d’euros injectés dans l’économie par la BCE.
La migration vers le change flexible et le ciblage de l’inflation se fera au Maroc par phasage et non pas d’un seul coup, comme cela fut le cas dans d’autres expériences liées à des crises de change (Egypte, Amérique latine, etc). «Il faut surtout préparer les opérateurs économiques qui devront suivre de près l’évolution des bandes de fluctuation des cours de change. Pour atteindre l’objectif d’inflation ciblé, la Banque centrale sera amenée à modifier plus souvent son taux directeur», prévient le wali de BAM.
Face à ce qu’il appelle un «brouhaha politique», laissant croire que BAM aurait cédé à la pression des banques classiques en tardant à sortir les agréments des banques participatives, Jouahri répond : «Comment serais-je sous la pression des banques conventionnelles quand celles-ci seraient, elles-mêmes, demanderesses d’agrément de banque participative ?». C’est une histoire de crédibilité de la Banque centrale, dit-il. D’où l’intérêt de tout ficeler avant de démarrer la machine (formation des membres de la Charia Board, réglementation des produits, refinancement, fiscalité, etc). «Il faut laisser ce domaine à l’abri des surenchères politiques. La finance islamique est un business qui paie et c’est la raison pour laquelle on demande l’agrément de la Banque centrale», conclut Jouahri